Année C- Immaculée Conception (2006)
Luc 1, 26-38 : « être Marie »
En célébrant le « je suis l’Immaculée Conception » pour reprendre les mots de Bernadette Soubirous, l’Église ne fait que répondre à cette parole prophétique, inspirée par l’Esprit saint, prononcée par Marie elle-même : « Toutes les générations me diront bienheureuse ». Invitation nous est faîte en cette saison mystique de l’attente non de regarder Marie avec émerveillement, mais de regarder avec Marie dans la même direction qu’elle. Cette direction conduit à la naissance de Dieu en nous. La venue de Dieu sur terre que toutes les cultures désirent, sa naissance n’est possible qu’en donnant comme Marie de l’espace à Dieu en nous jusqu’à faire de nos vies un Temple immaculé, demeure sans tache. Impossible à Dieu de prendre forme en nous pour nous transformer en Lui sans adopter l’attitude de Marie dont Luc vient de nous indiquer le chemin. « Je dois être Marie et faire naître Dieu du dedans de moi-même et Il me concédera la bénédiction éternelle (Angelus Silesius
«Être Marie», c’est nous réjouir d’avoir trouvé grâce auprès de Dieu (Lc 1,28)». D’être comblée de grâce par Dieu. Notre existence est pleine de signes de la présence de Dieu. L’Ange qui annonce et Marie qui accueille, évoquent toute vocation contemplative : être écoute et accueil pour devenir des «germes de justice ». Devenir des femmes de ce grand silence intérieur, purifié de toutes distractions, de toutes complaisances avec nous-mêmes. Ne rabaissons pas au minimum la qualité de notre vie contemplative.
« Être Marie » - et ce n’est pas banal- c’est cesser de craindre (Lc1, 30). Ne pas avoir peur d’épouser jusqu’à la perfection « que tout se passe selon ta parole ». Ne pas avoir peur de dire ce « Oui » qui fait que Dieu, jour et nuit, ne nous laissera plus en paix tant Il nous désire tout à Lui dans l’intimité d’un cœur à cœur, toute « dépendante » à ses lèvres. À sa Parole. Ne pas avoir peur de porter le Salut du Monde, son Église parce qu’Il nous soutient de sa Présence. Ne pas avoir peur d’être « signe de contradiction » « d’être transpercée par un glaive ». Souvent nous sommes inquiets à la manière de Marthe.
« Être Marie » c’est savoir dire en acte « que ta volonté soit faîte » (Lc1, 38) La 1ière lecture nous a fait entendre la conséquence de dire NON à Dieu. Marie nous offre de voir la beauté de dire OUI à un projet qui dépasse l’entendement humain et qui ouvre la porte à laisser Dieu faire des merveilles en nous (Ps). Nous sommes souvent tentés de préférer notre volonté à la Sienne parce qu’elle peut apparaître comme un poids insupportable, un joug presque surhumain. En réalité, elle nous donne des ailes pour voler plus haut, pour laisser naître Dieu en nous. « Quand nous nous vidons totalement de nous-mêmes, alors de façon sûre, Dieu entre complètement en nous (Tauler) ».
Contemplatives, contemplatifs, "Dieu nous a élus en lui, avant la création du monde, pour que nous soyons immaculés et saints en sa présence, dans l’amour". (2e lecture). Le secret que nous livre Marie est de conserver ses paroles en nos cœurs, de les méditer, de laisser toute la place à Dieu. Sa vie fut l’anticipation de ce que Paul écrivait aux Galates : « Pour moi, vivre c’est le Christ (2,14) ». Rien n’est plus grand qu’une vie « livrée » parce qu’elle devient « trône de Dieu », demeure de Dieu. Rien n’est plus glorieux que d’obliger Dieu, en adoptant les attitudes de Marie, « la seule parfaitement sainte » (St Éphrem,) à naître en nous». « Le but de notre vie mariale doit consister à devenir une autre Mère de Dieu afin que Dieu soit conçu en nous et naisse en nous » (Bienheureux Titus Brandsma, Parole et Silence, 2003)
À votre contemplation : Puisse Marie, femme eucharistique, nous enseigner à faire mémoire des beautés et bontés que Dieu ne cesse d’accomplir en nous et autour de nous. « Le Seigneur fait pour nous des merveilles». Sa Présence change nos vies. Elle nous métamorphose en Temple de Dieu, en crèche de Dieu, dirait François. Entendons Marie nous dire en ce jour de fête, d’avoir le courage d’oser avec Dieu, de risquer avec foi, d’entreprendre avec bonté, d’agir avec un cœur purifié en re-prononçant ce « oui » qui nous donne cette joie de nous en remettre totalement à Dieu qui en retour, ne cessera de nous surprendre, car sa grâce ne tarit jamais. AMEN
ACCUEIL : Plus beau que ce que nous nommons la beauté, plus lumineux que ce que nous nommons la lumière, plus blanc que ce que nous estimons immaculé, Marie est plus grande que ce que nous pouvons entrevoir. Son cœur fut si grand, si immaculé qu’il est devenu le trône de Dieu. Pour cette femme, devenons louange et gloire.
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