Année B : Lundi 4e semaine AVENT (Litba04l.08)
Lc1, 46-56 Magnificat
Saintes femmes, faisons la fête. Notre Dieu fait son entrée dans le monde. La Parole se fait chair. Réjouissons-nous. Ce Magnificat est un présage d’allégresse. Allégresse qui ne se limite pas à l’admiration mais à entrer dans le mystère dont Marie vient de chanter l’éclat de sa beauté.
Marie vient de chanter que Celui qui vient est, au témoignage de Gabriel, le Fils du Très-Haut, Très-Haut lui-même. Qu’Il vient du cœur de Dieu le Père prendre forme en elle. Qu’Il vient du plus haut des cieux pour entrer dans nos enfers, « comme un homme libre parmi les morts », comme une «lumière qui luit dans les ténèbres et que les ténèbres n’ont pas reçu». Nous venons d’entendre la plus belle des homélies sur Dieu.
Marie vient de chanter que pour se communiquer à nous, la Parole a choisie l’anéantissement, le vide, la vulnérabilité, le moins que rien. Pour se présenter à nous- et c’est ce que chante Marie- la Parole commence dans l’abaissement pour se terminer dans l’élévation de la Croix. Le chemin qui donne Dieu à notre monde commence à la crèche et s’achève sur la Croix. Ce sont des lieux de basse réputation. « Noël, c’est Dieu qui s’aligne sur l’inférieur » (Boulgakof).
Non seulement célébrer mais vivre Noël. Pour que ce chant vibre en nous comme il vibrait dans le cœur de Marie, pour qu’il exprime que nous sommes, comme Marie, remplis de Dieu, des « bibliothèques de Dieu », cela exige que nous passions par la porte étroite du vide de nous-mêmes. « Dieu ne peut pas rien pour quelqu’un qui est déjà plein » (Mère Térésa). « Si l’on se vide de soi, c’est pour être rempli de Dieu » (Charles de Foucauld). Ce chant nous offre comme chemin pour donner de la hauteur à nos vies, pour laisser Dieu naître en nous, le kérygme de son Fils, l’abaissement, le rapetissement, le désencombrement. Devant ce mystère d’un Dieu rapetissé, devant ce mystère de Noël François s’est écrié : « Voilà ce que je veux. Voilà ce que je cherche ».
Dans son Magnificat, Marie exprime son action de grâce et son admiration pour ce Très-Haut qui assume notre fragilité et vulnérabilité. La joie que chante Marie est celle de son empressement à prendre le même chemin du dépouillement, de la donation totale. La joie Marie est de voir triompher en elle ce qui est petit. « Il exalte son humble servante ». « De riche qu’il était, il s’est fait pauvre ».
Nous entrons dans le mystère de SON Noël et non pas de NOTRE Noël. Vivons SON Noël, le Noël de Jésus et non le nôtre. À quoi nous serviraient les plus belles célébrations liturgiques si nous ne transmettons pas le message que c’est la fête du dépouillement plutôt que celle du gaspillage démesuré de notre société. Cette fête du dépouillement, elle est là devant nos yeux dans cette foule des pauvres, des sans abris, des déportés, des émigrés qui abondent à nos portes. En ce sens, Noël frappe fort cette année.
Permettez-moi une question que j’emprunte à la lettre que le ministre général des franciscains le Père Carballo ofm, vient d’adresser aux siens (2008) « Si quelqu’un nous demande de lui raconter notre Noël, en laissant de coté les cadeaux, le menu, les cartes, qu’aurons-nous à raconter ? ». En nous faisant entendre le Magnificat de Marie, l’Église à quelques jours de cette fête, nous invite à raconter à ceux et celles qui nous demanderons si nous avons passé de belles fêtes, tout ce que nous avons quitté pour devenir un « don de Dieu » à notre monde. Pour devenir Magnificat. Nous devons faire nôtre cet avertissement de Paul de ne pas nous conformer aux critères de ce monde (Rm12, 2).
À votre contemplation : Dieu frappe à la porte de nos cœurs pour nous offrir le plus beau des trésors : nous dépouiller de nos « moi » pour prendre le Sien. Dieu vient nous habiller des vêtements de sa gloire. « Voilà le mystère qui est maintenant révélé, aujourd’hui manifesté» (Rm 16,26). Puisse le Seigneur trouver en nous une demeure digne de Lui afin que nous puissions l’engendrer dans les cœurs de notre entourage. Que cette eucharistie nous « donne le courage d’aller au-devant de notre Seigneur en faisant ce qui est bon pour obtenir le bonheur sans limite » (oraison finale). AMEN
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