Année B : Vendredi de la 6e semaine ordinaire (litbo06v.03)
Mc 8, 34-9,1 n’avoir rien pour le Tout.
L’Evangile du renoncement n’est pas facile. Ce serait une erreur grossière que de croire que nous avons réussi à vivre pleinement cette invitation de Jésus à se renier soi-même. Il n’est pas naturel de comprendre, même ici dans cette terre monastique, que le détachement matériel,-donne tes biens aux pauvres, familial quitte ton père et ta mère, personnel se renier soi-même doit devenir l’unique préoccupation de tout chrétien.
Pourtant n’avoir aucun attachement affectif et effectif, briser tous ces liens qui sont autant d’amarres qui nous retiennent au port, n’avoir rien, ne rien posséder, se vaincre soi-même (François) ouvre sur une véritable liberté extérieure et intérieure, sur une liberté inédite très recherchée dans notre société. Cela rend libre. Comment être libre quand nous sommes attachés à des choses, à une famille ou à nous-même ? Comment être libre quand nous nous plaignons que nous manquons de tout !
Si quelqu’un veut venir à ma suite qu’il se renie lu-même. Si vous ne laissez pas tout, vous ne pouvez être mes disciples(Lc14,26-33). Ces paroles sont de véritables moyens de “domination” sur nous-mêmes. Ce sont des paroles viriles qui nous font gagner la guerre contre nous-mêmes, contre le désir de la toute-puissance.
Pour appartenir à Dieu, pour suivre Jésus, il faut être en guerre, en état de guerre permanente contre cette tendance si ancrée chez nous, en nous, à se faire du bien, à se donner ces petits soins qui minent de rien minent notre attachement au Christ. Pour suivre Jésus, il faut mourir à quelque chose et non pas se dorloter, se complaire dans ces petits soins. Pour se donner toute entière au Tout, il faut ne plus se soucier de tout le crée (Thérèse d’Avila Chemin de perfection chp.IX)De tout temps, et peut-être davantage aujourd’hui, cette page de Marc apparaît comme la croix des croix.
N’avoir rien pour le Tout (St Jean de la Croix), n’être rien pour le Tout, c’est un véritable acte de foi. C’est, à la manière de Marie, dire oui à Dieu en incarnant ce oui jusqu’à vivre comme Jésus qui a quitté son Père. C’est d’expérience que Jésus parlait quand il invitait à ce détachement affectif: celui qui aime son père, sa mère plus que moi n’est pas digne de moi (Mt10,37) .
Seigneur que veux-tu que je fasse ? Marc répond : donnons ce que nous avons, ce que nous sommes. Détachement effectif et affectif pour s’attacher à Dieu de tout notre coeur, de toutes nos forces. Il est impossible dit une grande mystique Madeleine Delbrel, de mettre sur une même balance Dieu d’un coté et tous les biens du monde de l’autre.
A votre contemplation : cette page est un mystère à vivre autant pour nous-même que pour notre Eglise à qui elle s’adresse. Abandonner le pouvoir qui était le sien pour agir comme Jésus; se départir de son image qui la hissait aux premières loges des grands de ce monde pour s’asseoir avec les sans voies; dispenser ses biens, les donner aux pauvres, autant de libération qu’elle doit vivre pour devenir Evangile de Dieu. Pour devenir une Eglise Évangélisatrice. Que cette eucharistie, véritable mystère de dépossession, se réalise, par grâce de choix, en nous. AMEN
Accueil : une Parole ce matin à posséder sans jamais en être possédée. Une parole dont la réalisation ne sera jamais complète, jamais définitive tant elle nous identifie à Jésus.
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