Année A : vendredi 2ième semaine du temps de Noël (Litan02v.07)
1er lettre de Jean- Luc 5 12-16 le lépreux purifié
Ému de compassion, Jésus étendit la main, le toucha. Ému par une immense compassion, François, par un baiser, geste inconcevable s’il en est un, laissa voir sa folie de vivre littéralement le saint évangile. Ce toucher de Jésus comme ce baiser de François demeure aujourd’hui comme il l’était hier, une folie à nos yeux. Pour Jésus comme pour François, osons le dire, le lépreux était si beau, qu’il a touché leur cœur. Le lépreux était si sincère dans son regard qu’il a « provoqué » un geste inouï d’audace qui ne pouvait passer inaperçu. En s’approchant de Jésus, le lépreux était déjà sauvé en espérance. Et le lépreux, quant à lui, ne pouvait pas contenir sa langue. Ne pouvait pas respecter l’ordonnance du silence.
Ce qui nous étonne dans cette page de Luc, c’est justement le silence que Jésus impose au lépreux. Luc veut ainsi ouvrir le mystère sur autre chose. Jésus ne veut pas se cacher, ni cacher sa compassion, mais il préfère la puissance du témoignage discret au bruit assourdissant des mots, à l’enthousiasme des foules. «Ta guérison sera pour les gens un témoignage».
Luc nous invite à découvrir dans ce silence imposé par Jésus que le bruit fait autour d’un miracle, que l'enthousiasme qu'il suscite, ne serve pas à la proclamation de la Parole. Ils peuvent même y faire obstacle. Songeons à un autre passage où face à Satan qui le reconnaîtra comme le « saint de Dieu », Jésus a la même réaction.
Contemplatives, contemplatifs, l’enjeu véritable que Jésus, par le silence qu’il impose, recherche par-dessus tout, n’est pas de convaincre à force d’arguments, non pas faire plier ceux qu’il rencontre, mais toucher les coeurs, cette part la plus secrète et la plus profonde de notre être. C'est là, dans ce lieu secret du coeur, que son geste de compassion veut nous faire revenir et que François dans l’épisode du lépreux, a bien compris.
Lui, élevé dans un milieu huppé, raffiné, fut tellement ému de compassion face à ce lépreux atteint de cette maladie horrifiante qui mange de son vivant la chair humaine qu’il lui a offerte ce geste le plus beau qui soit : un baiser. François aurait pu signer ce qu’un vieux moine disait : « si je pouvais trouver un lépreux pour lui donner mon corps et prendre le sien, je le ferais, car telle est la charité parfaite ». Quelle fut cette force irrésistible qui a poussé cet homme respecté, respectable par ses origines familiales, jusqu’à baiser un corps en décomposition ? D’où lui est venue l’énergie de transgresser la barrière entre le noble et l’ignoble, le pur et l’infect, le beau du monstrueux? Je risque une réponse : se dépouiller de tout, même de ses dégoûts et répulsions.
A votre contemplation : Aujourd’hui encore, des hommes et des femmes sont aux prises avec toutes sortes de lèpres à la recherche d’une présence, d’une compassion. Ils sont pour nous « la parure de la divinité » (Isaac de Ninive). Ils nous appellent – et «Jésus le veut »-même si quelquefois nous ne le voulons pas vraiment - à les toucher par compassion pour « entrer plus avant dans ce grand mystère » d’un Dieu qui s’y cache en eux. Rien n’est incurable aux yeux de Dieu. Transformés « d’avoir mis notre foi dans le Fils de Dieu que nous possédons en nous-mêmes cette force de rendre témoignage (1re lecture) », apaisés comme les Mages d’avoir vu son étoile, voici du pain pour nous aider à prendre un autre chemin : celui de la compassion jusqu’à devenir miroir de Jésus et de François. AMEN
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Pas facile cette page de Luc ce matin. Pas facile d’être des « incarnations » de Dieu. Pas facile d’entendre Jésus nous dire « je le veux » va et fais de même.
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