Année A: Vendredi de la troisième semaine de PAQUES –A-
Jn 6, 52-59 " l'homme total est lui et nous " : ma chair est une "DEMEURE"
Il y a dans ce pain de vie descendu du ciel une telle puissance de transformation que nous devenons ce que nous mangeons. Il y a dans ce pain une telle régénération qu'il nous transforme en ressuscité. Au baptême, nous recevons l'Esprit de Dieu. Dans l'eucharistie, Dieu se donne tout entier à nous. " Quand nous mangeons ce pain et buvons ce vin ", quand ce sacrement de la résurrection devient nutrition, il produit en nous de "grandes choses". Il produit un "admirable échange". Par notre union, notre communion intime au corps glorieux du Christ, un germe pascal est semé en nous en attendant ce jour où nous serons élevés " à l'état d'homme parfait, à la mesure de la plénitude du Christ " . (Éphésiens IV, 13)
" Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en eux ". Hier les auditeurs de Jésus, la foule qui a mangé de pain, ne comprenaient pas cela. C'était des paroles tellement intolérables (v.60) pour des gens qui avaient les deux pieds sur terre, que la foule du début s'est réduite à presque rien. Cela a poussé Jésus à demander à ceux qui restaient, le " petit reste" : " voulez-vous aussi me quitter ? (v.67)
Devant cet appel à devenir Lui et Lui à devenir moi, devant cet appel à atteindre le plus haut degré d'union avec le Christ, la question "voulez-vous me quitter" dépasse les siècles pour nous rejoindre. En commentant cette page, Augustin se demande " si nous voulons devenir le Christ " et il ajoutait " L'homme total est lui et nous ? ". Ces paroles sont très fortes. Impossible de désirer mieux que cela. " C'est le plus haut degré de l'assimilation du Christ ", affirmait J-P 11 dans la splendeur de la Vérité (#21) " Qui mange ce pain et boit ce vin " devient capable d'une telle proximité avec Jésus qu'il ne forme plus qu'un avec Lui. " C'est l'unique nécessaire " (Lc 10.42). Depuis l'Incarnation, notre chez nous, c'est d'habiter chez lui. Son chez lui, c'est chez nous.
Voir la vérité de cette Vérité. C'est pour cette Vérité là, lui en nous et nous en lui, que nous avons été créés. Que nous avons été recrées jusqu'à renaître d'en haut ! " Ce n'est pas pour ses dons " clamait au X siècle Grégoire de Narek de l'Église arménienne et que citait Jean-Paul 11 dans une catéchèse en octobre 2000, " mais c'est du Donateur que j'ai toujours la nostalgie. Ce n'est pas pour la gloire à laquelle j'aspire mais c'est le Glorifié que je désire embrasser. Ce n'est pas le repos que je cherche mais le Visage de Celui qui donne le repos. Ce n'est pas du banquet nuptial mais du désir de l'Époux que je languis ". (XII Prière)
Ce pain de vie, ce lui en moi et moi en lui, nous devons le trouver aussi à l'intérieur de la communauté que nous formons. Ici, ne nous contentons pas de survivre comme communauté. Optons pour une manière de vivre nourrissante, épanouissante entre nous. Privilégions une manière de vivre qui soit sacrement de l'abondance du pain en nous offrant mutuellement le" pain de Vie et l'eau du ciel" pour la traversé du désert. À quoi nous servirait de célébrer ce pain pascal s'il n'avait visage de chacun d'entre nous ? La mission première de toute communauté, de toute vie ensemble: "J'ôterai vos cœurs de pierre et je les changerai en cœur de chair."(Ez 36,26)
A votre contemplation : Demeurer dans le Christ pour éprouver cette joie incomparable, ce "mystère de la joie pascale" que le monde ne peut offrir. Demeurer dans le Christ pour lui faire mémoire de cette "géographie de la faim" qui rejoint des foules en attente "de ne plus jamais avoir faim". Une eucharistie pascale pour revenir au Cénacle où à la veille de sa Pâques, avant d'entrer dans sa mort, Jésus nous offrit de communier à un chemin, le sien, qui ouvre sur une Vie " Béatitude sans fin". AMEN
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