Année C : Vendredi 3e semaine de Pâques (Litcp03v.07)
Jn 6, 52-59 Ma chair est ma nourriture
« Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? (Jn 6,52). Cette parole a indignée, choquée l’entourage de Jésus. Ce qui serait choquant, c’est qu’en la recevant à nouveau, nous habitués à l’entendre, nous en restions sans nous interroger. Ce qui serait bouleversant, c’est de ne pas mesurer l’incroyable folie du message qu’elle fait résonner aujourd’hui encore. Pour plusieurs même aujourd’hui, ce que dit Jésus est vraiment «intolérable (Jn6, 60)», incompréhensible. C’est «un langage trop fort et insensé que personne ne peut écouter (1 Cor 1,21-25)». Pour d’autres, ce que dit Jésus est une parole merveilleuse qui aveugle, fait tomber de nos montures (1ière lect). Parole admirable, parce que Celui qui les prononce vient de multiplier le pain, de marcher sur les eaux et qu’il « a les paroles de la vie éternelle (6,68) ».
En nous disant ce Jour qu’il est notre pain pascal, notre « pain de vie », Jésus veut activer notre foi pascale qui, avec les années, risque de ne plus engendrer en nous du « neuf », des comportements nouveaux. Ce « pain de vie » nous transforme, nous transfigure en « pain vivant (6,35) ». Il nous recrée. Nous devenons « participants de la nature divine (2 P 1,23) ». « Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour (Jn 6,54)». Ce sont ces mots qui faisaient pleurer Padre Pio tant il se sentait indigne d’une telle invitation. Ce pain nous permet de retrouver les joies d’une bonne Table nourrissante jusqu’à l’offrir à nos hôtes. « Nous qui avons été chassés du paradis de délices à cause d'une nourriture, c'est aussi par une nourriture que nous retrouvons les joies du paradis (Saint Damien)».
Comme l’exprimait récemment Benoît XV1 ce pain change nos vies. Il nous fait passer de « moi » à « lui ». « Cela exige que je ne sois plus enfermé dans mon moi, considérant mon propre épanouissement comme ma principale raison de vivre. Cela exige que je me donne à un Autre. Il s’agit de ne plus considérer l’utilité et le gain, la carrière et le succès comme le but ultime de la vie ».Ce pain ne vise pas l’extinction de ce que nous sommes. Qui le mange avec goût découvre sa véritable identité : être dans nos personnes son corps et son sang.Ce pain nous fait respirer au milieu même de notre monde l’air de la résurrection (Isaac le syrien au 7e siècle), cet air qui réjouit les cœurs (PS 104,16), cet air dont les justes ressuscités font leurs délices.
Contemplatives, contemplatif « Si tu as faim, mange le pain de vie. Si tu as soif, va boire à la fontaine de vie » (moine saint Colomban 6e siècle).Hier, la Samaritaine demandait de cette eau qui désaltère. Aujourd’hui, notre monde souhaite se procurer ce pain nourrissant. Bienheureux ceux qui ont faim de ce pain et soif de cette fontaine. Bienheureux ceux et celles qui se nourrissent avec goût de ce pain livré pour nous.
A votre contemplation : ce pain goûte la saveur de notre foi. Il n’a pas le même goût pour vous, ici et pour ceux et celles qui vivent dans le grand vent du dehors. Il n’avait pas le même goût pour Paul avant son aventure sur la route de Damas. Jésus nous fait le don d’avoir faim de Lui. « Oui la Sagesse nous a préparé la table. Venez et mangez le pain de la vie, manger et buvez à la table que Dieu maintenant, par pure grâce, vous offre. AMEN
Accueil : A Cana Jésus a transformé l’eau en vin et les gens furent dans l’admiration. Quand il a transformé son corps en nourriture, son entourage reçurent ces paroles comme intolérables, pure folie. Et nous ce matin, comment recevons-nous Celui qui nous donne son corps à Manger ?
Ajouter un commentaire