Année B: Vendredi de la 2ième semaine du carême (litbc02v.03)
Matthieu 21,23-43,45-46 les vignerons homicides
Quelle délicatesse il y a de la part de Jésus à nous raconter cette parabole! Comme sur la montagne du Thabor, il veut nous éviter de sombrer dans la désespérance quand elle se réalisera. Ce qui nous foudroie à son audition, c’est toute cette conspiration de mort contre Jésus. Ce qui est plus subtilement présenté, c’est l’immense joie du Maître à nous confier sa Vigne et son entêtement à jamais nous l’enlever.
Cette image de la Vigne contient tout l’itinéraire vécu par Jésus. Par nos pères dans la foi. Par chacun de nous. Écoutez. Pour Dieu, tout commence par la joie, celle de nous confier sa vigne, sa Terre-il planta une vigne puis la donna en fermage à des vignerons. Cette vigne est tellement ravissante que très tôt, elle a suscité l’envie de s’en approprier en tuant le Fils, l’héritier, pour avoir l’héritage, sans jamais- et c’est là le sommet de la parabole- atténuer l’entêtement de Dieu à nous la laisser à tout prix. Elle sera donné à un peuple qui lui fera produire son fruit.
Joie, douleur, gloire, étape-passage, étape-pâque que Jésus a voulu le premier prendre. Dans la vie, tout commence par la joie, passe par la souffrance pour se terminer en espérance du moins dans la gloire. Itinéraire d’Abraham - dimanche dernier - se mettant en route vers la terre promise mais qui, avant de connaître une postérité comme les étoiles du ciel, dut affronter la risée de la stérilité de Sarah, offrir son fils unique. Itinéraire de Jacob qui souffrit la disparition de son fils Joseph qu’il aimait tant avant d’éprouver la joie de le retrouver.(1ère lect.) Itinéraire de Moïse heureux de conduire Israël vers la Terre d’abondance mais qui, avant de voir Dieu sur le mont de l’Horeb, connut l’épreuve du désert. Itinéraire de chacune de nos vies d’Adam et d’Eve crées d’une poussière appelée à re-devenir Beauté, ressemblance de Dieu après en avoir perdu l’image. Itinéraire de nos vies spirituelles qui, au début, sont pleines de ferveur mais tôt ou tard s’affaiblissent pour péniblement renaître autrement. Itinéraire de notre Eglise et son chemin de croix actuel.
Il ne se passe pas une journée sans que cette parabole se réalise dans les coeurs de croyants et croyantes qui suivent Jésus. Cette parabole est notre quotidien. Notre Eglise est devenue l’Eglise de martyrs (J-P11, lettre nouveau millénaire(37).Ce qui est au centre du monde, ce n’est pas la croix mais la gloire. Plus souvent qu’autrement toutefois, ce qui impressionne, marque nos contemporains, demeure la souffrance, les croix de toutes sortes qui viennent comme tamiser la lumière de la gloire. Quoiqu’il arrive, éprouvons cette joie de ne jamais entrevoir, ne serait-ce qu’un instant, la perte de vue de cette gloire. Ce que l’on tue, ce sont des vies humains. Ce qui demeure, c’est que personne- pas même la mort- nous arrache à cette Vigne. Quel ravissement il y a à recevoir cette parabole !
Mystère joyeux. Mystère douloureux. Mystère glorieux. Comme au temps de Jésus, la joie est enfouie dans ce qui nous rebute. Recevons cette parabole moins comme une annonce d’un grand mouvement du meurtre de Dieu mais celle d’un incontournable itinéraire de gloire. Cette parabole fut donnée par Jésus pour nous ouvrir à l’espérance.
A votre contemplation : souviens-toi des merveilles de Dieu.(Acc) Quelle joie il y a à se voir inviter à cette Vigne!. Quelle douleur nous en éprouvons à réaliser qu’elle suscite autour d’elle toutes sortes de conspiration de mort! Quelle gloire cachée mais déjà présente sous le voile de cette eucharistie. En se faisant pour nous vigne immolée, Jésus nous fait comprendre qu’il nous faut agir comme Lui jusqu’à devenir don total. AMEN
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Ma pensée ce matin se porte vers ce peuple - vigne du Seigneur- assiégé, attaqué . A travers ce peuple, c’est l’héritier que nous attaquons, que nous tuons. Pour ce geste d’hier et d’aujourd’hui que l’héritier lui-même nous offre et accorde son pardon
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