Année B : Vendredi de la 23e semaine ordinaire ( litbo23v.97)
Lc 6 : 39-42 La paille et la poutre ; Timothée 1, 1-2.12-14 action de grâce de Paul pour sa Vocation.
Ce matin une invitation à entrer en soi-même . Observons en même temps l' extrême difficulté à rouler la pierre qui nous empêche d ' y entrer. En prétextant que la pierre est trop lourde, nous évitons d' affronter cette réalité que nous sommes rongés par une sorte de maladie occulte dont nous avons peu ou pas conscience : celle de juger les autres à partir de son propre regard plutôt que de les voir en Dieu . Nous savons que c ' est le regard qui sauve (Madeleine Delbrel. ) Nous savons que notre langue peut devenir notre ruine. Ne te fais pas une réputation d ' avoir une mauvaise langue ( Sirac 5,14)
Notre existence chrétienne se vit à la croiser de deux regards. Il y a ce regard de terrien en nous. Malgré nos années passées ici, nous découvrons que nos bas-fonds tendent à remonter à la surface. On sait aujourd ' hui que la pollution enfouie dans le fonds des lacs et mers demeure une menace parce que ces polluants ont cette fâcheuse tendance à vouloir remonter à la surface. Pire plus le temps passe, plus grand est le risque. Paul disait tantôt : autrefois je ne savais que blasphémer, insulter persécuter .
Ce regard de terrien, oh combien naturel ! , nous plonge dans la critique, d ' être d ' éternelle insatisfaite. C' est la paille dont on se spécialise à reconnaître l ' existence en l ' autre. Que d' imperfection voyons-nous...en l' autre! La liste est longue. Magdaleth, cette femme convertie à Jésus, écrivait : méfiez-vous de vous-même. Rien n ' est pire que le meilleur .
Cette tendance à regarder la paille, peut-être est-ce une tactique du prince des ténèbres pour nous éviter à questionner la longueur, la hauteur, la pesanteur de la pierre qui obstrue la porte d ' entrée en nous même cet autre regard, que Luc appelle la poutre. Enlève d' abord la poutre . Et me vient en mémoire à la question de Nicodème Comment quelqu ' un peut-il renaître s ' il est vieux ? . Que d ' habitudes ancrées, avec l ' âge ! Cette renaissance-là - ce passage du regard privilégiant la poutre à la paille, - est possible si l' on sait s' imposer une réforme venant d " en haut " . Paul précisait : Le Christ m ' a pardonné : ce que je faisais, c' était de l ' ignorance. Maintenant la grâce du Seigneur m ' est plus forte.
Entrer, par grâce de Dieu, en soi-même pour entreprendre une autoévaluation de notre degré d ' aveuglement, de l' importance de la poutre qui obstrue notre regard. Quand nos regards sont embrouillés, nous demandons la permission de visiter un optométriste qui corrige, grâce à des lentilles, nos imperfections. Quand nos regards de contemplatives deviennent fascinés par la paille que nous observons facilement chez l' autre, supplions Dieu qu' il nous gratifie de son regard de miséricorde. Il ne s ' agit pas ici de s ' abattre sur notre misérable moi (Cath Sienne) mais de s' élever, malgré l' épaisseur de la pierre à enlever - jusqu ' à entrevoir le projet de miséricorde de Dieu sur nous. Souvenons-nous de Dieu et de ses bienfaits.
A votre contemplation : annonce-toi la Bonne Nouvelle et nous la verrons mieux dans le regard et attitude des autres, dans les faits et gestes de notre Eglise. Dans les mots de Thérèse de l' enfant Jésus, recherchons cet ascenseur qui élèvera notre regard jusqu ' à projeter sur l ' autre Celui de Dieu. Il me semble que la véritable union mystique est de voir la perfection de Dieu dans l ' autre, de voir que Dieu a déposé son " image" dans notre consoeur. Plus on exploitera ce filon, plus on y découvrira en nos consoeurs, de nouvelles avenues qui révéleront d ' autres richesses de Dieu. Sachons que malgré nos poutres, nous portons en nous le tout-puissant regard de Dieu qui fait vivre. AMEN.
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