Année C : vendredi de la 24e semaine ordinaire (litco24v.01)
Matthieu. 9-9-13 fête de saint Matthieu, évangéliste.
A l’heure où le monde entier avec une unanimité rarement atteinte se prépare à attaquer tout lieu susceptible d’entretenir quelque lien que ce soit avec le terrorisme, sans exclure d’innocentes victimes ; à l’heure où les mots vengeance, contre-attaque, punition sont sur toutes les lèvres et dans tous les coeurs; à l’heure aussi ou d’autres voix se font entendre pour inviter à la modération, l’invitation de Jésus - c’est la miséricorde que je désire - semble venir d’un autre monde, d’une autre planète. Des paroles aux allures de science fiction. Des paroles pourtant d’une grande actualité. Des paroles-Dieu pour un jour en feu et je sais la pureté d’un pur désespoir écrit le poète Théodore Roethre dans In a dark Time.
J’aime beaucoup cette question qu’un journaliste de Radio canada posait : Pourquoi un tel geste ? Tout en désapprouvant avec force des comportements d’une violence inacceptable, si nous savions le pourquoi, le dessous d’un tel geste,- les circonstances atténuantes diraient les procureurs de la défense - peut-être que notre regard deviendrait comme celui que Jésus a posé sur les Matthieu, Pierre, Paul du monde, un regard de miséricorde.
C’est la miséricorde que je veux. Comme Matthieu, laissons cette parole bouger en nous. Laissons-la se réveiller en nous pour qu’elle nous réveille et par nous le monde. Nous qui avons souvent l’impression d’être devant un monde aux comportements autistes; nous qui éprouvons d’énormes difficultés à transmettre nos valeurs profondes à ce monde, à communiquer avec lui tant il semble si lourdement handicapé, enfermé dans une spirale de non-écoute, il nous faut le regarder avec des yeux non de pitié mais qui ceux du psalmiste : le Seigneur rend le bien pour le mal. Il nous faut croire, espérer qu’avec humilité, douceur, patience, amour, un jour viendra où un choc comme un violent coup de vent, brisera ce mur d’isolement. Ce jour sera un jour de joie, de communion retrouvée. Je ne suis pas venu appeler ceux qui comprennent mais tous les autistes du monde.
Pour rejoindre ce monde souffrant d’autiste, il nous faut beaucoup l’aimer non dans ses comportements dans ce qu’il est. Il faut accepter de répéter, refaire, redire avec patience, douceur les mêmes gestes de pardon, les mêmes paroles de bonté, de compassion, de compréhension. N’est-ce pas cela évangéliser ? N’est-ce pas cela annoncer la Bonne Nouvelle ? Chacun d’entre nous a reçu le don nécessaire, l’habileté nécessaire pour poursuivre ce travail long, exigeant, épuisant pour se faire comprendre et convier à ce monde autiste que nous l’aimons. Allez apprendre que c’est la miséricorde que je veux. Il nous faut avoir le courage de prononcer ce mot au nom de l’Eglise et des hommes de notre temps (encyclique miséricorde)
St Paul précisait dimanche dernier que le Seigneur nous a confié un grand ministère : le suivre en faisant nôtre cette générosité de Dieu à projeter autour de soi un regard de miséricorde, regard qui transforme une vie en forme d’esclave en une vie en forme de Dieu. Heureux les coeurs miséricordieux à dit Jésus. Tu dois prendre à coeur tout cela et t’y donner, afin que tous voient tes progrès (1Tm4,14)
A votre contemplation : La miséricorde, c’est une autre manière d’être profondément humain. C’est un acte thérapeutique à offrir à notre monde autiste. C’est habiller notre regard de toute la plénitude de Dieu. C’est faire de chacun de nos instants une véritable liturgie, remplie de gestes toujours les mêmes, ceux de Dieu, qui, à force de patience, douceur, finiront par ouvrir les coeurs autistes à devenir eucharistie. AMEN
accueil :
Hier c’était Matthieu. Aujourd’hui, c’est nous qui sommes appelés à ce ministère d’offrir, en ces temps difficiles, à notre monde autiste, la générosité miséricordieuse de Dieu.
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