Année B: mardi de la 3e semaine du Carême (litbc3m.91)
Mtt 18, 21¬35 : ne pas savoir compter
"Tu ne perds rien pour attendre" " Attends un peu et tu verras ". " Tu vas me payer ça". Rancunes cultivées, griefs ruminés jusqu'à devenir irrémissibles, colère qui devient même une circonstance atténuante. Il faut être fort en calcul , en chiffres, aujourd'hui. Tout manque à ce chapitre risque de nous coûter très cher, de faire très mal.. Revêtus d'un épiderme sensible en ce qui concerne nos affaires, nous vivons la moindre atteinte à nos droits comme une véritable déclaration de guerre. Il arrive même que nous appelions Dieu à notre rescousse...
Mathieu bouleverse ces évidences. Combien de fois ? Jésus rejette cette question mathématique. Pour lui, il ne s'agit plus de savoir compter. Jésus ouvre une brèche à la spirale de violences. Un roi tout¬puissant qui offre remise d'une dette astronomique sur simple demande d'un haut fonctionnaire chargé de pouvoir sur le peuple et qui, par la suite, refuse une demande 1000 fois moindre à l'un de ses serviteurs. La question se pose : Vraiment dans quel monde sommes-nous tant tout est démesuré.
Dieu ne règle pas ses comptes comme nous. Il est un très mauvais comptable toujours disponible à reconstruire une alliance nouvelle, à donner une chance à la vie de vivre. Dieu, fait les premiers pas en nous offrant son pardon. Alors nous pouvons sortir du cercle infernal de la vengeance et de la colère sans fin. Comme Pierre, nous faisons l'expérience du pardon jusqu'à 70 fois 7 fois.
Nous sommes appelés à être comme Dieu. Le pardon n'est pas une exigence morale pour organiser autrement les relations humaines. Il découle de notre contemplation du Dieu de Jésus-Christ. En Jésus, Dieu nous remet toutes nos dettes jusqu'à souhaiter pour nous un coeur au dimension du sien, miséricordieux.
Difficile chemin que celui de s'obliger à ne pas savoir compter. Cette page de l'Evangile est de l'ordre de inaccessible amour. Qui donc est Dieu que nul ne peut aimer s'il n'aime l'homme ? Qui donc est Dieu qu'on peut si fort blesser en blessant l'homme ?Ï demande le poète d'une très belle hymne de la liturgie des heures. St Bernard ajoutait : "Il n'y a qu'une seule mesure à l'amour : aimer sans mesure."
A votre contemplation : Aimer sans mesure... comme Dieu... Mais attention. Cet amour là n'est pas un sentiment. C'est, comme Dieu, découvrir l'autre face des choses et des personnes. C'est, comme ce Dieu qui fait les premiers pas, aller à la rencontre, nouer, renaître. Faire grâce , agir envers nos frères et soeurs comme Dieu agit envers nous, développer en nous la passion de Dieu pour son peuple. Toi aussi, en ce temps du Carême, va et fais de même. AMEN.
ACCUEIL :
Rancunes, colères des maîtres-mots de notre manière d'être humain. Miséricorde et pardon des maîtres-mots de notre manière d'être fils et filles de Dieu. Confiant en sa miséricorde, demandons à Dieu la remise de nos fautes.
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