Année B : Immaculée Conception de Marie
Lc 1, 26-38
Paul parle dans ses écrits de l’existence d’une lettre plus précieuse que les autres parce que c’est une « lettre écrite non pas avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ». Paul donnait ce qualificatif à la jeune Église de Corinthe « connue et lue par tous les hommes ». Nous pouvons sans errer dans la foi, affirmer que Marie est la plus belle des lettres « écrites de la main de Dieu ». Cette lettre qu’est Marie nous rappelle comme vient de l’exprimer la 2e lecture que Dieu « nous a choisis pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard. Il nous a destinés à devenir pour lui des fils ». Cette identité-là – être des lettres écrites par la main de Dieu— vient de nous rappeler le dernier Synode, se retrouve dans les chrétiens qui accueillent, « conservent et méditent dans leur cœur » la Parole de Dieu et qui en vivent (2 Co3, 2-3).
À nos yeux humains, Marie est une femme de notre race, née d’Anne et de Joachim. Elle est « terrestre », née d’en bas. Comme nous, elle fait partie des auditeurs de la Parole de Dieu. Comme nous, elle attendait la réalisation de la Promesse faite à nos Pères dans la foi. Aux yeux de Dieu, et c’est ici qu’il faut dépasser le « déjà su », le trop connu et entendu de cet évangile, - son nom est : « comblée de grâce ». « Réjouis-toi, comblée de grâce » et non pas « réjouis-toi, Marie ». Marie a connu « la gloire de la grâce » parce que « rachetée de façon suréminente » dit Pie X11.
Cette salutation inaugurale renferme toute la beauté, toute la sainteté de cette femme. Ce qui a fait dire Origène, un des « grands » Pères de l’Église naissante, que « jamais un tel titre ne fut donné à un être humain, que rien de semblable n’est écrit dans les Écritures ».
« Comblée de grâce », « toute sainte » pour citer les Pères grecs, « nouvelle créature » non pas d’abord parce que Marie sera mère de Dieu, mais par sa relation personnelle avec la Parole. Sa beauté intérieure de femme priante, attire le regard de Dieu et Dieu l’habille de toute grâce. Elle peut signer ces paroles de Paul : « ce que je suis, je le dois à la grâce de Dieu » (1 Co 15,10). « Comblée de grâce », c’est le point d’ancrage de toute sa vie : de sa maternité, de son assomption, de cette fête d’aujourd’hui.
Comme l’exprime son Magnificat, brodé de fils d’or de l’Écriture, Marie écrit Benoît XV1 dans sa 1re encyclique (25 décembre 2005 #41) est tellement chez elle dans la parole de Dieu qu’« en sort et elle y rentre avec un grand naturel ». Tellement chez elle en Dieu qu’elle s’est « dépouillée » (Jean-Paul 11, Mater Redemptoris #° 18) de son « moi » pour répondre « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ». À la grandiose salutation de l’Ange, « comblée de grâce », Marie répond par son identité profonde : « J’appartiens au Seigneur. Je suis la chose du Seigneur, sa propriété. Tout ce que je suis Lui revient ».
Saintes femmes, pas étonnante qu’elle soit « belle, belle plus que tout » pour citer Bernadette Soubirous. Pas étonnante qu’elle soit est immaculée, image de notre humanité transformée. Nouvelle. Pas étonnante qu’en sa personne nous retrouvons toute la beauté et la sainteté de premiers habitants du monde. Cette beauté-là, cet état de grâce nous concerne tous. Marie est le miroir notre propre destinée. En proclamant l’Immaculée Conception, il y a 150 ans, l’Église reconnaissait qu’il est possible, avec la grâce de Dieu, de vivre « comme des paroles de Dieu » (1 Pi 4,2). Cette fête est le début et le terme de notre mission.
À votre contemplation : Entendons l’Ange de Dieu nous dire : « tu as trouvé grâce auprès de Dieu ». Accueillons le choix de Dieu de recourir à nous pour régénérer notre monde, pour enfanter son Fils dans les cœurs, pour intervenir comme le dira la préface, en faveur de son peuple. Ce projet de Dieu de naître dans notre cosmos, de permettre que notre terre redevienne une terre où la Béatitude jaillit de toute part, exige notre réponse, notre fiat qui sera toujours un sacrement du dépouillement nous-mêmes. « Debout, réjouissez-vous, fait dire à Marie le diacre saint Éphrem, car voici la moisson. Regardez, dans mes bras je tiens l’épi de vie ». AMEN
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