Année B: Mardi de la 3e semaine AVENT (litba03m.11)
Matthieu 21, 28-32 : quel Noël annoncer ?
Plus nous avançons vers Noël, plus il nous reste à nous préparer pour que nous allions toujours de l'avant (cf. Ph 3, 13), tendu vers celui qui vient. À chaque petit pas que nous faisons vers lui, il en fait le double vers nous. Nous qui sommes en chemin vers lui, n'en perdons pas la route car alors notre OUI sera plutôt un NON.
Si notre OUI à laisser naître Jésus en nous semble exigeant, regardons plutôt la beauté que cette naissance produit en nous. Elle nous rend comblée de grâce (Lc 1, 28). Cette beauté n'est pas un simple idéal, elle est déjà réalisée en nous. Elle se réalise en nous au quotidien quand nous sommes toujours plus humains, quand nous vivons d'un humanisme évangélique (Joseph Moingt). Voilà la beauté des beautés auquel nous ouvre Noël.
Notre OUI n'est pas un OUI à un code religieux. Il n'est pas un OUI à nous tenir dans le temple ; Jésus ne s'est pas cantonné dans un temple, il a passé sa vie en dehors, sur les routes de son temps. Il n'est pas un OUI à une morale ; Jésus n'est pas venu nous faire la loi. Il n'est pas un OUI à propager des idées sur Dieu, ce serait plutôt facile, mais un OUI à devenir Évangile; à devenir, comme Marie figure centrale de l'Avent, parfaitement humain, profondément humain. Augustin surprend en affirmant qu'il est plus glorieux pour Marie d'avoir été disciple [qui vit comme Jésus] que mère de Jésus (Avent 2011, À l'école des saints, p.30).
Notre OUI n'est pas un OUI à une religion. Il n'y en a aucune dans l'évangile, dit le théologien Joseph Moingt. C'est un OUI à «être avec», à l'existence inviolable de l'autre, qu'il soit gentil ou païen, grec ou juif (cf. Ep 2, 18-22), un OUI qui est engagement à la promotion de l'existence de l'autre. Jésus est venu faire de l'autre le premier signe «sacré» du commencement de son royaume, de la Bonne nouvelle. C'est ça la beauté de Noël. Jésus est venu rendre l'autre un humain désirable en vivant en parfait harmonie avec lui.
Le salut annoncé, qu'est-ce-à-dire ? Si quelqu'un te gifle sur la joute droite [...] (Lc 6, 2); il n'y a plus ni juif, ni grec, ni masculin, ni féminin (Ga 3, 28), il n'y a que des créatures nouvelles (Ga 6, 15). Avec Jésus, la déshumanisation est disparue, les temps anciens ont disparus, un monde nouveau est apparu (2 Co 5, 16). Jésus vient nous révéler non un code rituel, mais une manière de vivre. Il a ensemencé dans nos cœurs une humanité nouvelle en nous invitant à ne pas nous conformer au monde présent (Rm 12, 2).Souvent notre OUI à ce projet d'une vie nuptiale, fraternelle entre nous, se transforme en NON quand nous privilégions nos tendances à tout centrer sur nos « moi».
Voilà le salut que Noël nous annonce. C'est un salut en acte, par en-bas. L'Église, observe un sociologue, ne sait que parler en termes de salut [éternel], ça n'intéresse personne. Il faut être capables de montrer que nous vivons entre nous, pas seulement entre chrétiens ou à l'église, mais entre nous de toutes races ou cultures, une manière neuve de nous comporter. C'est ça le Noël qu'il faut sauver et qui nous préservera de mourir à petit feu. C'est ce Noël que nous voyons dans ce vaste mouvement de la guignolée par exemple. Ce geste qui fait que Noël est vivant, peu importe la religion pratiquée ou pas.
Le prophète Sophonie percevait ce jour quand il écrivait que matin après matin, le Seigneur promulgue son droit(So 3, 5) et que le peuple ne commettra plus l'iniquité, renoncera au mensonge, ne trouvera plus de tromperie (de collusion) dans sa bouche (So 3, 13).
Saintetés, Noël c'est l'humain qu'il faut sauver, la société humaine qu'il faut renouveler. Ne restez pas là à regarder le ciel (ou la crèche), c'est dans vos Galilée, dans vos chaumières, en vivant pleinement la joie au cœur de nos familles que nous ferons naître Jésus dans les cœurs. AMEN
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