Année B : 6e dimanche de Pâques
Jn 15, 9-17 ne rien faire d'autre que d'aimer
« Nous n’avons rien d’autre à faire pour trouver sa propre utilité que d‘aimer Dieu ». Trouver sa propre utilité de vivre dans l’art d’aimer. Dans l’art de passer sa vie à « demeurer dans son amour ». Nous n’avons pas d’autre travail à réussir que d’aimer. Jean de la Croix disait : « nous n’avons pas d’autre office que d’aimer » (Cantique spirituel). Ce sont des paroles à n’y rien comprendre pour ceux et celles pour qui aimer est une recherche de se complaire en eux-mêmes, de s’auto-plaire, de s’auto-rechercher.
« Aimer », ce mot à bien mauvaise mine. Il est tellement abîmé, usé, « l’un des plus galvaudés » (Benoît XV1 ouvrant son encyclique) que j’hésite à le laisser effleurer mes lèvres. Ce matin, j’ai mission de le reprendre pour le purifier, pour le ramenr à sa spendeur première. Le défi majeur de notre temps est de faire « aimer » ce mot « aimer ». Pour nous éviter que cette page de Jean ne devienne une page tellement connue qu’elle devienne « non entendue », il faut la butiner comme des abeilles, la laisser parler en nous, la laisser prendre forme en nous jusqu’à ce qu’elle nous transforme en « forme de Dieu ».
Ce page est dangeureuse. Son auteur l’a tellement vécu qu’il en transforme les mots en ces lettres d’or que je prononcerai tantôt : « ceci est mon corps. Ceci est mon sang ». Si nous ne sommes pas prêts à risquer l’aventure de la mise à mort de nos « moi », à « vivre sans vivre en moi » (Jean de la Croix) à vivre sans nous plaire, nous auto-suffire, sans chiendents que sont les rancunes, les revendications permanentes qui laissent entendre que nous sommes toujours malheureux, nous risquons devant cette page de nous en « aller tout triste » comme le jeune homme riche de l’Évangile, incapable de se détacher de lui-même, de ses biens. Mais recevoir cette page, c’est nous offrir la grâce de nous entendre dire « tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ».
« Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même (Thérèse de Lisieux)». « Aimer est un chemin d’extase non dans le sens d’un moment d’ivresse mais comme exode allant du je enfermé sur lui-même vers sa libération dans le don de soi » (Benoît XV1 no, 6). La conquête de « trouver sa propre utilité que d’aimer Dieu » exige une « dépossession confiante » (Garaudy) de nous-même. Pas facile!
Quel déshonneur il y a de parler abondamment, de clamer cette page quand nous en soustrayons nos vies. Cette page fait mal à notre Église, à notre foi quand nous en parlons sans en vivre. « Tu es chrétien par et pour l’amour, par rien d’autre et pour rien d’autre. Si tu oublies cela, tu te rends absurde. Si tu trahis cela, tu deviens monstrueux.» (Madeleine Delbrêl, Joie de croire, Seuil 1967, p. 82). Faisons la conquête de cet art de vivre et nous pourrons mieux en commander la pratique. Quand nous en parlons en la vivant, nos mots valent de l’or, se transforment un mot d’or recherché. Nos vies deviennent des « sculptures » des « œuvres d’art » signé Jésus.
« C’est la foi, dilatée par la prière, qui débarrrassera le chemin de l’amour de son obstacle le plus encombrant : le souci de nous-même (Madeleine Delbrel).» Qui nous permettra de la réaliser, de l’accomplir en nous. C’est par la prière fervente, après de longues heures passées à Le Regarder, Le Contempler que « nous trouverons la raison pour laquelle il faut pratiquer cette page : Ceux qui aiment connaissent Dieu et la joie est en eux». Connaître non intellectuellement mais dans le sens biblique : d’être « Dieu ». Cette connaissance surpasse dit l’apôtre Paul (Eph. 3, 19) toutes les connaissances du monde. Le mot « aimer » c’est quand je n’existe plus qu’il est vrai. « Ce n’est plus moi qui existe mais le Christ qui en moi prend toute la place. »
À votre contemplation : ce commandement de l’Amour n’appartient qu’à Dieu. Nous ne pouvons aucunement en réclamer la propriété. Nous pouvons seulement accueillir la grâce que Dieu nous fait d’être ses « amis » jusqu’à nous offrir la possibilité de transformer nos vies « en joie parfaite ». Jusqu’à devenir des « miroirs » de sa gloire d’aimer. Ce mystère est grand. C’est le programme testamentaire de l’Église au cours des siècles. Oui, Dieu « nous a choisis - sans mérite de notre part -pour que nous partions, que nous donnions du fruit. » Ce fruit deviendra un fruit juteux si « ce que l’on fait crie plus fort que ce l’on dit (Bernard de Clairvaux). » « De l’amour, nous sommes issus. Selon l’amour, nous sommes faits. C’est ves l’amour que nous tendons. À l’amour, nous nous adonnons » (MYSTIQUE SOUFI) jusqu’à devenir comme dit une chanson de chez nous « amour en héritage », EUCHARISTIE LIVREE POUR LE MONDE .AMEN
Accueil :
Le Cardinal Marty, disait que sa principale mission d’évêque était « d’embaucher pour aimer ». Ici ce matin pour accepter du travail : celui de nous laisser embaucher pour aimer. Il est urgent que le monde découvre le christianisme comme la religion de l’amour. Il est urgent de redécouvrir le bonheur d’aimer. Il n’y a pas moyen de décourvrir ce bonheur sans le renoncement complet à nous-mêmes. Quelqu’un a écrit qu’aimer c’est signer notre arrêt de mort pour ne vivre que pour l’être aimé. Parole très difficile ce matin, j’en conviens. Mais des paroles de Dieu, des Paroles Dieu- a recevoir
Évangile:
Année:
Pérode:
Date:
Lundi, 1 mai, 2006
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