Année B : vendredi de la 3ième semaine de l’Avent (Litba03v.05)
Jn 5, 33-36 : Jean-Baptiste, une vie « polariser » par l’Agneau de Dieu
Isaïe 56, 1-3a.6-8
« Jean-Baptiste n’a pas reposé sur le cœur du maître mais il l’a compris et deviné dans sa solitude; il l’a indiqué aux autres. Il n’a pas voulu en jouir pour lui-même. Il s’est effacé…. ». Dans le désert, il été si proche de Dieu qu’il en fut le précurseur. Dans sa solitude, il a été si grand qu’il fut jugé digne de verser l’eau purificatrice sur le Christ. Dans le silence, il a tellement été saisi par Jésus qu’il a repoussé ni la prison, ni la mort au nom de la Vérité. Une telle manière de vivre, ne pas chercher à paraître mais à disparaître, a fasciné Jésus. Elle est la nôtre ici.
Celui qui a été annoncé à Zacharie malgré l’âge avancé de son épouse, a été créé pour voir, connaître, admirer et clamer l’arrivée de ce « nouvel habitant du monde » (Guillaume de Saint Thierry), l’Agneau de Dieu. En quittant tout, en menant une vie ascétique, il a tellement rencontré la grandeur de Dieu, en a été si impressionné qu’il en a retiré une vie conscience de ce qu’il n’était pas. « Il a rendu témoignage à la vérité » « Il a été la lampe qui brûle et qui éclaire, une lampe qui pour un moment vous a réjoui de sa lumière. »
« Cette lampe », dit Guillaume de Saint Thierry « destinée a éclairée le monde m’apporte une joie nouvelle car c’est grâce à elle que j’ai reconnu la vraie Lumière qui luit dans les ténèbres mais que les ténèbres n’ont pas reçue. » (Jn1, 15) Il ajoute : « nous pouvons t’admirer Jean, mais imiter ta sainteté est pour nous impossible »
Comme pour Jean-Baptiste, nous donner une manière de vivre « polariser » par cette proclamation de Dieu – et Dieu sait si notre monde en a grand besoin - passe par ce ministère de « demeurer avec nous-même » « en nous-même », ce très exigeant ministère de « nous souvenir de Dieu plus souvent que l’on respire ». (Grégoire de Naziance) Sans ce ministère, véritable combat de tous les instants, nous risquons d’être envahi par cette « pollution commerciale » - l’expression est de Benoît XV1 - par ce « divertissement » qui nous pousse dehors, accroît notre insécurité et nous empêche d’humer l’odeur de l’Agneau de Dieu. Sans ce ministère, ministère du « désert », nous risquons au soir de Noël de nous « glorifier de parler mieux de Jésus que d’en bien vivre ». Oui devant ce Dieu qui vient, parler est souvent la meilleure façon de taire l’essentiel.
Contemplatives, contemplatifs, n’ayons pas peur de reconnaître Jésus, c’est notre vie. Ne soyons pas terrorisé non plus même s’il s’agit d’une tâche pleine de risque comme Jean-Baptiste nous l’indique. N’ayons crainte d’affirmer notre foi en ce Dieu fait homme. Sachons que « les incroyants sont des obsédés qui parlent de Dieu pour dire qu’il n’existe pas. » (Jean-Paul Sartre) Affirmons clairement que la possession de biens tellement omniprésents chez nous, en nous aussi, ne contribue en rien à éliminer notre angoisse mais seulement à éloigner la naissance de Dieu en nous. (Tauler) Ne nous résignons jamais à cette tiédeur dont la cause origine souvent dans ce manque d’espace vide en nous, dans cette mentalité d’encombrement qui laisse peut de place à Dieu.
Le mystère de l’obscurité de Dieu est lourd pour nos yeux humains. Mais cette obscurité chemine vers l’aurore et elle constitue la plus pure certitude que Dieu puisse nous donner de sa Venue. Nous avons été choisis pour le Voir, pour Le faire voir dans la nuit. « Après les ténèbres, j’attends la Lumière » dit Job.
À votre contemplation : « Pour que les peuples de la terre te proclament Dieu » (acclamation), il faut introduire dans nos cœurs ce que nos lèvres proclament à l’extérieur. Quelle surprise il y a de chanter d’être cherché par Dieu ! C’est le bien suprême. Quelle dignité et grâce de chercher ce Dieu qui nous a déjà trouvé, ce Dieu, lumière véritable qui guide tous les peuples vers « sa Maison de prière » (1ière lecture), vers sa Table eucharistique. AMEN
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