Année A : dimanche 1re semaine PÂQUES (Litap01d.08)
Jn 20, 19-31 nous laisser ressusciter
Nous laisser célébrer par Dieu. Cela peut nous étonner, nous combler de joie aussi. Mais ce temps pascal va plus loin que cela. Il nous appelle à nous laisser ressusciter. Nous laisser ressusciter est l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous. Jésus se manifeste pour nous ressusciter. Pour nous empêcher d’être des morts vivants. Pour que nous soyons « plénitude de vie ».
Que ce soit la manifestation – la « visitation » - de Jésus sur le bord du lac de Tibériade, celle aux disciples «bouleversés» sur la route d’Emmaüs qui se vident le cœur à un inconnu, celle aux femmes « pleurant devant le tombeau », étonnées qu’un étranger s’intéresse à elles, celle où Jésus rejoint ses disciples « qui avaient verrouillés les portes », nous ne le réalisons pas assez, chacun de ces récits se termine par la résurrection des disciples. Nous les voyons transformés. Transformés en évangélisateurs. « Dans sa grande miséricorde, Il nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus» (2e lecture)
Quels sont les signes qui permettent à nous disciples du XXIe siècle, d’affirmer que nous sommes en mode « tendance » résurrection ? Nous avons un début de réponse dans les textes d’aujourd’hui. Le premier signe peut nous étonner : c’est la peur. Nous sommes humains. Ce qui venait de se vivre, la mort de Jésus, plaçait les disciples en mode «défensif». Ils étaient en état de crise aiguë. Ils avaient peur de l’avenir. Ils vivaient un grand désenchantement. Tout s’évanouissait. Le paradoxe, il est là : cet état de crise, de peur attirait le regard de compassion de Jésus. Comme si Jésus comprenait la « normalité » de leur peur.
Ils étaient note saint Jean, tellement désenchantés,tellement peu exaltés devant Jésus leur montrant « ses mains et son coté », tellement peu ressuscités qu’ils n’ont pas réussi à convaincre Thomas. Ce n’était pas facile de croire alors qu’ils venaient d’être témoins, de loin, de la mort horrible de Jésus. Mais observe aussi saint Jean, malgré leur désenchantement, leur peur, ils maintiennent de se réunir « le soir du premier jour de la semaine (Jn20 19)».
Le second signe que nous donne Jean pour nous maintenir en mode « tendance » résurrection c’est que malgré leur peur, leur désenchantement, reconnaître la Voix de Jésus leur a fait du bien. Leur a donné de l’énergie. Le voir, Le contempler de leurs yeux, Le toucher de leurs mains leur a procuré la Paix intérieure, la sécurité qu’ils recherchaient. Ces signes-là sont incontournables pour nous maintenir en «tendance » résurrection. Sans Voir, contempler, toucher, impossible de nous mettre en route pour annonce, avec le feu de la conviction, que nous l’avons vu. C’est ce que nous dit Thomas. Ce sont des ressuscités qui peuvent annoncer la résurrection. Il fallait d’abord à Thomas de voir, contempler, toucher Jésus avant d’annoncer qu’il est vivant. Il lui fallait ressusciter lui-même, lui qui commençait à douter, à prendre ses distances d’avec les disciples.
Thomas nous montre qu’annoncer la résurrection commence par l’éblouissement d’une vie de contemplation. Il faut être contaminé par ce que nous voyons pour répandre une épidémie de ressuscités. L’histoire de la résurrection est une histoire de contagion. L’évangéliste Jean consacre Polycarpe qui consacre saint Irénée. Saint Hilaire de Poitiers est le modèle de Martin de Tours. François d'Assise révèle à Claire le chemin pour devenir Évangile. Sainte Monique pleure, Augustin se convertit.
Jean de la Croix nous compare aux bûches dans le foyer. Quand les bûches sont en contact avec une autre bûche embrasée, elles s’enflamment. Quand un ressuscité est embrasé par le feu de Dieu, il enflamme tant il est brûlant. Il allume des incendies de ressuscités. Les récits de la résurrection nous font voir des disciples à première vue « désorientés » mais qui cachaient en eux tellement d’espérance que « voir » Jésus les a propulsés dehors. En dehors du Cénacle. L'aventure de ce temps pascal qui est le temps de l’Eglise, commence quand des hommes et des femmes ont contemplé, touché le Verbe de Vie. Ils deviennent feu divin communicatif.
Le troisième signe qui confirme que nous sommes en mode « tendance » résurrection, c’est que malgré nos peurs, malgré la risée des autres, malgré une cote de popularité en baisse, nous persistons à vivre ensemble. En communauté : « N’ayant qu’un seul cœur et une seule âme ». La première lecture laisse clairement voir que le signe par excellence que nous sommes des « ressuscités », c’est notre capacité de faire Église. « Ils étaient fidèles à écouter… à vivre en communion fraternelle, à rompre le pain, à participer aux prières »(AA2, 42). La communauté, votre Institut, est ce lieu « kairos » pour toucher Jésus, l’écouter.
A votre contemplation : « Christ est ressuscité, levez-vous, vous aussi » (Grégoire de Nazianze, docteur de l’Église) « Toi qui dors, réveille-toi» laisse-toi ressuscité. Quelle audace il y a là-dedans ! Empressons-nous d’ajouter : Seigneur ne me ressuscite pas une fois pour toutes, mais qu’à chaque instant de ma vie, je me laisse ressusciter. Tantôt, nous ressentirons vivement cette résurrection dans ces premiers engagements de certaines d’entre vous au sein de votre Institut. Pour l’instant, que nos yeux s’ouvrent pour le reconnaître dans ce Pain. AMEN.
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