Lundi de la 3ième semaine du CARÊME (litac03l.11)
Luc 4, 24-30 : veuve en Israël
Ce passage, qui suit celui de Jésus venant de déclarer dans le temple qu'aujourd'hui s'accomplit les Écritures, impressionne par la réponse de Dieu à ceux et celles qui lui donne hospitalité. À ceux et celles qui le reconnaissent comme l'Envoyé du Père. Nous qui, comme l'exprime l'antienne d'ouverture de ce matin, nous nous épuisons à désirer ta présence, Seigneur, nous qui venons de clamer que mon âme a soit du Dieu vivant, quand le verrai-je face à face?, avons peine à saisir que l'Envoyé du Père est non seulement proche de nous, mais qu’il est visible à chacune d'entre nous.
C'est par l'hospitalité à des inconnus qu'Abraham (Gn 18, 1) voit sa vie s'ouvrir sur une descendance millénaire. C'est par l'hospitalité donné à Dieu au Sinaï que Moïse après avoir reçu le texte de la loi, s'entend dire: Fais-moi un sanctuaire où je puisse résider parmi eux (Ex 28, 8).Des siècles plus tard, l'évangéliste Jean écrit : le Verbe s'est fait chair et il a demeuré parmi nous (Jn 1, 14).Et que dire de l'hospitalité de cette femme qui par son OUI a introduit dans notre monde, le JE SUIS de Dieu!
Dans l'évangile de ce jour, par l'exemple de cette veuve qui s'empresse d'accueillir la demande du prophète, Jésus lui assure sa survie en temps de grande sécheresse. Accueillir Jésus ne reste pas sans récompense. Pour un simple verre d'eau fraiche, Jésus promet la vie éternelle (Mt 10, 40). À qui offre un peu de farine ou une mesure de farine, il promet l'abondance. Il ne craint pas d'afficher que celui qui reçoit l'un de ces petits, c'est moi qu'il reçoit (Lc 10, 48). J'étais un étranger et vous m'avez accueilli. Et encore: Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait (Mt 25, 35.40).
Jésus, lui l'étranger, le mal connu, ne cesse de s'inviter aux tables de Zachée, de Matthieu, de Simon. Chaque fois, cet accueil les transforme en créature nouvelle. Pour nous démontrer comment l'hospitalité qu'elle que soit sa nature nous transforme, Luc nous raconte l'aventure de deux disciples retournant chez eux en se racontant les événements qui avaient bouleversé leur vie. L'accueil de l'étranger, l'invitation, le soir tombant, à l'héberger chez eux alors qu'ils n'avaient pas reconnu Celui qui leur expliquait les Écritures, leur ouvrirent les yeux. Et quand bientôt, Jésus nous invitera, ce jeudi saint, à sa table, c'est pour nous ouvrir son Royaume, sa Table, à nous qui lui avons fait de la place dans nos vies.
L'épitre aux Hébreux, une sorte d'homélie pascale adressée au peuple naissant, leur lance cette exhortation: n'oubliez pas l'hospitalité. Elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des anges (He 13, 2).
Saintetés, si Dieu a un faible, c'est bien envers ceux et celles qui lui font hospitalité. Si nous avons de l'espace pour lui en nous, si nous avons du temps à lui consacrer par l'oraison, il nous montrera à nous aussi sa gloire, comme il l'a fait sur la montagne du Thabor. Nous en serons tellement éblouis que nous souhaiterons y demeurer en permanence. Il nous fera voir ce que l’œil n'a pas vu, [entendre] ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment (1 Co 2, 9).
Si l'autre est épiphanie de Dieu, si l'hôte, notre voisin que nous accueillons confirme l'empressement de Dieu à se montrer à nous en se cachant ainsi, empressons-nous, comme Jésus l'a exprimé dans l'évangile d'hier: va, toi aussi fais de même. Autrement dit, n'attendons que l’autre vienne à nous, mais courons à sa rencontre avec l’empressement de la charité (RB c.53).
Comme l'exprime un auteur contemporain, qui ferme sa porte à autrui se prive de biens plus grands, car il laisse toujours dehors plus de choses que celles qu'il garde à l'intérieur. Du temps eucharistique pour redire, et c'est ça donner l'hospitalité à Dieu que nous suggère cette montée pascale : oui, j'ai de l'espace, j'ai du temps pour toi, viens. AMEN.
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