HOMÉLIE : LE SAINT SILENCE DE MARIE
Quand un événement important nous arrive, qu’il soit heureux ou pas, nous nous empressons d’en parler, de faire connaître ce qui nous arrive. Si nous analysons nos reportages, à la fin de la journée, l’événement rapporté risque d’être fort différent de celui que nous annoncions au début de la journée. Chaque fois que nous en parlons, il y a des omissions et des ajouts.
Marie, elle, ne s’est pas empressée de parler de ce qui lui arrivait. Elle n’a prononcée que quelques mots : que tout soit fait selon ta parole. Si la parole entendue a séduit Marie c’est parce qu’elle est entrée dans la Parole, qu’elle l’a gardée, conservée, méditée dans son cœur et non pas parce que le Verbe s’est fait chair en elle. Marie débordait d’admiration, dit saint Augustin, parce qu’elle a gardé le Verbe lui-même par lequel elle a été faite et qui s’est fait chair en elle.
Son silence nous dit la profondeur de son écoute de la parole de Dieu et l’immensité de son étonnement. Marie, devant l’inouïe salutation que l’ange lui adresse et sa réponse d’acceptation, est entrée non dans un silence d’impuissance mais dans un silence de ravissement et de lumière, plus éloquent que l’éloquence même. Silence de transformation.
Dans la très lointaine antiquité, un moine syrien, Isaac le Ninive, offrait cette réflexion : Nombreux sont ceux qui cherchent sans interruption, mais seul l’être qui vit dans le silence trouve ce qu’il cherche. Il ajoutait ces mots : toute personne qui prend plaisir à proférer une multitude de mots, même s’il dit des choses admirables, n’a pas de vie intérieure.
Et notre silence durant ces jours nous est donné pour entrer dans ce silence de Jésus qui se tait devant ses accusateurs comme nous le verrons durant les jours saints. Jésus se tait pour nous offrir une parole plus pénétrante que la parole. Notre silence qui est une grâce – nous sommes trop étourdis par le bruit intérieur et extérieur – nous permet aussi de questionner à la fois la profondeur de notre vie intérieure et pour entrer comme Marie, dans la parole de Dieu, pour ne rien refuser à Dieu.
Me revient en mémoire ce qu’écrivait le poète Gibran : on parle quand on n’est plus en paix avec soi-même. Et quand on ne veut plus vivre dans les profondeurs de son cœur, on vit sur ses lèvres. Le bruit devient une diversion, un passe-temps.
Saintes femmes, aujourd’hui c’est notre annonciation. Dieu prend l’initiative alors que nous sommes à l’écart, en dehors de notre train-train quotidien, de nous surprendre en état de réceptivité de sa parole. Tout ce qui nous est demandé est d’écouter. D’écouter comme Marie, comme le jeune Samuel : Me voici; parle, Seigneur; ta servante écoute.
Puissions-nous durant cette journée toute consacrée à Marie, une parole à contempler, connaître cet état de grande paix qui naît du silence. Notre être tout entier se sentira attiré presque malgré nous dans la profondeur du regard de Dieu sur nous. Entendons Jésus nous dire : ma mère, mes frères ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mette en pratique. AMEN.
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