Année B : Lundi 2e semaine ORDINAIRE (LITBO02L.09)
Mc2, 18-22 vieux vêtements
La crise économique bouleverse nos vies. Que ce soit les efforts pour sauver des banques de la faillite, les sommes gigantesques octroyés pour le redressement économique, tout cela semble du raccommodage sur du vieux vêtement. Quelque chose est en train de basculer. Si un autre monde est possible, il ne peut être la copie recyclée de celui qui se lézarde sous nos yeux que nous rappellent toutes ces guignolées pour venir à tant de pauvreté autour de nous.
Jésus, ce matin s’aventure sur le même terrain. Il invite ses interlocuteurs à culbuter dans un nouveau « régime » de vie. La question n’est pas de savoir s’il faut jeûner ou ne pas, faire carême ou pas, mais bien celle dirait Shakespeare, d’être ou de ne pas être du système. Avec Jésus apparaît une culture nouvelle qu’il a lui-même inaugurée avec son entrée dans les eaux du Jourdain. L'apôtre Paul a dit : dépouillez-vous du vieil homme avec ses agissements et revêtez l'homme nouveau (Col 3,9 -10). Telle a été l'oeuvre que le Christ a accomplie en nous : nous dépouiller de nos vieilles outres et comportements.
Nous vivons intensément cette page actuellement. Il nous faut prendre un autre chemin que le raccommodage. Jésus dépasse la réglementation, ce qu’il faut faire ou pas. Il faut ouvrir comme l’invitait le vieux Pape Jean XX111, nos fenêtres au vent de l’Esprit et de ne pas nous enfermer dans le monde sécurisant du religieux. Il invitait l’Église à vivre dans un monde « neuf » qu’il percevait, dans un monde de l’inter religiosité que souligne cette semaine de l’unité et d’y entrer avec sérénité. C’est dans ce contexte qu’est annoncé pour 2011 aux États-Unis un concile pour les laïcs avec comme référence de départ les textes du Concile Vatican 11.
Par sa réponse, Jésus démontre une culture nouvelle : être avec l’Époux, partager l’intimité de l’Époux.
Une réponse qui fait Pâques. Une réponse qui nous fait entendre une urgence : n’ayez pas peur de la nouveauté, ne rapiéçons pas la foi. La plénitude de la nouveauté, c’est le Christ. Jadis, c’était une loi qui nous dictait le chemin. Maintenant, c’est une Parole. Une Parole qui est événement, vin nouveau. Une Parole qui est dialogue, ouverture sur le monde.
Dès le commencement de son Évangile, Marc nous lance sur un chemin de nouveauté. Il nous présente un Jésus permettez-moi l’expression, « déconstipé ». Déjà en 5e siècle, le pape Léon le Grand disait dans une homélie sur la Nativité et je le paraphrase : Reconnais ta dignité, tu es associée à la nouveauté de Dieu. Ne retourne pas à ton ancienne bassesse par une manière de vivre dégénérée.
C’est pour cela qu’il y a cinquante ans, Jean XX111 lançait le Concile : pour nous associer à la nouveauté de l’Évangile. Nouveauté que le théologien québécois Gilles Routhier affirme qu’elle n’a pas encore porté tous ses fruits.Devant les mutations profondes que nous connaissons, apparaît aussi une tendance à nous protéger contre la nouveauté déstabilisante que propose le Concile.
Portons à Dieu ce matin, tous ces chrétiens qui vivent leur foi par d’autres chemins que le nôtre. Portons à Dieu ceux et celles qui ne se contentent pas de reprisage, mais invite l’Église à se faire accompagnatrice de ceux et celles qui retournent vers leur Emmaüs, parce que déçus dans leur foi. AMEN
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