Année B : Lundi 11e semaine ordinaire (litbo11L.09)
Mtt 05,38-42 l’audace de vivre à la manière de Dieu
Folie du vigneron. Folie de vivre en état de béatitude. Et pour conclure son discours sur la Montagne, Jésus en ajoute une autre : folie de vivre à la manière de Dieu. Ce discours sur la Montagne est un autoportrait de Jésus, autoportrait qu’il s’empresse à nous voir assumer. Un Père de l’Orient ancien disait qu’au jour de la Pentecôte a été donnée la Loi (nouvelle) ; … la grâce du Saint-Esprit. Qu’est-ce à dire ?
Au jour de la Pentecôte a été gravé dans nos cœurs, ce que Jésus a proclamé dans son discours sur la Montagne et qui serait resté lettre morte sans que l’Esprit ne vienne au secours de notre faiblesse (Rm8, 26). Ce jour là pour paraphraser Paul, nous avons cessé nos gémissements - que Matthieu appelle riposter, gifler, refuser de donner - pour appartenir à Dieu (Rm8, 14), pour revêtir le Christ, pour vivre à l’image et ressemblance de Dieu. Nous sommes portés à oublier que si Jésus s’était contenté de promulguer les béatitudes ou une manière nouvelle de vivre, sans nous assurer de son Esprit, Il se serait heurté à une fin de non recevoir.
C’est parce que nous ne contristons pas l’Esprit (Eph4, 30), que nous sommes animés par son Esprit que nous pouvons pénétrer, approfondir, connaître d’expérience tout ce que Jésus nous a dit. L’Esprit de Dieu qui habite en nous (Rm8, 9) transforme les paroles de Jésus en nouveauté. Origène disait (1er siècle) que l’Esprit fait que les deux testaments sont nouveaux par la nouveauté du sens. La loi nouvelle écrivait Thomas d’Aquin est d’abord la grâce de l’Esprit saint qui est donnée aux croyants dans le Christ (1-11a question 106).Il inscrit dans nos cœurs un comportement divin. Aimez vos ennemies, c’est un comportement divin. Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu (Rm4, 15). Ils sont en paix avec Dieu (Rm5, 1).
Ne pas riposter, de ne pas gifler, ne pas faire de procès à qui nous harcèle, sera toujours quelque chose de neuf, de séduisant ! Entendons Jésus nous poser cette question : qu’as-tu fait de la loi nouvelle inscrit dans ton cœur ? En nous invitant à partager son comportement divin, trinitaire, Dieu ajoute de la dignité à notre dignité en déposant en nous son image (Gn1, 27). Dieu ajoute de la beauté à notre beauté originelle. Si nous vivons cette page, nous devenons des images visibles du Créateur invisible alors qu’auparavant nous n’étions qu’à sa ressemblance (Saint Pierre Chrysologue). Nous devenons ton image à Toi, et Toi, tu es la nôtre (Catherine de Sienne).
C’est parce que Dieu nous estime, que nous avons du prix à ses yeux, qu’il éveille en nous, par son Esprit, ce désir inassouvi de vivre entre nous en mode trinitaire, en mode de fraternité. À bien la recevoir, cette page nous fait fraternité. Hospitalité. Jésus, né de Dieu, né de Marie est venu pour redorer notre image. C’est ce que Jésus a fait devant ses ennemis jurés : il les a respectés. Il s’est refusé de les mépriser comme des gens de rien. Pour Jésus, ses ennemis étaient – dans le tréfonds de leur être- digne d’être respecté, aimé. Moi je vous dis : aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent afin d’être vraiment fils de votre Père (Demain). Nous n’en finirons jamais d’être ravi jusqu’au 3e ciel, de réaliser que comment Dieu nous estime.
Saintetés, en entendant cette bonne Nouvelle, cette Parole de Vérité, cet Évangile qui nous sauve de nous-mêmes, comment ne pas nous faire quémandant pour être marqué du sceau de l’Esprit (Ep1, 13) ? La liturgie nous amène ce matin à approfondir cette folie de Dieu à nous vouloir comme Lui.
À votre contemplation comme l’exprime Benoît XV1 dans son encyclique sur l’amour (#1), à l’origine de cette folie- le texte dit du fait chrétien - il y a une rencontre, un événement, une Personne qui donne à la vie un nouvel horizon. Cette rencontre atteint son sommet dans c e sacrement du Corps et du Sang du Christ dont nous avons souligné hier. Deviens ce que tu reçois. Deviens ce que tu es, le corps du Christ. AMEN.
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