Année B : Vendredi de la 21e semaine ordinaire (Litbo21v.00)
1cor1,17-25 sagesse des hommes folie de la croix Mtt 25, 1-13 parabole des 10 jeunes filles
Une page que nous connaissons bien. Je l’avoue même, un peu choquante, déboussolante parce qu’elle semble faire l’éloge de l’égoïsme des jeunes filles prévoyantes, ce qui est en contradiction flagrante avec le message de partage que Jésus ne cesse de promouvoir. Cette page de Matthieu n’en est pas une de morale - la capacité ou pas d’attendre quelqu’un - . C’est une page mystique qui nous révèle que l’intimité, le commerce d’amitié que je vis avec l’Epoux qui tarde à venir, je ne peux pas le prêter aux autres. Comment prêter à un autre l’intimité que je vis avec quelqu’un ? Comment passer à quelqu’un ce que je vis de plus intime ? Impossible d’emprunter à un autre ce qui nous est le plus personnel qui soit: notre relation à Dieu.
Pour reprendre l’expression de Paul (1ere lecture) se serait vider de sa substance le mystère de l’intimité si je le prêtais à un autre. Je peux parler, difficilement, maladroitement peut-être, de ce que je vis avec quelqu’un. Je ne peux pas vous le prêter, vous en faire le cadeau, ne serait-ce que ce lapse de temps où l’Epoux tarde.
Que ce soit pour les frivoles ou pour les prévoyantes, l’Époux est là à la manière d’un poste émetteur en éternelle puissance de se dire, de se communiquer, d’être capté. L’Époux est là mais comme tout poste émetteur, il ne fait pas de bruit. C’est notre réceptivité qui est brouillée, endormie. Les oreilles de notre coeur, étourdies par tant de bruit extérieur, ne savent plus entendre sa mélodie tout intérieure. Elles ne sont plus en tenue de service pour capter la symphonie tout intérieur de sa Voix.
Impossible de demeurer en contact avec l’Époux sans nous affranchir, nous dépouiller, nous appauvrir de nous mêmes pour se faire accueil et attente de son retour. Cette parabole admirable de Matthieu nous appelle à l’oraison,l’oraison de tous les instants qui n’a pas besoin de mots, mais qui nous fait Parole de Dieu, qui nous introduit déjà dans cette salle nuptiale où, tôt ou tard, nous rejoindra l’Epoux. C’est l’oraison qui donne, qui contribue à faire le plein de nos réservoirs d’huile.
C’est pour respecter notre choix, notre liberté que Dieu se fait attendre. Il ne veut pas nous imposer son invitation à entrer dans la fête. Un Epoux qui s’impose n’est pas un véritable Époux. L’Amour ne s’impose jamais mais peut seulement être offert en héritage à ceux et celles qui savent veiller et prier. Et sur ce terrain, impossible de le prêter ou de l’emprunter.
A votre contemplation : Heureux celui qui veille dans la prière. Que cette année jubilaire toute centrée sur le Verbe fait chair nous fasse comprendre que la sagesse des prévoyantes passe par le chemin du Verbe, la puissance de la Croix. Il a plu à Dieu de sauver les croyants par cette folie qu’est la proclamation de l’Evangile. En mangeant son corps et en buvant son sang, nous tenons nos lampes allumées jusqu’au retour du Fils de l’homme. AMEN
Accueil :
Ce matin une page qui nous appelle à tenir bon dans la prière en vue des noces éternelles. Un page-invitation à reconnaître l’Epoux à travers ce rendez-vous soit avec une compagne, soit dans cet hôte qui vient nous visiter ou encore dans ce rendez-vous avec le silence pour laisser la prière parler. Pour nos coeurs lourds de sommeil, demandons-pardon.
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