Année A : FÊTE DU SACRÉ-CŒUR
Mt 11 25-30 SEIGNEUR JE VOUS RECOMMANDE VOTRE COEUR
Que savons-nous de Dieu? À vrai dire bien peu de choses. C’est pour cela que Celui qui à chaque instant, donne « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28) ne nous a pas laissé dans l’ignorance. Il est venu nous montrer plus que de nous dire qui Il est. Cette fête du Sacré-cœur poursuit la révélation inouïe de cette carte d’identité de Dieu révélée à Moïse : « Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité (Ex 34,6) » « riche en miséricorde (Ep 2,4) » que la Trinité et la fête du Corps et du sang du Christ nous ont fait entrevoir.
Ce que nous connaissons de Dieu en entrant dans l’intimité de son cœur, ce que Dieu nous fait saisir quand il nous ouvre son cœur, c’est qu’il ne s’est pas épargné pour nous. Notre intimité avec Lui nous montre un Dieu qui n’a aucune emprise sur Lui-même tant il ne se possède plus. Un amour qui se possède est un amour infecté de lui-même. Ce cœur nous désire «parfait comme notre Père céleste est parfait ». Ce Dieu « aux entrailles de miséricorde », ne vit que pour nous.
« Ce qui a été caché aux sages et aux savants » est un Dieu tellement peu hautain qu’il faut s’empresser de le « descendre du ciel » parce que tout son bonheur, toute sa raison d’être, tout son être est de s’incarner en nous, d’habiter en nous, de nous ouvrir son cœur, de nous donner son cœur. Tout son bonheur est d’habiter là où nous lui permettons d’entrer.
Ce cœur qui est Père, qui est Fils, qui est Esprit n’a rien ménagé, n’a rien gardé pour Lui-même, pas même sa vie pour que nous devenions « son cœur ». Sa grandeur, sa gloire est qu’il « nous a aimés le premier » (1Jn 4, 10) d’un immense amour pour nous désin-fecter de nous-mêmes. Pour allumer en nos cœurs un incendie qui continue à nous consommer. C’est là la perle de l’Évangile. « Venez à moi», «Prenez mon joug ». Devant nos yeux, et voilà ce qui est révélé aux petits, cette complaisance de Dieu à s’empresser à porter nos jougs et notre complaisance à porter son léger fardeau. Mystère de liberté et de grâce.
Ce cœur est non seulement un chemin pour nous dire qu’Il a de la peine à nous voir peinés, écrasés sous le poids du jour mais il est aussi une porte pour que nous puissions nous reposer en Lui, près de son cœur. A Le regarder ce coeur, nous apprenons que nos existences ne peuvent être désormais qu’appel à devenir radicalement données.
Questions : Comment est-il possible qu’un Dieu nous offre son cœur en partage ? Comment est-ce possible que ce cœur qui n’est qu’amour, qu’ « immense amour » ne se sente pas profané ni bafoué en nous invitant à devenir son cœur ? Réponse : Cette fête nous fait respirer un Dieu engagé dans vos vies jusqu’à porter sur ses épaules notre poids d’être. Un Dieu à « cœur ouvert ».
Contemplatives, contemplatifs, nous n’avons maintenant rien d’autre à faire – et spécialement ici sur cette montagne de l’Horeb – que de passer notre vie à « plaire à son cœur » pour paraphraser ce que nous a laissé François dans sa règle (22,9). Une vie à plaire à son cœur nous conduit à nous aimer, à nous déposséder de nous-mêmes.
Aux 13e siècle, sainte Gertrude de Helfta dit que Jésus lui manifesta son cœur pour qu’elle le fasse connaître afin qu’il « réchauffe l’amour engourdi que porte à Dieu le monde vieillissant ». 800 ans plus tard, cet appelde « réchauffer l’amour engourdi » est toujours actuel.
À votre contemplation : Il nous revient maintenant de tellement ressentir dans nos cœurs les battements du cœur de notre Dieu qui est Père, Fils et Esprit que nous ne pourrons plus dire comme sainte Catherine de Sienne « Seigneur je vous recommande mon cœur », mais « Seigneur je vous recommande votre cœur » tant notre cœur est devenu le cœur de Dieu. Élevons nos cœurs. Rendons grâce à Dieu pour son immense amour.
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