Année C: fête du Sacré coeur 1998[1]
Luc 15: 3-9
Il faudrait des volumes et l’on aurait encore rien dit tant ce Coeur ouvert de Jésus renferme un insondable mystère. Marguerite Marie résume ainsi la foi de l’Eglise : Dès les premiers instants de son Incarnation, dès lors que ce coeur fut formé, la croix y fut planté et il fut rempli dès ce premier instant, de toutes les souffrance de sa Passion (Let 133).Voilà dit autrement ce qu’affirmait la lettre aux Hébreux: En entrant dans le monde, le Christ dit : me voici, je viens pour faire, ô Dieu ta volonté (He 10:5-7).
Tout est dit. Dès le premier instant de sa vie jusqu’au dernier, Jésus, pour citer Jean Eudes, a fait dévotion d’accomplir la volonté de son Père. Jésus, premier né de toute créature (COl 2.3), a remis au Père sa vie. François de Sale note que Jésus commence sa mort dès le 1er instant de sa vie, pour se faire réparation, mot qui a plutôt mauvaise presse aujourd’hui.
Marguerite Marie, Jean Eudes, Catherine de Sienne, ces ténors du Coeur Sacré de Jésus, observent que le coeur de Jésus est d’abord blessure. La petite Thérèse ajouterait volontiers d’amour. Il nous a aimé et s’est livré pour nous (Gal2.20). Cette fête ne se comprend pas sans un arrêt obligatoire sur sa souffrance et sa passion.
La civilisation de l’amour que nous souhaitons voir se réaliser passe par notre capacité d’introduire dans le concret de la vie sociale, économique, politique, le secret de son coeur..qui a tant aimé le monde, et précisons-le, avec un coeur d’homme (humain). Comment cela peut-il se faire ? En entrant d’abord dedans, en y faisant-là, dans ce coté ouvert, notre demeure. Nous pouvons y habiter justement parce que quelqu’un l’a ouvert sur la Croix. Comme à Zachée, Jésus nous demande chaque jour : aujourd’hui je veux demeurer chez toi. Sur la croix, Jésus nous a ouvert son coeur pour que nous y fassions notre demeure. Un coeur fermé est un coeur inaccessible.
C’est quand un partenaire ouvre son coeur blessé, le fait voir que l’autre non seulement peut s’y approcher mais se laisse attirer par tant d’ouverture. Se produit alors un soulagement chez les couples. Catherine de Sienne parle d’un ravissement. Jean-Paul 11, lui affirme que ce coeur ouvert nous ouvre à la révélation du mystère de la miséricorde (DM13). Nul n’aura jamais le sens de Jésus-Christ crucifié à moins d’avoir eu accès aux profondeurs de son Coeur. (Dm 4)
Une fête, solennité, pour nous dire que ce coeur vaut absolument le détour. Il nous faut passer par là, près de la Croix, pour voir une invitation à vivre avec un coeur nouveau. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé(Jn10,9).Personne ne va au Père si ce n’est pas moi (JN 14,6). Notre monde semble se sauver par lui-même au risque de se noyer plutôt que de prendre le chemin ouvert par le coeur du Christ, cet ascenseur pour aller au Père,
A votre contemplation : Dieu nous demande mon coeur. Le Verbe s’est fait chair. L’Amour s’est fait coeur. Même si nous avons la sentiment de ne pouvoir jamais adéquatement répondre à cet amour livré de ce coeur ouvert pour nous, invitation nous est faite d’entrer dans sa chambre nuptial.(Cath Sienne) . Celébrons ce sacrement d’amour (Marguerite Marie), laissons ce pain de vie, prendre, posséder, transformer nos coeurs pour le rendre semblable au Sien. Je veux que ton coeur mon soit un asile pour me retirer quand d’autres me rejeteront. AMEN.
-Glotin E. S.j. Jean-Paul 11 a Paray-le-Monial ou Pourquoi le coeur in NRT t.108-5p685-715
Glotin E. S.j. Le coeur de Jésus, approches anciennes et nouvelles coll. Vie Consacrée no 16, 1997
Vie Spirituelle no 718 Mars 96 Catherine de Sienne et Thérèse d’Avila
Thomas R.o.c.s.o, Passer de soi-même à Dieu, coll Pain de Citeaux,#3 Série3 pp 73-88
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