2025-c-Mt 7, 15-20 mercredi de la 12e semaine ORDINAIRE- començons à goûter ce beau fruit qu'est Jésus
2025-C- mercredi de la 12e semaine du temps ORDINAIRE (Litco11me.25)
Mt 7, 15-20 commençons à goûter Jésus.
Je ne peux pas m’empêcher de lire cet appel à méfiez-vous comme toujours actuel. Il n’y a pas si longtemps nous parlions d’aller à la messe, de faire ses pâques sous peine de faute grave. Nous allions à la messe et non à l’eucharistie. Méfiez-vous, dit Jésus, des faux chrétiens, des chrétiens de façade. Ce n’est pas en me disant Seigneur, Seigneur qu’on entrera dans le royaume de Cieux (Mt 7, 21).
Le passage d’aller à la messe à célébrer l’eucharistie est l’œuvre de toute une vie chrétienne. Entendre ceci est mon corps sans l’associer à cette affirmation centrale de saint Paul vous êtes le corps du Christ (1 Co 12, 17) ou à celle de Jésus quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18,20), risque d’être cet arbre qui ne porte pas de beaux fruits.
Dieu n'est jamais impressionné par nos prières quand nos actions ne suivent pas. Prier, assister à la messe, disions-nous autrefois, ne nous épargne pas d’agir, de faire notre part. L’évêque Marian Budde s‘est faite traiter de communiste par le président élu qui participait à un service religieux lors de l’inauguration de sa présidence[1]. Elle rappelait que l’amour passe par le respect de la dignité de chaque personne humaine.
À l’heure où la culture de chacun pour soi éclabousse nos regards, à l’heure où le repli identitaire nous protège de l’existence de l’autre, à l’heure où tout nous appelle à nous méfier de l’autre, de l’étranger, des sans-papiers, l’évangile nous fait entendre un autre appel : élargis l’espace de ta tente (Is 54, 2) comme chemin pour porter un beau fruit. Méfiez-vous des faux prophètes, des influenceurs déguisés en brebis alors qu’au-dedans ce sont des loups voraces. Le beau fruit à observer est de vivre le beau risque de l’existence de l’autre. Jésus est un signe de contradiction qui ne sépare pas, mais qui construit des ponts vers l’autre.
Il est illusoire de s’affirmer chrétiens, de désirer porter un beau fruit, si nous faisons l’impasse de ne pas nous occuper des autres. Nous ne sommes pas chrétiens pour nous sauver, pour nous mériter le ciel, nous sommes chrétiens pour changer la face de la terre. Nous sommes chrétiens pour sortir de nos cénacles et oser clamer que nous sommes tous frères. Nous sommes-nous déjà demandés que serait notre monde sans le mouvement inauguré par Jésus dans sa prière qu’il nous a enseigné ?
Durant la messe, il y a un moment où les participants sont invités à « oser ». Osons dire notre Père. Le chemin pour porter un beau fruit est celui de la fraternité. En ne vivant pas dans notre quotidien, dans nos tripes cette prière, nous refusons de vivre au risque de l’autre[2]. Jésus plutôt que d’appeler à s’approcher des gens hors normes, qui ne partagent pas notre foi, nous entraîne à sa suite vers eux. Notre histoire, notre vie de tous les jours est insérée dans une histoire universelle.
Jésus veut que tous les humains, pas seulement les croyants, travaillent à créer une société où il soit plus facile de vivre ensemble. Où il soit plus facile d’être bon avec nos différences. C’est à nos fruits de fraternité que nous reconnaissons ce qu’est un vrai humain.
La lecture laissait entendre que ce ne fut pas facile pour Abraham d’entrevoir une descendance plus nombreuse que le sable de la mer. Regarde le ciel, et compte les étoiles [...]. Telle sera ta descendance.
À votre contemplation : l’arbre au fruit juteux, c’est le Christ. Nous ne réussirons jamais à goûter pleinement ce fruit tant vivre ensemble se heurte à nos soucis de nous-même. Commençons à goûter Jésus, sa Parole, à goûter ce pain quotidien. AMEN
[1] https://protestantsdanslaville.org/wordpress/sermon-de-leveque-mariann-budde-2/
[2] Anne-Marie Pelletier, Vivre au risque de l’autre – La Bible contre l’identitarisme, Desclée de Brouwer, 2025. Très riche réflexion sur l’hospitalité.