Année C : Lundi 3ième semaine du temps ORDINAIRE (litco3l.10)
Mc 16, 15-18- conversion de saint Paul
C’est à bon droit, bien-aimés, que la conversion du Docteur des Nations est célébrée aujourd’hui, en fête joyeuse parce qu’ajoute saint Bernard bien des rameaux sont sortis de cette racine. Paul converti, a converti le monde entier. Paul bouleversé par sa rencontre avec le Ressuscité, a bouleversé le monde par la beauté d’une vie transformée.
Nous l’avons entend dans la première lecture, une lumière d’une clarté éblouissante, céleste est venue extérieurement éclairer celui qui vivait intérieurement dans les ténèbres. Une lumière est venue entourer de tout son éclat, celui qu’elle ne pouvait pénétrer parce qu’il portait dans ses mains une lettre attestant sa mission implacable contre les chrétiens. Et de cette lumière foudroyante, une voix pleine de tendresse se fit entendre : pourquoi me persécutes-tu? À la voix du Christ, Paul est terrassé. Il devait l’être précise saint Augustin, pour qu’il soit relevé… frappé pour qu’il soit guéri. Terrassé, aveuglé parce que Jésus ne peut vivre en nous sans d’abord avoir anéanti nos aveuglements humains. Le vieil homme.
Avec honnêteté, Saul répond mais qui es-tu Seigneur ? Il ne connaissait pas cette Voix qui lui était inconnue, cette Voix qu’il persécutait dans les chrétiens. Tout désorienté par cette rencontre, - qui ne l’aurait pas été ?- il demande comme pour se faire pardonner son ignorance : que veux-tu que je fasse? À l’écoute de cette Voix, Paul, le déchaîné, se fait obéissant; Paul, le persécuteur, se transforme en prédicateur de la Bonne Nouvelle. Saintetés, voilà décrit le chemin de toute conversion, de toute vie transformée par la rencontre avec le Ressuscité. À vrai dire, ce chemin est moins celui d’une conversion mais celui d’une illumination.
Devant nos yeux, un homme tellement ébloui – jusqu’au 3ième ciel dirait-il- parce qu’il a vu le Seigneur (1 Co 9, 1). Et suite à cette rencontre-là, Paul a poursuivi sa course pour tâcher de saisir le Christ, ayant été lui-même saisi par Lui (Ph 3, 8-12). Toute sa vie, il a montré sa foi dans ce scandale de la Croix (Gal 5, 11). Il en fut témoin jusque dans son corps. Ce thème de la semaine de l’unité ramasse tout la vie de Paul.
Ne regardons pas cet événement de Damas de l’extérieur. Nous risquons de passer outre sans qu’il nous affecte.Cette page est à regarder selon la riche expression de Grégoire de Nysse (lecture 7e semaine ordinaire) avec les yeux dans la tête. J’entends dit-il par là avec les yeux dans la tête qu’est le Christ. En regardant cet itinéraire de Paul, d’où il est parti et à quoi il est parvenu au bout de sa course (Ph 3,14 ; 2 Tm 4,7), nous passons vite de l’étonnement à l’admiration, de la surprise au ravissement. Comme il le dit lui-même, c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ; et sa grâce à mon égard n’a pas été vaine (1 Co 15,10). Témoin imbattable et inégalable, son être, sa fougue, ses faiblesses, son tempérament bouillant, sa fameuse écharde (2 Co 12,7), tout en lui confirme qu’il est un homme hors du commun.
À votre contemplation, l’instrument inutile est devenu un instrument de choix! Ce n’est pas seulement son zèle, son talent, son savoir-faire que nous admirons ce matin mais bien plus la puissance de la grâce de Dieu qui a fait de lui le plus accompli des saints et le plus grands des apôtres. Apprenons de Paul que nous sommes des «saintetés» quand cette puissance de Dieu agit en nous. Que nous sommes des ressuscités quand nous rencontrons le Christ.
Une eucharistie pour nous laisser comme l’exprime Paul aux Éphésiens, émerveiller par ce grand projet de Dieu de nous transformer en Lui. Que Paul intercède pour nous, en ce jour qui lui est consacré. AMEN.
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