Année A- Vendredi de la 22ième semaine ordinaire (litao22v.05)
Luc 5, 33-39 vêtement neuf et ancien 1 col 15-20 1er né de toute créature
L’Évangile ce jour met le doigt sur ce qui peut à tout moment nous diviser. L’incompatibilité entre le souffle nouveau et la mentalité ancienne. Ce débat est de tous les temps et au cœur de toutes les spiritualités et grandes religions. Il y a ceux qui réduisent la foi au permis défendu. Ceux chez qui la Parole est tellement dure qu’ils ne l’écoutent plus. Il la formalise, la ritualise. Il y a ceux pour qui la foi est invitation à percer la profondeur du mystère. Ceux « qui pratiquent la parole et ne se contentent pas seulement de l’écouter, de la justifier par de faux raisonnements.» (Jac1, 22) En eux, l’Esprit vivifie la Parole entendue. D’un coté appel à faire des choses –jeûner, se mettre à sans se laver les mains, garder intact la loi du sabbat. De l’autre, appel à partager cette joie nuptiale de la présence neuve de Jésus. Regard en arrière, regard sur le mystère d’une Présence inouïe.
Comme le laisse entendre Luc, dans l’équipe de Jésus, nous retrouvons ces deux mentalités. Elles forcent Jésus, pour éviter le gâchis des déchirures, à suggérer l’image du neuf et du vieux. Il montre comment leur harmonisation comme leur coexistence pacifique est impossible. Subtilement Jésus affirme qu’il est impossible d’éliminer complètement cette tension du neuf et du vieux.
L’option Jésus est de nous situer en face du mystère de l’Époux qui nous invite, par grâce, à sa Table. Notre désir premier, fondamental et permanent, est d’être avec l’Époux. Savoir que Dieu nous attend, comme le fils prodigue pour s’empresser de nous vêtir d’un vêtement de fête et de nous poser un anneau d’or au doigt dès que nous faisons le moindre effort pour nous tourner vers Lui.
Confectionner en nous une mentalité nouvelle pour recevoir ce Vin nouveau qu’est Jésus est plus facile à dire qu’à accomplir. Le contenu de la foi est le pressentiment d’un Dieu qui vient faire alliance avec nous jusqu’à nous épouser, qui vient prendre notre quotidien à cœur. Comme il est facile de sacraliser des pratiques religieuses qui transforment notre Dieu toujours jeune et mystérieux en un Dieu « rigide » « idolâtre » « folklorique » insensible et imposant des « tabous immuables » à toutes les générations.
Abandonner nos vieilles outres au profit d’une alliance nuptiale. Ce le sens de toute la vie de Madame Claire. Offrir des outres neuves de joie qui ouvrent à la foi, distribuer à tous un vin nouveau, celui de l’Évangile capable de réjouir leur cœur fut au centre de l’engouement de François à imiter Jésus. Nous sommes invités à des noces. Nous sommes appelés à inviter à des noces. « Dieu a voulu que dans le Christ » nous devenions « accomplissement total » (1ière lecture)
Avec Jésus, c’est vraiment du neuf. Il nous faut «repartir à zéro». Il faut innover. C’est le défi quotidien du chrétien. Innover dans notre devenir évangile. « Rends nous capable de recueillir les fruits du mystère du salut » (Oraison) Que de réalité nous tentons de conserver au nom d’une tradition pour nous sécuriser. Jésus propose autre chose : l’insécurité qui accompagne toute union nuptiale. Pour qu’elle soit durable, elle nécessite une perpétuelle remise en question pour éviter la stagnation et le recul. Pour qu’il soit juteux, tout fruit doit être fraîchement cueilli.
À votre contemplation : paraphrasant Jérémie dans la lecture de dimanche dernier, « Il y a un feu dévorant au fond de mon être, sans réussir, je m’épuise ». S’épuiser à nous questionner sur cette logique de Dieu- porter des vêtements neufs - qui n’est pas une logique de mort mais de croissance. Une image qui nous parle d’abandon - outre ancienne- pour perpétuer au cours des siècles la vitalité de son Évangile. Jésus nous évite de nous condamner comme Église à une mentalité de folklore, ce qui pourrait bien signer notre arrêt de mort. Nous sommes faits à l’Image de Dieu qui est nouveauté. Nous sommes faits à la Ressemblance de Dieu qui nous fait nourriture pour notre monde. AMEN
Accueil : Quelle joie j’éprouve de revenir chez moi ! De revenir pour m’éviter, nous éviter, dans nous installer dans la routine. De revenir pour me ressaisir, nous ressaisir mutuellement jusqu’à vivre la beauté de l’appel quotidien de Dieu. Refus de vivre sur l’air d’aller pour nous habiller d’un souffle nouveau, vêtement nouveau. Ici, c’est un incontournable pour demeurer en état « d’accomplissement total » (1ière lecture) En état d’offrande totale de nos vies à Dieu.
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