Année C : Vendredi des cendres (litcc00v.04)
Mtt 9, 14-15 DEVENIR PÂQUES
Permettez qu'en entrant dans ce que les anciens appelaient "un vénérable sacrement ", je fasse mien ces mots qui nous viennent du très lointain 1Xième siècle avant notre ère et qui étaient le point d'arrivé d'une tradition religieuse (hindouisme) adepte du détachement par le yoga :" il faut méditer sur l'être, s'y tenir de sorte que rien d'autre n'arrive, sinon l'être".
Contemplatives, à quoi bon naître si nous ne pouvons progresser vers la maturité, vers ce plus être dirait Teilhard de Chardin.? À quoi nous servirait d'être baptisé, d'être moniale, si nous ne progressons pas vers cette plénitude d'être, vers cette plénitude de vie dirait St Jean, plénitude d'une vie mystique, d'union à Dieu. ? La question de livre de l'EXODE est toujours actuelle : "Le Seigneur est-il oui ou non parmi nous, en nous" ( Ex17,7)
S'il y a présentement urgence, c'est d'entrer comme humain d'abord, comme chrétien aussi dans ce temps tellement important que Benoît a pu dire à tous les chercheurs de Dieu:" Fais donc de toute ta vie un continuel carême ." Faire de toute notre vie un temps précieux pour nous dépouiller de ce qui n'est pas humain: attachements, amassements de bien, désir de toute puissance, querelles, divisons, conflits qui, disait Jacques cette semaine, laissent voir que nous sommes " pleins de convoitises, de jalousies". Il ajoutait " l'amour pour les choses du monde est hostilité contre Dieu. Celui qui veut aimer les choses de ce monde se pose en ennemi de Dieu" (Jc4,5) Dieu s'oppose aux puissants. Aux humains (humbles) il accorde sa grâce.
Loin de moi en ouvrant ce carême de canoniser les exigences pénitentielles mais plutôt de canoniser l'appel à devenir Pâques. À devenir ce que nous sommes, bonne odeur du Christ. Appel à contenter Dieu jusqu'à le rejoindre, jusqu'à " avancer courageusement " sur son chemin (Thérèse d'Avila, fondation4,4) Jusqu'à " abandonner complètement notre volonté " ( de l'avoir) pour boire à la sienne. " La contemplation parfaite " (Thérèse d'Avila) est devenir ce que nous sommes.
Quelqu'un a écrit que le Carême est une corde tendue à la solidarité et qui, par le partage, le jeûne ( à se demander si se priver de ce qui n'est pas humain est une privation ?) la prière, rend ainsi possible l'union mystique tant souhaitée. Faire tomber les chaînes injustes, délier le joug toujours plus écrasant, libérer les prisonniers incluant les prisonniers politiques dont notre monde raffole, donner du pain aux affamés, recueillir les malheureux (1 ière lecture) voilà qui fait la joie de l'Époux qui s'empresse alors de nous inviter à sa table. La joie nuptiale sans ascèse comme sans croix est imprenable.
A votre contemplation: il nous faut savourer la fidélité de Dieu, sa patience à attendre que nous devenions ce que nous sommes: des fils et filles de Pâques en acte. Savourez la patience de Dieu qui " même lorsque nous le quittons, Lui ne nous quitte jamais" (Thérèse d'Avila Autobiographie 6,9). À en croire la Bible, les sages de toutes les cultures religieuses, les moines et saints, jeûne, partage, prière sont un chemin vers Celui qui seul peut rassasier, réjouir et consoler, un chemin pour goûter à la vraie vie de Ressuscité. Devant ce chemin, disons avec François voilà ce que je veux. Voilà ce que je cherche. AMEN
ACCUEIL Nous l'oublions trop vite: avant d'être un chemin de dépouillement, le carême est une célébration . Célébration du silence pour se livrer à la prière. Célébration du partage pour éloigner les horreurs de la faim. Célébration ou se réalise le grand projet de Dieu de transformer des grains de poussière en grain de beauté (Silouane)
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