Année A- Vendredi de la 26ième semaine ordinaire (litao26v.05)
Baruch 1, 15-22 Luc 10,13-16 fête de Saint Jérôme
Pour entrer profondément dans cette page de Luc, il faut - c’est paradoxal- sortir de nos Corazine et Bethsaïde, ces lieux tellement infectés d’encombrement de toutes sortes que même des « miracles» - ces puissants signes qui font signes - ne peuvent nous ébranler. « Si tu attends l’héritage du monde, tu ne pourras hériter avec le Christ » écrit saint Jérôme (Lettre 14, 1 ; 6 ; 10) dont nous faisons mémoire. Dans notre environnement actuel, le bouillonnement très puissant des Corazine, Bethsaïde, avec leur luxure engloutit notre entendement d’une Bonne nouvelle.
La question qu’adressait saint Jérôme à son ami Héliodore résonne encore aujourd’hui. « Frère, que fais-tu des familiarités de ce monde, toi qui est plus grand que cela. Combien de temps t’emprisonneras-tu dans le cachot enfumé de ses richesses? »
Contemplatives, contemplatifs, en quittant tout, en nous désappropriant de tout, même si en retour Dieu nous semble absent, nos yeux s’ouvrent à une Lumière étincelante. L’appel de Luc rejoint celui que Madame Claire vous propose : ne craignez pas le manque, une vie simple, hors des Corazine et Bethsaïde. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en sa Parole qui clame HEUREUX ces gens là. C’est le plus puissant des miracles, le plus urgent des signes d’évangélisation à offrir à notre monde.
Aucun athlète n’est couronné vainqueur sans sueur. Aucun d’entre nous ne peut demeurer « étranger » aux idées subliminales promulguées par les Corazine et Bethsaïde – la richesse donne le bonheur – sans chercher avec labeur en nous-même un autre monde. « Notre demeure est dans les cieux » Le risque est toujours présent de vivre nos vies de moniales, de chrétiens dans une sorte de bulle imperméable à la Parole, dans un état d’autisme qui rend inutile tous les appels à la conversion. Une attitude non nouvelle puisque même le peuple de Dieu, pourtant sorti d’Egypte mais tellement centré sur lui-même « n’a pas écouté la voix du Seigneur à travers toutes les paroles des prophètes ». (1ère lecture) Il s’est enfermé dans son propre malheur.
Ce qui devrait nous étonner vient de nous dire Luc, (Matthieu exprimait la même chose dimanche dernier en parlant des prostituées) ce sont des villes à la réputation d’être des villes païennes – Tyr et Sidon - qui entendent « jusqu’à porter des vêtements de deuil. » Sa question finale est la nôtre : « Et toi Capharnaüm», toi Église en terre d’ici « seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? » À comprendre, » s’auras-tu écouter la voix du Seigneur » (Acc.)
Notre avenir de cité heureuse ou malheureuse n’est pas tracé d’avance comme un destin fatal. Il sera en fonction de nos capacités à devenir en acte une « nouvelle sorte de monde ». Nous risquerons alors de provoquer un « tsunami social » pour citer le cardinal Lustiger qui ouvre sur des fruits au goûts de l’Évangile. Ne nous contentons pas de voir, ne nous contentons pas d’observer. « Il nous faut » pour citer un rabbin «faire parvenir la nation dans son ensemble ou le genre humain à la perfection. » Il faut inviter à changer de Cité
À votre contemplation : nos vies se passent dans un autre monde. Pour réussir à y entrer, il nous faut métamorphoser cette culture de surdité par celle de l’Écoute. Nous avons en nous le pouvoir de sortir de nos bulles protectrices en ouvrant nos oreilles pour « aujourd’hui ne pas fermer notre cœur mais pour écouter la voix du Seigneur » (acc.) « La personne humaine se réalise quand elle apprend à vivre dirigé, pointé vers autre chose qu’elle-même. » (Victor Frankl) Que cette prière finale soit la nôtre : « permets Seigneur, que cette communion reçue en la fête de Saint Jérôme réveille le cœur de tes fidèles : attentifs aux enseignements de l’Écriture, ils verront quel chemin il faut suivre. » AMEN.
A
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