Année C: Vendredi de la 17e semaine ordinaire (litco17v.01)
Mathieu 13,54-58 manque de foi des gens de Nazareth
Tout l’Evangile- et cette page en particulier de Matthieu nous le confirme - est une protestation contre un Dieu puissant, entraînant sur son passage sa portion magique de miracles. Tout l’Evangile nous offre un look de Dieu qui refuse de se confondre avec les puissantes armées de ce monde. Un messie triomphant, puissant, voilà le regard que portait le peuple sur l’identité de Jésus qui devait venir. Or, dans la synagogue, il ne voyait que le fils de Marie et du charpentier Joseph, que ses origines terrestres. Le peuple connaissait trop bien Jésus pour l’entendre dire ce qu’il avait à dire de la part de son Père. Leur émerveillement du début, alors qu’il était dans le temple avec les docteurs de la loi, et qu’en lui s’accomplissait l’Ecriture, alla tourner en désenchantement. Il tentera demain à la tuer à cause de ses présomptions de fils de Dieu.
Ce peuple qui accourait à Jésus, curiosité oblige ! manquait de vision. Matthieu dit manquait de foi. Il refusait de se laisser surprendre par les paroles inédites de Jésus parce qu’il croyait savoir ce qu’il allait dire ce fils de Marie et de Joseph. Comme l’exprime l’apôtre Paul, ce peuple voyait de l’extérieur. Il voulait saisir Jésus avec des yeux de chair, des yeux incapables de voir ni de soupçonner le mystère de sa personne. A quoi servirait dit le grand mystique Angelus Silesius à Jésus d’être né à Bethléem, s’il n’est pas né en toi ? Jésus ne peut être reconnu que par le dedans, qu’avec des yeux de foi, je dirais, des yeux éveillés, émerveillés.
Tout l’Evangile est une école d’émerveillement, école qui oblige pour un instant à s’oublier, à nous arracher de nous-mêmes, à connaître ce vide créateur dirait Zundel qui ouvre sur un nouveau savoir, plus en profondeur, plus intérieur. Se donner des yeux coup de foudre qui nous fait projeter sur Jésus ce regard qui nous le fait connaître autrement que ce fils de Marie. Être émerveillé par ce Fils de Marie jusqu’à nous laisser combler par ce que nous voyons en lui : le fils même de Dieu. Cette capacité là est infinie. Le peuple n’avait pas ce regard là qui ouvre sur une nouvelle connaissance, celle de savoir que Dieu est en-dedans de nous, que l’Éternel est en nous.
Déjà Aristote disait que tout savoir commence par l’émerveillement, par ce coup de foudre de l’admiration. Le peuple cherchait dehors, cherchait à voir un Jésus qui ne peut être reconnu que par l’émerveillement du dedans. En acceptant le chemin de l’Incarnation, Jésus savait qu’il allait s’exposer à un regard qui finalement le conduira à la mort, au ridicule.
Vivre dans un état d’émerveillement constant pour voir autrement Jésus, pour voir autrement ce monde qui est le nôtre, pour voir en profondeur, au delà des images, au delà des mots. Voilà le sens de votre vie ici. Le regarder sans jamais en perdre -dans la routine- l’émerveillement de ce premier regard posé sur lui. Toujours se donner un regard fasciné par un ailleurs.
Les pauvres, les déprimés, ce sont ceux et celles qui refusent de s’émerveiller. L’unique nécessaire pour reconnaître Dieu en lui-même, dans les autres, nos consoeurs qui nous sont proches, demeure notre capacité d’extase en voyant la beauté qui s’y cache. Ce qui nous maintient dans un état contemplatif, c’est d’affirmer : Dieu tu es moi et je suis toi. Jean dirait moi en eux et Toi en moi. (Jn17,23) Je est un Autre dirait Zundel.
A votre contemplation : Effata, nous a dit Jésus. Ouvrons-nous à notre fond profond pour retrouver le sens de l’émerveillement. Retrouver parce qu’avec les années ici, le danger de le perdre est omniprésent. Retrouver ce sens pour nous éviter de ne pas reconnaître ce Jésus qui est là au milieu de nous et qui nous offre maintenant son pain. Le vrai miracle ne serait-il pas celui de maintenir en nous des yeux émerveillés, de projeter un regard d’émerveillement, d’extase, sur ce pain qu’il nous donne à chaque matin. AMEN
Accueil:
Me revoilà au milieu de vous pour une autre saison d’émerveillement. Me revoilà pour ensemble, moi pour vous et vous pour moi, nous prêcher mutuellement l’Evangile. Prêcher n’est pas juste d’ouvrir la bouche pour parler. C’est d’abord un acte de contemplation. Une eucharistie pour contempler celui que - vous et moi - nous prêchons de manière différente mais réelle.
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