Année A: Vendredi de la 34e semaine ordinaire (litao34v.02)
Mc 10,17-31 Sirac 44, 1,10-15 toussaint de l’Ordre franciscain
Il s’agit de la dernière fête inscrite au missel franciscain. Dernière fête de ce long palmarès de visages d’hommes et de femmes ordinaires, issus du peuple ordinaire et qui ont étonné leur entourage tant leur vie était entièrement consacrée à suivre Jésus, Jésus pauvre. Ils étaient Évangile, des incarnations de Jésus. Nous faisons l’éloge ce jour de personnes qui n’ont rien retenu d’eux ni pour eux afin de ne retenir que Dieu seul (LOrd29). Leur nom reste vivant et les générations raconteront leur sagesse(1er lecture). Laissons-nous nous raconter une sagesse, une manière de vivre: celle de manquer volontairement de tout pour ne manquer de rien. Vends tout ce que tu as.
Cette sagesse là contribue à rénover nos demeures, nos sanctuaires intérieurs, à remodeler en nous l’Eglise. Faisons-lui en nous un temple et une demeure: pour lui, le Seigneur Tout-Puissant, Père, Fils, Esprit (1R22,27). Cette sagesse là étonne et détonne tant la seule préoccupation consiste à se laisser contempler par Dieu, le seul véritable contemplatif. Posant son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer.
Oui, cette Toussaint de votre ordre redit la faisabilité de tout quitter, tout vendre, abandonner son “moi”, pour obtenir un trésor sans prix. Encore faut-il que nous puissions écouter ces paroles de Jésus, va, vends, viens et suis-moi - dirait Madeleine Delbrel sur le bord du mystère d’où elles sortent. Les écouter dans leur simplicité abrupte, dégagées de tous les commentaires, de toutes les interprétations pour en adoucir la portée. Avoir la Sagesse de vivre parfaitement le saint Évangile. Voilà ce que je veux, voilà ce que je cherche, ce que du plus profond de mon coeur, je brûle d’accomplir (1 Cel chap.9)exprimait François.
Tout quitter - vie, bien, famille - pour avoir pour maître les pauvres (Père Corriveau)et surtout le Pauvre par excellence. Être pauvre - non pas dans la misère - avec les pauvres, cela fait partie intégrante du chemin de ceux et celles dont nous faisons mémoire. Contemplatives, ce chemin est le coeur et au coeur de la mystique franciscaine. Si notre foi en ces paroles de Jésus, ces paroles qui façonnent de saints, ces paroles à écouter sur le bord du mystère semble inconciliable avec la mentalité de notre monde, notre foi alors ne serait plus “dans le vent”, à la mode. Elle serait périmée. L’Évangile serait périmée. La sainteté serait périmée.
La seule façon de manifester Dieu aujourd’hui se trouve dans l’écoute sur le bord du mystère de l’invitation à tout quitter. François et ceux dont nous faisons mémoire ce jour ont vécu avec intensité ce chemin, unique remède à la théocratie, à la recherche de toute puissance si innée chez nous, peut-être aussi en nous. Unique chemin d’évangélisation. Maurice Zundel en référence à François se demandait s’il était-il préférable d’être le serviteur du serviteur ou le Serviteur du Maître lui-même? (Zundel, ton visage, ma lumière, 1999 p.52)
A votre contemplation: Tout quitter n’est pas un anéantissement mais un accomplissement. L’anti-possession est notre richesse, notre fragilité aussi. Ils ont vaincu les péchés du monde, ils ont suivi le Christ, ils possèdent la gloire du royaume des Cieux (Acclamation) Dieu en Jésus est apparu en forme de pauvre, en forme d’homme pour que nous apparaissions en forme de Dieu. La grande nouveauté que cette fête nous suggère et que nous n’avons pas encore complètement compris, est qu’il nous faut changer de richesse. Posséder moins pour avoir plus, pour devenir béatitude. C’est le sens profond de cette eucharistie que nous vivrons au bord du mystère. AMEN
accueil :
Pour vous se termine une semaine sainte, une sainte semaine avec les Léonard de Port-Maurice, les Jacques de la Marche et aujourd’hui avec tous les saints de votre ordre. Pour cette semaine à la liturgie hautement franciscaine et dans les mots de l’antienne d’ouverture: chantons notre Dieu, soyons dans la joie, exultons, rendons-lui gloire.
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