Année C- vendredi de la 20 ième semaine ordinaire (Litco20v.04)
Mtt 22-34-30 le grand commandement réussir sa vie.
La première lecture nous parle de vie. L'Évangile de ce jour nous en indique le chemin. Pour nous faire entendre cette vie et nous en montrer le chemin, l'Église offre à notre regard un homme, docteur de l'Église, qui a parlé de vie et dont la vie est un chemin pour tous les moines et moniales.
Ce "chantre de Marie", cette figure de proue pour tous les chercheurs de Dieu, tous les mystiques, a connu une vie d'extase amoureuse qu'il nous a partagé dans son Cantique des Cantiques. Bernard s'est donné une seule vocation : réussir sa vie, réussir – je dirais, sa vie nuptiale avec Dieu. Comme chemin, comme voie nouvelle qui ne ressemble à rien de connu et qui peut sembler si bizarre à notre entourage, il propose de nous enfoncer profondément dans le mystère de Dieu en le contemplant, le regardant dans ses souffrances " jusqu'à lui devenir semblable" . Toute sa vie, il prôna une spiritualité axée sur l'amour de Dieu, des humains et pourquoi pas des idées aussi. Malgré ses "sorties" hors du monastère, ce géant de la spiritualité du désir nuptial n'est jamais sortie du mystère de l'amour de Dieu. Il a réussi sa vie, non d'une réussite à la manière que l'entend notre société ou l'argent la célébrité, le pouvoir, les plaisirs sont les mots clés. A la manière de Jésus qui a donné sa vie et qui a donné vie" aux ossements desséchés".
Contemplatives, une seule logique – et c'est la nôtre - l'a animé toute sa vie : " La raison pour laquelle il faut aimer Dieu, c'est qu'il est Dieu et la mesure, c'est de l'aimer sans mesure " (St Bernard) Une évidence qui pourrait nous aveugler! Comme lui, nous cherchons à nous donner une vie plongée dans le mystère de l'oraison jusqu'à contracter mariage avec l'Époux divin pour citer son commentaire du Cantique (sermon 4, Allia, Paris 1999) Comme lui, nous ne préférons ou essayons de ne rien préférer à l'amour de Dieu, à l'oeuvre de Dieu en nous. Comme lui, nous désirons nous laisser entraîner auprès de Dieu, de revenir à Lui. " "J'étais noir et je suis devenue belle" nous dit l'aimé au début du Cantique des Cantiques. J'étais détourné de Dieu et je me suis tourné vers Lui.
Ce grand commandement est un appel et un chemin pour réussir nos vies. Si Dieu s'est mis à notre recherche, c'est que nous avons du prix pour Lui, que notre vie a une valeur infinie. "Ce que l'on fait crie plus fort que ce que l'on dit" (Bernard de Clairvaux). Nous savoir comme dit le cantique d'Isaïe des "préférés" de Dieu. Savoir aussi que notre terre peut devenir "l'épousée" de Dieu
A votre contemplation, le mystère de cette vie réussie n'est pas dans son style de vie. Il ne s'agit pas d'être ici pour clamer avoir réussi sa vie. Il repose sur le choix de Dieu sur nous et de notre consentement. C'est au quotidien que nous nous exerçons à l'acte le plus incomparable qui nous soit donné comme créature : ne permettre à nos yeux de ne voir que Lui et de le Voir en toutes choses; n'offrir à nos mains que de La toucher et le servir en toutes choses; n'exiger de nos cœurs que de L'aimer et Lui seul. Atteindre cet Amour, vivre de cet Amour est le dernier mot, le mot suprême d'une vie " en forme de vie". Pour cela, il est juste et bon, il est nécessaire aussi de nous offrir à Dieu jusqu'à devenir pour notre monde Eucharistie. AMEN
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C'est la contemplation de Dieu qui nous excite à l'amour affirme Denys le Chartreux. C'est la contemplation de Dieu qui donne une beauté inaccessible à ce commandement à la fois unique et pluriel que Jésus nous fera entendre ce matin.
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