Année B : 18e dimanche ordinaire (litbo18d.09)
Jn 6: 24-35 Manges et tu vivras
Ce dont nous sommes invités à digérer ce matin – je vous exprimais dimanche dernier qu’il n’est pas suffisant nous nourrir de l’eucharistie mais qu’il faut en digérer ce pain – c’est cette déclaration audacieuse, choquante, incompréhensible que Jésus vient d’affirmer : moi, je suis le pain de la vie. Un Dieu nourriture, n’est-ce pas à nous faire mourir d’amour disait sainte Thérèse des Andes, carmélite morte à 20 ans. Nous sommes invités à digérer qu’il n’a pas suffit à Dieu de naître, de mourir pour nous mais qu’il s’est fait Pain de vie. Il s’est fait notre nourriture. Devant une telle déclaration, il faut comme l’exprimait Paul tantôt, nous laisser guider intérieurement par un esprit renouvelé.
Il nous est demandé ce matin de comprendre avec profondeur comme l’exprimait la 1re lecture qu’il ne faut pas vivre seulement pour de la nourriture qui se perd, pour le pain d’un jour qui disparaît comme disparaissait la manne à la chaleur du jour dans le désert. Il nous est demandé, à travers ce récit de saint Jean, de comprendre que nous avons un horizon sans fin. Celui qui mange de ce pain vivra.
Karl Rahner disait que pour accéder à l’intelligence de cet horizon sans fin, de cette vie éternelle assurée à ceux qui digèrent ce pain, il faut prêter l’oreille à la voix secrète de la mort qui retentit au-dedans de nous. Il faut nous placer devant le mystère de notre propre vie, ce mystère de la mort que nous esquivons dans le train-train quotidien ou bien dit-il dans les calmants de nos plaisirs. Si nous avons le courage de nous placer loyalement en face de nous-mêmes, de nous situer lucidement devant notre destinée à la fois mortelle et éternelle, Karl Rahner ajoute ces mots qui risquent de nous faire du bien : ce pain contient tout. Il contient le sens de notre existence, son côté douloureux et sa béatitude. Maintenant, j’ai tout s’exclamaitune petite arabe, sœur Marie de l’eucharistie, béatifiée il y a quelques années. Ce pain contient celui qui s’est livré pour nous, qui est entré dans la mort pour nous sortir de la mort. Ce pain est fabriqué du levain de la souffrance de l’agonie et celui de l’économie de la gloire. Il est une fenêtre ouverte sur ce monde de Jésus vivant et ressuscité. Mystère de foi ! Mystère de vie !
Devant ce pain, devant ce je suis le pain de vie, Paul nous disait tantôt : je vous l’affirme au nom de Jésus : vous ne devez plus vous conduire comme les païens. Le texte ajoute : lorsque vous êtes devenus disciples, vous avez appris que ce pain est le salut du monde. Entendons Jésus nous dire venez à moi vous tous qui portez toutes sortes d’inquiétudes, toutes sortes de faim et je vous soulagerai. Entendons Jésus nous dire :Celui qui mange ma chair et boit mon sang habite en moi, et moi en lui, parce que ma chair est une véritable nourriture et mon sang un véritable breuvage. Des paroles mystère de foi ! Mystère de vie !
Et nous sommes ici ce matin pour nous nourrir du Christ, pour manger le Christ. Pour nous nourrir de sa pensée, de sa Parole par une lecture admirative de l’Évangile. Pour nous nourrir de ce pain afin de nous éviter de mourir de faim : celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim. Nous n’en sommes pas dignes disait le Curé d’ars, mais nous en avons de besoin. Pour nous nourrir de ce pain au goût de miel et qui deviendra dans notre bouche louange et de joie. Pour nous nourrir de ce pain parce qu’il descend du ciel et donne la vie au monde, parce que Dieu s’est fait chair pour nous donner sa vie. Nous sommes ici parce que nous croyons que nous ne vivons pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu; parce que nous savons et je paraphrase le livre de la Sagesse, qu’il n’est pas suffisant de d’admirer ce beau fruit de l’eucharistie mais qu’il faut le manger (Sg 16, 26). Oui l’œuvre de Dieu, c’est de croire en Celui qu’il nous a envoyé.
Nous nourrir de ce pain, manger le corps du Christ est un acte d’adoration qui nous transforme en Lui. Nous devenons ce que nous mangeons dit saint Augustin. Un chant religieux nous dit : Deviens ce que tu contemples, deviens ce que tu es, le corps du Christ. Faisons nôtre ce qu’exprimait le psaume tantôt : Donne-nous, Seigneur, le pain du Ciel. Faisons nôtre cette demande de la foule entendue dans l’évangile : Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là, toujours… et nous vivrons avec Lui éternellement. AMEN.
Ajouter un commentaire