Année A : Vendredi octave de NOEL (litan00v.07)
Matthieu 2, 13-18 saints innocents.
Pour créer notre terre, pour que naissent le jour et la nuit, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, pour que la lumière soit, que la vie soit, il n’a fallu qu’une Parole créatrice : «Et Dieu dit». Pour que notre terre redevienne « commencement de la Bonne nouvelle », «vous m’avez donné de la peine» dit le prophète Malachie (2,17). Il a fallu que cette même Parole créatrice, par lequel le monde a été si « merveilleusement crée »(Oraison messe du jour de Noël) entre « plus merveilleusement » dans le monde. Une entrée qui nous donne une telle hauteur, une telle dignité que nous devenons « participants de sa divinité ». (1Pi)
Mais vient de nous dire Matthieu «à la nouvelle de la naissance du Sauveur, Hérode devint soucieux, et tout Jérusalem avec lui » (Mt 2,2). « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (1, 11). « On ne le veut pas » disait Benoît XVI dans son homélie de Noël. Comment comprendre qu’un «nouveau-né», «petit comme moi, faible comme moi, nu comme moi, pauvre comme moi » (Aelred de Rielvaux), comment comprendre que l’arrivée « d’une grande lumière » ouvre sur des ténèbres, sur des comportements si déraisonnables de la part d’Hérode ? Je suggère la réponse que nous donnait un moine bénédictin du début du XI siècle « Ce qu’elle avait créé dans la facilité, la Parole ne l’a pas recréé aussi facilement. Elle a créé par son commandement mais elle a recrée par sa mort. Elle a créé en commandant, mais elle a recréé en souffrant » (Julien de Vezelay, extrait Évangile au quotidien 24 déc.2007)
Voilà ce que laissait entendre la liturgie dès le lendemain de Noël, dans le martyr d’Étienne et aujourd’hui dans celui des saints innocents. En devenant l’un de nous, Jésus, Parole créatrice, ce Verbe de Dieu qui a fait sortir toutes choses du néant, ce Logos de Dieu, ce « Dieu avec nous » a tout pris incluant nos ténèbres, la souffrance et la mort. Commençait alors pour ce nouveau-né, Jésus, le mystère de Sa passion préfigurée dans le massacre sans pitié, de nouveaux-nés. À travers ces enfants, ces « petits riens » non dangereux, le Verbe fait chair, dit sur le monde son dernier mot, le mot le plus profond, le plus beau que personne ne pourra lui ravir ni reprendre : « Ö monde, Ô humain, tu as du prix à mes yeux et je t’aime ».
Contemplatives, contemplatifs, faire mémoire de ces martyrs, c’est en quelque sorte fêter Noël jusqu’au bout. Noël et la Passion, c’est Dieu qui trouve sa place jusque dans nos « enfers ». C’est Dieu qui atteste que son trône royal (S. Bernard) se trouve dans ce qui est petit, minable, misérable parce que «Dieu ne se laisse pas mettre dehors (Benoît XVI)». Et l’espace que ce Dieu choisit pour entrer en nous est une étable, « cette terre maltraitée » « ce cosmos tout entier, lacérée, défiguré (Benoît XVI)» « parce que dans la salle commune, il n’y avait pas de place (Benoît XVI) ». «Le Seigneur est proche du cœur brisé» (Ps 34, 19)
Ce qui est merveilleux et étonnant aussi dans ce geste déraisonnable d’Hérode, ce n’est pas la grandeur des enfants, ni leur capacité de parler de Jésus, mais bien qu’ils ne représentaient rien, sinon une infinie proximité de date avec la naissance de Jésus. Ces enfants non rien fait pour figurer au calendrier de l’Eglise. « Ils ont annoncé ta gloire non point par la parole mais par leur seule mort »vient de nous dire la prière d’ouverture.Alors qu'ils ne savaient pas encore parler, le Christ les rend capables d'être ses témoins.
Dans sa lettre de Noël, votre ministre général écrivait que « désormais le langage de Dieu est un langage sans défense». À tous ceux et celles qui ont reçu ce langage, qui « donnent du temps à Dieu », « qui font de l’espace à Dieu », qui vivent cette naissance jusqu’au bout de l’anéantissement, « il leur a donné de devenir fils de Dieu(Jn1, 12) »
À votre contemplation : Noël, c’est bien vivre la grâce des petites choses, des petits commencements. C’est bien vivre la beauté restaurée de nos étables Ce temps nous ouvre les yeux sur toutes les petites choses, qui nous sont familiers, mais qui mènent à Lui. En cette octave de Noël, que cette voie des petites choses ne cesse de proclamer un grande Nom, une grande espérance, une grande Lumière. AMEN
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