Année B: Mardi de la 2ième semaine AVENT (litba02m.11)
Matthieu 18,12-14 : une (autre) histoire de collusion
Nous parlons beaucoup de collusion présentement (en tout cas au Québec). On la retrouve partout. Elle est généralisée. Récemment les scientifiques parlaient même d'un risque de collusion entre planètes.
Nous réalisons peu que ce mot tant décrié sur la scène politique parce qu'il trahit des comportements peu orthodoxes, des alliances néfastes pour d'autres, résume toute l'aventure biblique. Plus avance le temps, plus s'avance vers nous une collusion heureuse celle-là, entre le ciel et la terre, entre le créateur et sa créature. Le bienheureux John Newman écrivait qu'année après année, le temps s'écoule […], la venue du Christ se rapproche à chaque instant. Si seulement, comme il se rapproche de la terre, nous pouvions nous rapprocher du ciel !
L'Avent chrétien nous fait affirmer qu'un Dieu attendu depuis des siècles, se rapproche de la terre, de la terre que nous sommes, pour que nous puissions nous rapprocher du ciel. Collusion pour nous offrir un cœur parfait (Lc 8, 15, Ps 100, 2), un cœur bon et honnête.
À nous qui peinons à mesurer l'impact, le mystère de cette collusion -l'évangile parle d'un berger à la recherche de la brebis égarée- Dieu dépêche vers nous un messager du ciel, un visiteur du Très-Haut comme le nomme joliment le Livre du Siracide (34, 4) pour que nous apprenions à nous ouvrir au merveilleux de sa présence. Entre le créateur et sa créature, il n'y a qu'un simple voile à déchirer et alors nous verrons la gloire de Dieu.
Toute l'ancienne alliance est une série successive de collusions contre cette tendance à développer des comportements destructeurs, de violence, de domination. Mais, heureuse collusion que celle de Zacharie et l'ange envoyé pour t'annoncer cette bonne nouvelle (Lc 1, 19). Son scepticisme devant cette bonne nouvelle, lui qui pourtant connaissait cette collusion annoncée par les prophètes, lui vaudra d'entrer dans un long silence pour contempler le dessein de Dieu. Heureuse collusion que celle de Marie dont nous célébrerons jeudi la fête, qui entend un autre envoyé du Très-Haut, l'ange Gabriel, lui adresser des «paroles collusions» inexprimables, sans précédent dans l'histoire : tu as trouvé grâce auprès de Dieu, tu concevras dans ton sein un enfant, tu l'appelleras du nom de Jésus (Lc 1, 30-31). Heureuse collusion que l'annonce faîtes à Joseph (Mt 1, 18-25) de la «genèse» de Jésus en qui -collusion bouleversante mais non destructive- l'humain et le divin se rejoignent.
Matthieu nous décrit très bien cette longue histoire de collusion à travers ce berger sorti à la recherche de sa brebis perdue. Une «sortie-collusion» entre notre faveur car le berger n'a aucunement besoin de nos biens, de nous. L'importance d'une collusion se vérifie par ce qu'il en coûte. Le prix payé au prix de sa vie pour le berger est de nous arracher à nos aveuglements, nos tendances à préférer une terre, un cœur désertique, sans protection, sans berger, de nous libérer de nos tendances à l'intimidation pour mieux se faire valoir, de prendre en charge nos comportements de meurtrier pour se hausser à la première place.
Dans son esprit de vrai berger, Jésus savait que cette collusion avec nous nous rendrait vainqueur; S'il est avec nous, que ne pouvons-nous pas faire en celui qui est notre force ? (Ph 4, 13). Jésus savait que personne ne sera contre nous ; s'il est pour nous, qui donc sera contre nous ? (Rm 8, 31)
Ce temps de l'Avent soulève en nous cette question : à quoi bon savoir que le soleil se lève si nous ne nous levons pas ? À quoi bon admirer cette collusion de Dieu avec nous si nous ne saisissons pas que nous serons toujours des débiteurs de Dieu et, pourquoi pas c'est très évangélique aussi, des débiteurs envers les autres. Ne devais-tu pas toi aussi avoir pitié de ton compagnon (Mt 18, 21-35)?
Saintetés, qu'avons-nous fait de cette collusion ? Comment la vivons-nous ? Que Marie nous inspire de la vivre comme un chemin de transformation. AMEN.
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