Année A : Mardi 8e semaine ORDINAIRE (Litao08m.08)
Mc 10, 28-31 tout quitter pour le suivre
« Personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, sans qu’il reçoive au centuple ». Il faut se laisser émerveiller par la richesse de cette parole. Elle nous aspire vers ce Jésus tellement dépossédé de tout « qu’il n’a pas de moi » (Zundel). Tellement dépossédé qu’il est devenu sacrement, hostie, offrande. Le message est très clair : pour être « capable de Dieu »- ce sont les premiers mots du catéchisme,- pour être « digne de Lui », il faut ne s’attacher à rien ni à personne. Cet appel ne s’adresse pas seulement aux apôtres.
Ce qui nous est demandé, c’est faire profession de ne vouloir d’autre paradis en ce monde que de marcher dans la voie royale qu’a prise Jésus qui, le premier, a tout quitté. Ce qui nous est demandé, c’est de mettre toute notre gloire, tout notre contentement à devenir don de nous-mêmes. « Il est impossible » dit une grande mystique Madeleine Delbrel, « de mettre sur une même balance Dieu d'un coté et tous les biens du monde de l'autre.» Ce qui nous est demandé, c’est «n’avoir rien pour le Tout» (Jean de la Croix), de « consentir à n’être rien » (Marie de la Trinité).Ce qui nous est demandé, est « impossible aux humains, mais pas pour Dieu, car tout est possible à Dieu » (Mc10, 27).
Question : Est-ce vraiment des paroles dures en entendre ? Ce qui est crucifiant n’est-ce pas plutôt cette déception presque permanente de ne pas réussir à imposer nos volontés, cette angoisse constante de ne pas voir nos désirs et rêves devenir réalité ?
Plus souvent qu'autrement, nous voyons à l’horizon de cette demande la croix- d’ailleurs Jésus en fait mention – mais quand tout quitter se réalise en nous, ce n’est plus la Croix qui se dresse à l’horizon, mais le matin de la Résurrection. Le dernier mot de cette page s’ouvre sur cette la respiration d’une vie nouvelle, d’une vie libérée de tous ces attachements si minimes soient-ils, du poids des choses d’en bas, sur une vie de ressuscité. Cette page « n’est ni dure ni pénible parce que celui qui commande aide à réaliser ce qu’il nous commande (saint Augustin).» « Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger».
Pour appartenir à Dieu, pour suivre Jésus, - nous l’avons perçu hier dans l’épisode de l’homme riche- il faut être en guerre, en état de guerre permanente contre cette tendancesi ancrée chez nous, en nous, à se faire du bien, à se donner ces petits soins, de « petits biens » qui minent de rien minent notre attachement au Christ. Pour suivre Jésus, il faut mourir à quelque chose et non pas se dorloter, se complaire dans ces petits soins. « Pour se donner tout entière au Tout, il faut ne plus se soucier de tout le crée (Thérèse d'Avila Chemin de perfection chp.IX) » De tout temps, et peut-être davantage aujourd’hui, cette page de Marc apparaît comme la croix des croix alors qu’elle nous « transfigure » en disciples.
Jean XXXIII dans ses notes spirituelles, se plaisait à se redire devant toutes les croix qu’il portait, ces mots de saint François de Sales « Je suis comme un oiseau qui chante dans un buisson d’épine ». Être comme un oiseau qui chante au cœur de nos souffrances physiques qui viennent avec l’âge. Quelle belle image à nous remémorer !
À votre contemplation : Suivre Jésus est une profession à placer toute notre gloire, tous nos contentements à partager sa manière de vivre. Sa manière d’être. Avec cette page se profile devant nos yeux le sommet de l’Incarnation qui est le suprême dépouillement d’un Dieu qui par ce chemin, nous enrichit de sa divinité. Cette page, invitation à cesser toute « dévotion » envers nos « moi », se réalise maintenant pour nous dans cette eucharistie où Jésus devient sacrement de la pauvreté suprême. « Deviens ce que tu contemples, deviens ce que tu reçois, reçois ce que tu es, le Corps du Christ» (Raymonde Pelletier) Amen.
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