Année A: Vendredi de la 2e semaine ordinaire (lita02v.96 )
Mc 3, 13-19 : institution des douze
"Si l'on connaissait vraiment ce que Jésus fut pour ses apôtres avant même qu'ils soient choisis pour l'annoncer au Monde, on saurait mieux qui était Jésus". Ainsi s'exprime Marcel Légaut . Si nous pouvions savoir comment les apôtres vivaient leur foi naissante en Jésus avant même d'en devenir les ténors de la foi, quelle grâce ce serait pour nous " disciple de Jésus ".
Il faut entrevoir qui est Jésus avant de le prêcher par toute la terre, avant toute élabobation d'un savoir sur Lui. Il nous faut pressentir l'instant créateur où Jésus et le disciple furent révélés l'un à l'autre. Il faut le voir venir vers nous avant d'être envoyé vers les autres.
Entrevoir comment Jésus est venu nous rejoindre, se ressouvenir de cet instant où Lui et moi se sont rencontrés, vus, reconnus, entrevus, véritable point de départ de notre "devenir disciple", "devenir contemplative".
Ce que nous suggère cette page de Marc c'est que "voir" Jésus et vivre de lui sont un, que vivre de Jésus et le suivre ne sont pas séparable. Il nous faut disait l'oraison du 1er janvier sentir ce Dieu qui nous "atteint" afin d'être en mesure de s'approcher de Lui.
Entrevoir, comme les apôtres, qui est Jésus, c'est le chercher plus que le définir, c'est s'efforcer à se pénétrer de son esprit, c'est viser à lui ressembler autant que cela soit possible sans nécessairement l'imiter.
Pressentir que Jésus vient d'un autre monde avec des us et coutumes différentes des nôtres, une loi d'amour par opposition à la loi du Talion. Pressentir que ce Jésus, engendré non pas crée, n'avait rien où reposer sa tête, qu'Il était dans tout le sens du terme, un étranger parmi nous. Sans perdre ce qu'il était, il est devenu ce qu'il n'était pas ".
Pressentir que cet étranger appelle des hommes et des femmes à devenir comme lui "désintallé", à vivre d'une manière entièrement nouvelle, à vivre comme des exilés sur une terre qui n'est pas la leur. Jésus appelle des hommes et des femmes à developper des us et coutumes issues de la vie intime existant entre le Père, le Fils et l'Esprit. Voilà le point de départ du devenir disciple.
Pressentir que Jésus " déporte" ses collaborateurs dans un autre monde- le sien -, les fait marcher sur une autre Route - la sienne - , leur offre un bonheur que personne ne peut nous enlever. Choisis par Jésus, les douze devenaient des " étrangers" chez eux tant ils parlaient une autre langue, vivaient d'une autre culture dans un pays qui déjà se réalisait sur leurs yeux. Celui qui a vraiment quelque chose à dire est un étranger dans sa propre langue.
A votre contemplation : Rien de grand, de neuf, de créateur, ne peut-être fait par ceux qui ne sont pas capables de vivre ici-bas en déportés affirmait Marcel Legaut. . Et des déportés, dans les mots de Benoit Lacroix, demeureront toujours " une minorité signifiante", pour ne pas dire une ethnie différente: celle de chrétien.
- DE SCOTT, Thérèse, devenir disciple de Jésus, une lecture de l'oeuvre de Marcel Légaut, ed Duculot, Paris 1988,p.57
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