Année B : Mercredi des Cendres (litbc00me.09)
Matthieu 6, 1-6, 16-18 DEVENIR ORIGINE
40 jours pour retrouver nos origines. L’appel au carême conduit à retrouver notre beauté originelle. Revenez à moi de tout votre cœur (Jl 2,12). Redevenez belle.Un cri prophétique toujours actuel qui cache l’empressement de Dieu, sa passion à nous voir réconcilier avec Lui (2e lecture). En ouvrant ce carême, notre liturgie nous fait entendre que nous sommes des recherchées, désirées, attendues par Dieu lui-même!
Dans son message du carême, Benoît XV1 nous invite à entreprendre une thérapie pour soigner tout ce qui nous empêche de nous conformer à la volonté de Dieu. Dans une homélie sur les Cendres, reprise souvent dans son Cantique des Cantiques, saint Bernard clame : Que tu es belle, que tu es gracieuse pour moi, ô mon épouse. Le Christ a imprimé en moi son immense beauté et j’en jouis tous les jours (Thérèse d’Avila). Mais cette beauté-là est nôtre qu’au terme d’un long processus à devenir Évangile. À Le regarder.
En ouvrant ce temps de conversion à la beauté, je fais miens ces mots du cardinal Garrone (Seigneur dis-moi ton nom p, 255) si tu veux la beauté, prends ma beauté, elle est à toi. SI tu veux des vêtements, voici mes vêtements; de la nourriture, voici ma table; si tu veux te mettre en route, je t’ouvre le chemin; si tu veux entrer dans ma patrie, voici ma Parole pour toi. Quel texte inaugural pour devenir origine! Quel appel à retrouver notre Éden perdu! Quel appel à cesser de nous plaindre que nous sommes de mauvaises saintetés pour nous empresser à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu (2 Cor 6,1), la grâce de sa beauté! Nous sommes les ambassadrices de cette grâce.
Comment est-ce possible d’appartenir à cette beauté toujours nouvelle, à cette nouvelle création? En étant dans le Christ. Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle. L’être ancien a disparu, un être nouveau est là (2 Cor5, 17). Nous sommes des créatures nouvelles. Nous sommes des baptisés, mais notre beauté baptismale n’est pas toujours à l’œuvre dans nos vies quand nous privilégions nos vieilles outres alors que nous en avons de nouvelles à notre disposition (Mc2, 22). Voici le temps de redevenir de « belles » saintetés. De redevenir des Paroles vivantes de Dieu. De vivre à plein temps comme des Paroles de Dieu (1 Pi 4,11). Convertissez-vous et croyez à la Bonne nouvelle nous dira la liturgie en posant sur vos fronts un peu de cendres. Nous sommes des poussières de toute beauté. Donne-nous un cœur nouveau, mets en nous un esprit nouveau.
La nouveauté de l’Évangile – et c’est le sens profond du carême que nous avons, avouons-le, édulcoré — est de nous faire saisir que Dieu n’est pas pour le vrai disciple une épreuve. Le carême n’est pas un joug ni un collier étouffant pour citer un chartreux. Nous n’entrons pas dans un temps de mortification morbide, mais dans un temps pour savourer notre nuptialité : voici l’Époux qui vient, allons à sa rencontre (Mt25, 6). La nouveauté de l’Évangile est de nous éviter une perception bien honteuse de nous-mêmes, une perception de mauvaise sainteté, en écoutant sa voix nous dire : Tu es toute belle, toi que j’ai racheté par mon sang. La nouveauté de l’Évangile, sa beauté sera toujours l’expression de la bonté de Quelqu’un que nous ne pouvons percevoir qu’en Le regardant dans les yeux. Regarde-le intensément, passionnément, longuement dit Marthe Robin.
Futures belles saintetés, nous ne faisons pas carême. C’est le carême qui nous faits vivre comme des justes en évitant d’agir pour nous faire remarquer (Ev). Le carême évite à nos « moi » de mourir quinze minutes après notre mort (François de Sales). Ce temps nous offre de vivre une cure spirituelle, un pèlerinage intérieur pour nous libérer de nous-mêmes. Il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, le Christ (Jean-Paul 11 sacramentun caritatis # 80). Mais cette beauté là, ça redécouverte passe par un long travail sur soi. Elle ne vient pas d’elle-même comme un dû. Il est nécessaire de nous mettre en état d’esprit de la percevoir. C’est le sens de notre carême.
À votre contemplation : qu’aucun de nous ne se présente devant Dieu en disant : j’ai pris peur et je suis allé enfouir ta grâce, ta beauté dans la terre, la voici, je te la redonne. Devenons ce que nous sommes : créatures nouvelles, dépouillées de nos us anciens (vieil homme) en renouvelant en nous l’image de notre Créateur (Col 3, 9-10). Pour y parvenir, la liturgie nous offre trois beaux chemins : jeûner de tout ce qui n’est pas Évangile en nous. Nous retrouver en état de prière vraie, authentique et l’aumône qui est une manière concrète de rendre beau notre monde. Entrons résolument, fidèlement mais aussi simplement, tranquillement et humblement en Carême. Redevenons ce que nous sommes : de nouvelles créatures, de belles saintetés les unes pour les autres et pour notre monde. AMEN
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