Année A : Vendredi de la 28ième semaine ordinaire (litao28v.05)
Lc 12,1-7 ; Eph 1, 11-14 Vivre autrement- sans crainte
« Vous avez écouté la bonne nouvelle de votre salut ?» (Eph. 1, 12). Cette Bonne Nouvelle dont parle Paul, c’est d’avoir reçu ce don merveilleux d’entendre l’Évangile nous dire que « nous valons plus que tous les moineaux du monde ». Et Paul ajoute, - ce n’est pas rien - nous sommes « devenus croyants ». Nous y avons cru. Voilà ce qui nous fait vivre : croire, malgré nos démoneries, que « nous avons du prix à ses yeux ». Croire que Dieu ne cesse de nous grandir alors que nous ne cessons d’être convaincus et de clamer – serait-ce de l’orgueil ! - que nous ne valons rien à ses yeux.
Cette Bonne Nouvelle – nous valons tellement que le Fils de Dieu y a laissé Sa vie, nous valons tellement que nous avons été des invités à prendre place à une table d’honneur (Mtt 21,1-14)— Dieu ne se contente pas de nous la dire une fois, deux fois. Il nous la redit sans cesse : « Vous qui avez été portés dès la naissance […] jusqu’à votre vieillesse, je resterai le même, jusqu’à vos cheveux blancs, je vous soutiendrai. Je l’ai déjà dit. Je vous soutiendrai, je vous délivrerai » (Is 43, 3-4).
À cette Bonne Nouvelle que « Dieu nous a destiné à devenir son peuple » (1ière lecture), tant nous valons à ses yeux, l’apôtre Paul en ajoute une autre, comme si ne n’était pas suffisant : « vous avez reçu l’Esprit saint en vue de votre délivrance ». En vue « d’être louange et gloire », cette mission qui a tellement fascinée Élisabeth de la Trinité.
Saintes femmes, il faut aller plus loin que de recevoir avec enthousiasme le propos de Paul. C’est facile de s’enthousiasmer. Il faut aller plus loin que de vivre « religieusement » cette déclaration de Jésus que nous comptons beaucoup à ses yeux. C’est relativement facile d’être appréciés. Il faut que la Parole de Dieu nous inspire un art de vivre à chaque instant de nos vies.
Cet art de vivre, l’évangile vient de nous en préciser une double manière. Grâce à « l’Esprit saint qui vient au secours de notre faiblesse», de nos démoneries, nous libérer d’une vie d’apparence de « sainteté », d’apparence de bonnes religieuses, d’une vie de façade que Luc appelle l’« hypocrisie des pharisiens », pour mener une vraie vie de disciple, une vraie vie mystique. Une vie configurée à Jésus et non à nos volontés.
Cet art de vivre passe aussi par une libération de nos peurs, de nos timidités de témoigner de Jésus. Vivre sans crainte, sans peur, sans timidité est un art de vivre non seulement humain, mais évangélique. La Parole de Dieu nous fait vivre autrement notre vie. Elle nous transfigure, ouvre sur un art de vivre qui prolonge la vie. (C’est dans les communautés religieuses que nous trouvons des « jeunesses âgées » et vigoureuses.) Vivre autrement l’Évangile qu’en se contentant de se dire chrétien, mais en l’étant. Vivre autrement, c’était le thème d’une série de 5 émissions la semaine dernière à Radio-Canada. L’essentiel tournait autour de la méditation, cet exercice d’évacuation du stress de la vie comme chemin pour vivre épanouis, pour guérir du cancer. Vivre autrement dans un monde tiraillé par le consumérisme, l’hédonisme et où le racisme se porte très bien.
Vivre autrement. L’appel de Luc, « Ne craignez pas les humains », est d’une grande actualité. Ce « cri devient pour chaque chrétien une invitation insistante à se mettre au service du Christ » (Benoît XV1, Homélie ouverture du Synode 2008). Il faut combattre la peur de parler, d’annoncer l’Évangile sans crainte d’être accusés de prosélytisme. Il faut respirer d’une Parole neuve, d’une Parole autre que de répéter ou restaurer le passé.
Ne craignez pas, malgré votre âge, de poursuivre l’audace de Mère Marie Rose. Faîtes vôtre cette demande exprimée au Synode, d’être, dans la lignée de Mère Marie Rose, des maîtres en éducation de la Bible, de la Parole de Dieu en donnant le goût de la lire parce que pour vous, elle a du goût. Cette mission-là est une grande mission que personne d’autre ne peut faire à votre place.
À votre contemplation : cette Bonne Nouvelle, ce jour, doit être expérimentée. Ne la séparons pas de notre quotidien. Elle est « une boussole qui indique la voie à suivre » (Benoît XV1). Notre avenir, l’avenir de notre Église, de notre foi consiste à nous laisser travailler par elle, à nous laisser modeler par cette Parole qui transforme maintenant ce pain et ce vin en eucharistie. AMEN.
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