ANNEE B VENDREDI DES CENDRES ( LITBC0V)
Mtt. 9, 14-15
"Je vais t'attirer au désert et là je parlerai à ton Coeur."Prendre la route du désert pour éviter paradoxalement de devenir désert,"non-vie".Voilà le sens de cette quarantaine. La route du désert comme "arrêt" non pa pour apprivoiser Dieu par nos sacrifices, pour se faire valoir devant Dieu par nos production fussent-elles pénitentielles, nos exercices de piété, pour amener Dieu à intervenir en notre faveur : ce qui ferait de notre foi une foi de l'utile.
La route du désert à la manière d'Elie, de Moise et de Jésus, poussé par l'Esprit de Dieu, pour choisir la Vie. Ainsi parlait Moise à son peuple en quarantaine:" Je te propose aujourd'hui de choisir la ...vie" choisir la vie pour que la Vie nous choisisse.
Le désert ne s'adresse pas à des "petites natures" à des mentalités douillettes. Il est tentant de réduire le message du Christ à celui qu'on entend chaque jour:"je ne suis pas plus mal que mon voisin", ce voisin qui devient le point de référence ultime. Aller au désert parce qu'invité à plus: plus que des sacrifices, plus que des jeûne, plus que la prière et d'aumônes, Ce serait bien triste de ne jeûner que pour soi-même comme ce serait faux de prier ou faire des aumônes pour se gagner des faveurs.
Dieu espère davantage de l'expérience du désert qu'une recherche d'équation entre maladie et péché, souffrance et expiation, sacrifices et faveurs obtenues.
La route du désert, c'est une grande déroute de nos conceptions de Dieu pour se laisser engendrer par un Dieu "totalement autre"(Barth). Il nous faut désencombrer nos accès au Dieu de Jésus Christ. Que de choses à faire, que d'exercices de piété, c'est encombrant. La route du désert ou Dieu se contemple et se pratique.
Contempler le Dieu de la vie: qui prend au sérieux le cri des malheureux, qui se débat pour la fête des coeurs libérés et dont la passion pour la vie la conduit á…á la passion de la Croix.
Pratiquer à notre tour la passion de la vie, cette vie actuellement attaquée de toute part: pluie acide, diminution de la couche d'azone, sida, amours blessés, avortement.
Il nous faut faire " tomber les chaînes des injustices, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés" Voila notre pain quotidien.
Entrer en désert, ce n'est pas aller ailleurs dans un lieu territoriale délimité. Il se retrouve au coeur de notre quotidien, de nos villes, de nos usines. Le désert, il vient à moi ou que je sois. C'est un espace de respiration de l'essentiel. Il est ce temps de silence qui conduit à la Parole. Faire silence pour devenir Parole. Faire désert pour être Pâques pour notre monde. AMEN
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