Année B : Vendredi des Cendres (litbc00v-06)
Mtt 9, 14-15 : UNE CONVERSION PERPÉTUELLE.
Tout chrétien, de par son baptême, a reçu vocation à changer de vie. À changer son ADN pour celui de Dieu. Toute la prédication de Jésus va dans ce sens. Appel à vivre autrement. Marc précise : à se convertir (Mc1, 15). Tellement important que Paul fait de cette métamorphose continuelle, de cette assimilation progressive de l’image du Christ (2 Cor 3,1) une vocation.
Ici, vous en avez fait un vœu. Un engagement jusqu’à la mort. Vœu de vivre la vie chrétienne aussi parfaitement que possible. Vœu de vivre avec perfection le saint Évangile dans les moindres petites choses du quotidien. Notre avancée sur ce chemin d’une vie nuptiale transfigurée par la Parole et la Présence de l’Époux, nous fait souffrir quand surgit les nuits de son absence. Cette même avancée nous fait aussi éprouver le besoin de nous offrir la grâce d’une vie de conversion quotidienne, vécue « dans une école où l’on sert le Seigneur » (Prol RB45). Il ne suffit pas pour avoir la vie en abondance, pour demeurer éveillés dans la foi, d’avoir mis la prière au centre de nos vies.
Ici, le carême – ce temps rappel « pour revenir à Dieu » de tout notre cœur, pour nous laisser recréer par la Bonne Nouvelle - est plus qu’un temps fort, plus qu’un « temps privilégié du pèlerinage intérieur vers Celui qui est notre miséricorde » (Message du carême Benoît XV1), plus qu’une saison pour maintenir éveillé en nous le désir d’être Évangile, ici le carême, c’est toute une vie. Ici, le jeûne est moins une privation de nourriture qu’une absence ressentie de l’Époux.
Toute une vie pour jeûner de tout ce qui n’est pas Dieu, y compris de nous-mêmes en faisant à Dieu le don de notre Isaac, cette partie de nous-mêmes qui nous est le plus précieux. Toute une vie tournée vers ce Dieu qui seul suffit. Toute une vie pour renoncer à mettre notre confiance en tout sauf en Dieu. Toute une vie, assaisonnée de ce temps fort, pour « maintenir fermement la place centrale à donner à Dieu jusqu'à nous soucier de lui offrir la première place dans nos pensées et au cœur de nos activités » (Benoît XV1). Toute une vie pour prendre au sérieux l’interpellation de Jésus au jeune riche : « Si tu veux être parfait. » Toute une vie pour « ne rien préférer à l’œuvre de Dieu » : « croire en Celui qui l’a envoyé » (Jn6, 28-30). Toute une vie pour ne pas « murmurer » contre Dieu, à comprendre ne pas manquer de foi contre Dieu. Devant une telle manière de vivre, avec grande lucidité, Isaïe a pu écrire : « Si vous ne tenez pas à Dieu, vous ne tiendrez pas (Is 7,9) ».
Contemplatives, contemplatifs, ce que le Seigneur a ordonné à Élie est pour nous le chemin : « sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur. » Du temps pour nous tenir devant Dieu comme réponse de foi à l’appel inaugural qui ouvre l’Évangile : « convertissez-vous » à la perfection. Pour nous tenir devant Dieu jusqu’à lui ouvrir nos cœurs, le dilater pour voir toutes choses comme Dieu les voit. Nous tenir devant Dieu, voilà le jeûne qui plaît au Seigneur (Ep).
A votre contemplation : Avec Jésus, le jeûne a changé de registre. Il n’est plus une pratique dont nous pourrions nous vanter pour faire valoir que nous sommes des « saintetés », voire des « religieuses contemplatives ». Il nous fait ressentir la brûlure de l’absence de l’Époux que rien ni personne ne peut remplacer, en raviver la mémoire. Il est une rentrer dans le secret du Père. Notre monde a besoin de voir des hommes et des femmes ciselés par la Bonne Nouvelle qui fait tomber les chaînes injustes, briser les jougs, capables de partager son pain avec ceux qui ont faim et d’accueillir le malheureux sans abri. Une eucharistie qui nous fait « offrande » au Seigneur, voilà ce qui lui plaît. AMEN
Accueil : Au seuil de ce carême, cédons à l’invitation du Prophète Osée ! Laissons-nous conduire au désert, cette terre d’alliance sacrée entre Dieu et nous.
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