Année B 20e semaine ordinaire (litbo20d.09)
Jn 6, 51-58 Folie ou sagesse ?
Qui est chrétien ? La question a été posée en 1965 par un jeune théologien Balthasar. Elle avait provoquée de vives réactions. Aujourd’hui la question à nous poser n’est plus qui est chrétien mais bien qui est le chrétien ? Au 2e siècle, l’auteur de l’épître à Diognète répondait : les chrétiens ne se distinguent des autres ni par un pays, ni par une façon de parler, ni par une manière de s'habiller. Ils n'habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n'emploient pas un langage spécial, leur manière de vivre n'a rien de particulier. Cependant, ils témoignent clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire.
Oui, nous vivons comme tout le monde autour de nous. Nous sommes faits comme tout le monde. Nous expérimentons chaque jour que notre être extérieur tombe en ruine, se détériore. Comme tout le monde nous réalisons qu’avec l’âge toutes sortes de misères nous affectent. Nous éprouvons dans notre chair que la mort s’intéresse à nous (Félix Leclerc). Mais Paul s’adressant aux Éphésiens, vient de nous dire : ne soyez pas comme tout le monde irréfléchis, ne vous enivrez pas mais laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit saint. Paul ce faisant convoque l’Église naissante a témoigné clairement d’une manière de vivre qui sort de l’ordinaire.
Jean dans l’évangile affirme que nous qui mangeons ce pain, cette vraie nourriture, nous nous trouvons en face d’une manière de vivre qui transfigure, transforme notre existence : Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6,54). En mangeant ce pain, nous devenons participants de la nature divine (2 P 1,23). Saint Paul écrivait aux romains (Rm8, 10-11),que si le Christ est en nous- et c’est de cela dont il s’agit quand nous communions- reçois le corps du Christ, deviens ce que tu es - et que l’Esprit de Dieu habite en nous non seulement nous vivons déjà de sa Vie, mais ce pain redonnera la vie à nos corps mortels (Rm8, 10-11). Jean vient de nous dire que celui qui mangera vivra par moi. Dit autrement, nous sommes déjà nourris de parcelles d'éternité, éclairés d’étincelles de divinité !
Nos vies de chrétien-e-s qui se vivent comme tout le monde, marquées de rhumatismes, de bronchites sont des parcelles d’éternité. Faire eucharistie, faire mémoire de Lui nous place devant une transfiguration de notre existence. Elle nous ouvre sur une manière de vivre qui sort de l’ordinaire. Comme l’exprime un père du désert, en mangeant ce pain, se dépose en nous une espèce de vie nouvelle. Celui qui mange ce pain vivra.
Affirmer cela est sagesse ou folie ? Tel est bien la question qu’il faut nous poser et que soulèvent les lectures d’aujourd’hui. Si vous manquez de sagesse, venez à moi. Quittez votre folie, venez manger mon pain et vous vivrez. Et texte ajoute, suivez le chemin de l’intelligence (1re lecture). Ne vivez plus comme des fous mais des sages (Ep 5,15). Le pain que je donnerai c’est ma chair. Voilà clairement une manière de vivre qui sort de l’ordinaire. Voilà ce qui nous fait chrétiens. La vie éternelle est déjà commencée en nous.
Oui, ce que nous clamons, ce qui nous fait chrétiens est bien la folie d’un message qui dépasse infiniment nos sagesses humaines. Nos vues humaines. Folie qui nous invite à pardonner, jusqu’à soixante dix fois sept fois. Folie d’aller aux devants de ceux qui nous ont blessés. Folie d’un pain descendu du ciel et qui ouvre des horizons éternels à nos vies.
Quelle joie pour nos yeux de contempler cette folie du Christ à nous inviter dans son Royaume ! Quelle joie pour nos cœurs de savoir que ce pain nous fait déjà goûter une nourriture éternelle ! Quelle joie de reconnaître que dans cette existence de chaque jour, la vie éternelle est déjà commencée et que nous vivons dans l’espérance que s’accomplisse en nous le mystère de Pâques (préface des dimanches # 6). Goûtons et voyons comme le Seigneur et bon d’assurer la vie éternelle à ceux et celles qui mangent ce pain. AMEN
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