2025-C-Lc 9, 11-17- corps et sand du Christ- donnez leur à manger
2025-C- dimanche du saint sacrement
Lc 9, 11-17- donnez-leur à manger
Je commence par une légende indienne. On rapporte qu’il y avait un homme de très pauvre condition qui chaque jour marchait près d’un champ de blé pour y recueillir les graines que le vent jetait sur son chemin. Le soir, il se faisait une galette qui allait apaiser sa faim.
Un jour, il vit passer près de lui un carrosse luxueux sur lequel se tenait le propriétaire du champ au regard plein de bonté. Il s’arrêta pour lui demander de lui donner les quelques grains de blé qu’il possédait. Il s’exécuta mais aurait plutôt apprécié recevoir des graines de blé en abondance. Alors qu’il puisait au retour chez lui, dans sa poche les quelques graines qu’il avait, l’homme découvrit une toute petite graine en or que lui avait laissé le propriétaire à son insu.
À chaque eucharistie, quelqu’un nous demande de lui donner le peu que nous avons. Le peu de vie que nous avons. Le peu de foi qui nous habite. Le peu de charité que nous pratiquons. Le peu de patience à bien vivre chaque jour notre situation. Le peu de sourire que nous offrons. Quelqu’un nous demande de lui offrir ce que nous vivons. De lui consacrer ce que nous avons, nos vies. Geste d’offertoire. Voici ce pain qu’il devienne ton corps. Voici nos vies qu’elles deviennent la tienne.
Émerveillement, le petit peu que nous lui donnons deviendra une miette d’or que nous retrouverons au moment de la communion. Voilà ce qu’est l’eucharistie. Le petit peu devient une miette d’or, une miette de pain divinisé. En nourrissant Jésus, il nous nourrit de sa Personne.
Comprenez bien. Le propriétaire dans son carrosse doré avait tellement faim d’aider le pauvre sur sa route qu’il lui a demandé de lui donner le peu qu’il avait. Le pauvre s’est fait nourriture pour ce riche propriétaire de vaste champ de blé.
La foule allait à Jésus pour lui faire entendre ses nombreuses préoccupations ; pour lui faire connaître sa joie d’écouter sa Parole pleine de sens qu’elle entendait. Elle confiait à Jésus que sa situation n’avait rien d’encourageant. Jésus fut tellement saisi d’émotion pour la sincérité de la foule que pour les remercier, il les a nourris de miette d’or, sa présence.
Comprenez bien, l’eucharistie c’est nous qui nourrissons Jésus, qui lui évitons de mourir de faim. Ne pas partager cette table, c’est priver Jésus de nourriture. Pour nous remercier, Jésus nous donne sa vie à manger. Prenez et mangez.
Un maître spirituel, Charles de Condren, se demande pourquoi communier. Il donne cette réponse incroyable qui n’est pas notre réponse spontanée, Dieu a besoin de se nourrir de nous. Émerveillement, le petit peu que nous lui donnons deviendra une miette d’or que nous retrouverons au moment de la communion. Voilà ce qu’est l’eucharistie. Chaque semaine, ici, nous nourrissons Dieu de notre présence, de notre joie de le célébrer, du plaisir qu’on a ensemble de former une Église domestique. Nous sommes la joie de Dieu, l’empêchons Dieu de mourir de faim.
Au siècle dernier, Élisabeth de la Trinité écrit : nous pouvons dire non seulement que chacun d’entre nous reçoit le Christ dans l’eucharistie, mais que le Christ reçoit chacun d’entre nous. Nous faisons un tort réel à Dieu, si nous l’empêchons de croître (saint Bernard). Nous sommes la table gastronomique, la nourriture favorite que Jésus apprécie le plus. Il se nourrit de la nourriture que nous lui offrons, lui qui durant toute sa vie a mangé à la table des Zachée, des Lévi, des prostituées, jamais à la table des leaders religieux.
Le miracle eucharistique est d’entendre Jésus de donner nous-mêmes à manger. À qui ? Le maître dans une parabole envoie ses serviteurs chercher boiteux, aveugles, chômeurs pour que sa maison soit pleine (Lc 14, 12-23). Il nous envoie chercher un tas de gens indignes en nous demandant d’être à notre tour nourriture pour les autres. Y-a-t-il mission plus belle que celle-là ? C’est la nôtre. Celle de notre Église.
Je vous remets une très belle réflexion d’une amie décédée qu’elle a écrite durant une retraite que je donnais sur habiter l’eucharistie.
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Ô EUCHARISTIE D’AMOUR
Ô Eucharistie d’amour, je t’adore
Que mon âme soit un vase en or
Où je peux te conserver et d’adorer
Et sans cesse t’aimer et te contempler
Eucharistie d’amour, tu es le pain vivant
Qui accepte toujours d’être présent
Transforme ma vie en adoration
Pour que tu sois en moi Incarnation
Ô Eucharistie d’amour, tu es la nourriture
Qui fortifie mon être tout entier
Pain des Anges qui me transforme
Tu te donnes à moi bien volontiers
Ô Eucharistie d’amour, tu es agissante
Tu embellis mon âme à tout moment
Pour que je devienne sacrement
Tu es Présence joyeuse et vivante
Ô Eucharistie d’amour, je te loue et t’accueille
Dans tout mon être sans résistance
Je ne veux pas te laisser sur le seuil
Je t’ouvre mon cœur avec révérence
Ô Eucharistie d’amour, je te reçois chez-moi
Viens comme une Amie sous mon toit
Divinise ma personne dans la tienne
Elle sera transfigurée pour la semaine.
Composé durant ma retraite en juillet 2007
Gilberte L