Année B : Vendredi de la 21e semaine ordinaire (litbo21v.06)
Mtt 25, 1-13 « VOICI L’ÉPOUX »
1 cor 1, 17-25
Le but de toute vie est notre participation à une table nuptiale. Nous sommes les invités d’une table qui nous « déiforme » disent les Pères de l’Église. D’une table où nous pourrons contempler un «Dieu tout entier et Dieu seul » (Grégoire de Nazianze), un Dieu Époux tellement en extase devant nous qu’un jour du temps, il « s’est assis à notre table pour nous faire asseoir à la sienne ». Jésus, fils de Dieu, « Époux » a traversé le temps pour que nous trouvions auprès de Lui Repos et Joie. La vraie vie, la vraie sagesse est « d’aller à la rencontre » de «l’Époux des âmes » (Augustin) qui s’est promislui-même à être notre récompense et notre rassasiement (1 Cor 15, 28).
Malgré nos manques de provision d’huile, malgré nos errances fréquentes, malgré nos indignités d’ « épousé » (ce mot semble connaturel chez Madame Claire tant elle le savoure !) de Dieu, malgré nos lassitudes, nos engourdissements d’entendre la Voix de l’Époux, une table nuptiale nous est, par grâce, toujours possible, accessible. Qui que nous soyons, quelle que soit nos manières de vivre, nous sommes marqués par une invitation permanente, indélébile à nous asseoir à une table où nous pourrons à loisir nous livrer à lui devenir semblable. « Regarde-le jusqu’à lui devenir semblable ». « Ce mystère est grand ».
Pour accéder à cette table, entrer « avec lui dans la salle des noces », il nous faut entretenir ce désir éveillé par le Christ lui-même au jour de notre premier engagement, à Le suivre jusqu’à Lui donner rien de mieux que nous même. Il faut émigrer, sortir de nos torpeurs, « quitter notre essence de créé » (Ruysbroeck). Pour éviter de nous entendre dire « je ne vous connais pas », il nous faut ne jamais endormir ce désir de voir l’Époux, de nous unir à Lui. C’est la routine, la lassitude, le sommeil qui semblent ralentir notre enthousiasme au retour de l’Époux. L’attente est aridité, désert et notre patience se transforme vite en impatience.
Quelque soit notre regard sur cette table nuptiale, y entrer exigera toujours, comme par un poids naturel, une dépossession, une sortie, un mourir à nous-mêmes pour vivre « des réalités d’en haut ». La vraie vie du chrétien ne se trouve pas en nous-mêmes, mais dans un Autre.
Ce langage-là, cette culture de l’abandon de notre moi, Paul en parlait tantôt comme d’une folie, celle du « langage de la croix ». Croix de la Sagesse ou sagesse de la Croix ! Avec raison, Augustin pouvait parler de cette sagesse de la Croix comme « d’une chaire (étude) du divin Maître » de laquelle nous recevons la formation nécessaire pour goûter jusque dans « la moelle de nos cœurs » ce plaisir d’entrer dans la salle des noces pour en épouser sa divinité.
Contemplatives, contemplatifs, cette beauté de l’alliance nuptiale, cette beauté du « fils de Dieu qui a épousé notre nature humaine pour que nous puissions épouser la sienne » (Léon le Grand), il nous faut beaucoup de vigilance pour la maintenir en éveil en nous. Pour que se réalise en nous cette sortie amoureuse inestimable, Il faut, si nous voulons nous maintenir dans un état d’alerte maximal, dans un état d’extase, tout sacrifier. C’est le chemin pour ne pas manquer d’huile lorsque le souffle ténu de sa Présence se manifestera. Cette sagesse-là se laisse trouver par ceux qui la cherchent.
À votre contemplation : nous avons besoin de nous répéter, sans jamais nous lasser, à la fois cette scandaleuse révélation d’un Dieu Époux qui nous désire ardemment comme épouse et cette merveilleuse nouveauté du mystère de nos vies appelées à savourer une fête éternelle. Une eucharistie pour réveiller en nous que ce Dieu Époux « nous as faits orientés vers Lui(et que) notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en Lui ».AMEN
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