Année A : vendredi de la 1ere semaine du CAREME (litac01v.08)
Mtt5, 20-26 plus que pardonner, aimer nos ennemis
« Pour que ce carême soit profitable, ouvre nos esprits à l’intelligence de ta loi » disais l’oraison d’ouverture lundi dernier. Ouvrir nos esprits à cette loi qui nous fait chercher Jésus dans celui qui est tout prêt de nous : « J’avais faim, j’étais nu » (lundi). Ouvrir nos esprits à cette loi « de ne pas rabâcher nos prières comme les païens », mais de vivre celle que Jésus nous a enseignée : de sanctifier son nom, de faire advenir son règne, de pardonner (mardi). Ouvrir nos esprits à cette loi de la conversion que clamait Jonas aux peuples de Ninive, en passant de l'ignorance à la vraie connaissance de Dieu, de la folie à la sagesse, de l'injustice à la surabondance de justice (mercredi). Ouvrir nos esprits à cet appel de ne pas faire vivre aux autres ce que nous ne souhaitons pas vivre (jeudi).
Nous entendons ce matin une invitation à nous donner « une conduite étrange » : « tu ne commettras de meurtre » par la langue, le jugement, par des silences, des regards méprisants : ce sont là autant de chemin pour «nous exposer au Sanhédrin ». Ce que Jésus nous demande de lui donner ce matin, - l’offrande à lui donner- ce ne sont pas nos beaux sentiments, nos pieuses pensées, mais plutôt nos vieux ressentiments, nos ruptures de relation, nos indifférences qui ont même pu remplacer la haine, nos scènes de colère qui dictent un comportement amoindri, en mauvais état. Dit autrement : Jésus nous invite à ne « plus être en froid avec quelqu’un ». C’est la haine qui alimente la haine. . « Si tu présentes ton offrande à l’autel et que tu te souviens que ton frère ou ta sœur a quelque chose contre toi ».
Contemplatives, contemplatifs : Jésus ne nous dit pas que « tout le monde est beau », que « tout le monde est gentil ». Il ne nous laisse pas entendre que nous pouvons vivre toute une vie sans colère, sans ressentiment envers ceux et celles qui nous sont le plus proche, qui nous tombent sur les nerfs chaque fois qu’il ou elle parle. Pour Jésus, un conflit reste un conflit, un « adversaire », un adversaire.
Mais ce que nous dit Jésus, ce qu’il nous demande – et en cela est toute la nouveauté - c’est d’agir comme lui en ne prenant pas en considération si l’autre est sage, courtois, bon envers moi ou aimable. Il nous demande de voir en lui, au-delà de comportements inadéquats, sa beauté et bonté première. Un tel regard nous aidera à ne pas les juger, de ne pas penser en mal d’eux, de ne pas les éviter, mais de nous empresser « vite » dit l’évangile d’aller vers eux. Pas facile, quand nous sommes habités par le ressentiment, la colère, la révolte. Mais ce regard sur leur beauté première, indélébile, -c’est ça la nouveauté – c’est à nous qu’il fera du bien. Il nous pacifiera même si la route est encore longue.
Cette page à la signature de Jésus. « Plus on haïssait Jésus fait remarquer Jean Chrysostome, « plus il avait d’égards pour eux, plus il leur prodiguait Ses soins. Plus on le disait « fou », plus il allait vers ceux qui devaient le crucifier, dans le seul but de les sauver. » Même maltraité injustement, même quand notre réputation est malmenée, il faut aller vers eux. C’est ainsi que nous imitons Jésus, devenons évangile de Dieu, lui qui n’a pas épargné son Fils pour que ses bourreaux soient sauvés. Rappelons-nous, à ses bourreaux, Jésus leur disait : « vous êtes mes amis ». Ces sentiments qui furent ceux du Christ, appartiennent désormais à ceux et celles qui le Suivent. C’est le chemin de la loi nouvelle.
À votre contemplation : Le Starets Silouane par toute sa vie, a démontré qu’il faut aller plus loin que la réconciliation. Plus loin que le pardon. « Lorsque j’étais dans le monde, confesse-t-il, j’aimais de bon cœur pardonner, je priais volontiers pour ceux qui m’avaient offensé; mais quand je vins au monastère, je reçus une grâce et elle m’apprit à aimer mes ennemis » « Que nos cœurs, dira l’oraison finale tantôt, s’arrachent à leur vieillissement pour nous faire communier au mystère de cette loi nouvelle. AMEN
Accueil : Ne pas prendre en considération si notre prochain est sage, courtois, bon envers nous mais d’abord voir en lui sa beauté et bonté première. C’est la conversion de notre carême auquel nous invite la liturgie d’aujourd’hui
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