Année C : vendredi 11ième semaine ORDINAIRE (Litco11v.07)
Matthieu 6, 19-23 N’amassez rien
« N’amassez point de trésors sur la terre ». Voilà au terme du sermon sur la montagne, la conduite que nous suggère Jésus et que François dont nous venons de célébrer le V111e centenaire de sa conversion, et « après 25 ans de vie médiocre et rêveuse, marquée par la recherche de joies et de succès mondains (Benoît XV1 à Assise) a érigée en absolu. Mais que signifie pour nous ce « trésor » de ne rien amasser ? Un tel trésor qui nous rend capables de « passer par le trou d’une aiguille » est plutôt paradoxal aux yeux de notre culture. Pour en saisir toute la beauté, il faut connaître Dieu de l’intérieur. Il faut avoir « un œil qui voit clair ». Il faut être saisi par cette certitude que cette conduite nous « fait participants de la nature divine (2 Pi. 1, 4 ». Qu’elle est le chemin pour « vivre à la perfection de saint évangile ».
Rechercher un trésor non dans la possession, mais la dépossession, non dans l’avoir plus, mais du coté du manque, dans l’avoir moins. C’est aux yeux de l’Évangile, aux yeux de ceux dont « l’œil est vraiment clair », un moins pour un plus. Un moins pour être plus. Un manque pour une plénitude. Bref, opter pour ce chemin, c’est nous assurer de voir jaillir en nous une eau vive désaltérante, c’est nous offrir le luxe d’une vie sans prix que personne – les mites ou la rouille - ne peut nous enlever et qui a fait l’orgueil dont parlait Paul tantôt. « S’il savait comment il est pauvre, celui qui est riche (St Augustin)». Paul exprimait aux Corinthiens : « pauvres et nous faisons tant de riches ; démunis de tout, et nous possédons tout (2Cor6, 10) » «leur extrême pauvreté a produit d’abondantes richesses de générosité (2 Cor8, 2) ».
Mais pour ceux dont « œil est mauvais », cela paraît peu raisonnable tant il heurte de front le principe même de notre société d’utilitarisme pour qui le trésor est dans l’amassement de biens.
« Où est ton trésor, là aussi est ton cœur ». Question : est-ce que Jésus captive vraiment nos cœurs ? Est-ce que subtilement nous préférons «demeurer » dans la citadelle de notre moi dont la devise est «tout pour moi et moi au-dessus de tout » ? Ici, dans ce haut lieu de la prière, le vrai trésor s’appelle « être dans le Christ (1 Cor 1, 30) ». Il faut nous arrêter souvent et longuement pour saisir quelque chose de ce trésor d’ « être dans le Christ ». Recevoir cet appel : n’amasser rien, aujourd’hui comme hier pour François, est un véritable chemin pascal. C’est le chemin pour que la sève de sa vie coule en nous, pour que nous soyons greffés sur Lui, notre unique possession.
Alors que dans notre culture moderne, la recherche du trésor passe par ce sentiment de puissance, d’avidité et d’orgueil qu’offrent la possession, dans la culture évangélique, le véritable trésor est a chercher du coté du manque et que Jésus s’offre à remplir de Sa Présence. « S’il faut des motifs d’orgueil, c’est dans les signes de ma faiblesse que je mettrai mon orgueil » (Épître)
Contemplatives, contemplatifs, quelqu’un veut nous offrir un véritable trésor. Aucunement nécessaire de nous appauvrir en achetant des billets de loto, mais seulement une intention vraie de quitter nos petits paradis que nous nous fabriquons pour nous cacher plus souvent qu’autrement, un insupportable vide.
À votre contemplation : pour acquérir ce trésor, Luc ne passe pas par quatre chemins quand il dit dans le texte parallèle à Matthieu : « vendez vos biens ». Sur la route de son martyr, Ignace déclarait : « ne parlez pas de Jésus alors que vous désirez le monde. En moi, il n’y a plus d’ardeur pour aimer la matière, mais une eau vivre qui vit et qui parle, disant au fond de moi : viens vers le Père ». François lui déclarait qu’« une fois abandonné le monde, nous ne devons plus faire autre chose que de désirer le Seigneur ». Que l’exemple de Thomas More, cet intellectuel et père de famille et de l’évêque John Fisher qui ont donné leur vie pour rester fidèle à l’évangile, nous accompagne sur cette route, pas facile, de devenir Évangile. Oui, ne rien amasser pour devenir eucharistie, c’est le destin le plus beau. AMEN
Accueil : le destin le plus beau, ne rien amasser, pour ne rien désirer d’autre que le Seigneur. Nos précarités attirent tellement Dieu qui les comble de son eucharistie
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