2015-C-Mt 16, 13-19- chaire de saint Pierre
2025-C- samedi de la 6e semaine ORDINAIRE (litco06s.25)
Mt 16, 13-19- sommes-nous attrayants ?
En 2016, le prédicateur de la retraite à la Curie a fait remarquer que Jésus a posé plus de 220 questions dans ses nombreuses paraboles. Chacune de ces questions nous met en marche. Que cherchez-vous ? (Jn 1, 38) Croyez-vous ? (Mc 9, 24) Pourquoi avoir peur ? (He 13, 5) Veux-tu guérir demande-t-il au paralytique ? (Jn 5,6) Pourquoi avez-vous douté ? (Mt 14,31)
À l’écouter en profondeur, la question de Jésus qui suis-je nous montre qui il est dans son être profond caché aux regards des siens, mais se montrant dans ses moindres mouvements (saint Éphrem). Jésus attend plus que des bonnes réponses. Pierre lui a donné une bonne réponse pour aussitôt après le trahir. Maurice Zundel observe en allusion à ce passage qu’après la déclaration de Pierre tu es fils de Dieu, Jésus ajoute retire-toi de moi Satan (Mt 16, 18-23).
Cette question n’est pas une réponse pour nous mériter le ciel. Il s’agit d’un question-demande. Jésus demande aux siens d’être comme Lui, le sel de la terre, de vivre comme Lui le chemin des béatitudes, de respirer comme lui d’un humanisme sans faille. Il leur demande d’être son Royaume. D’être son cadeau pour le monde. D’être son paradis, sa terre de fraternité et de paix. D’être en mode marche.
Sa question ne nous permet pas d’être aveugles, de mener une vie qui refuse de voir le réel de notre monde. Elle n’inaugure pas d’abord une institution. Elle initie une façon d’être dans le monde et engage de bâtir des relations humaines radicalement nouvelles. Radicalement transformées. On disait des premiers chrétiens qu’ils étaient dans le monde, mais ne vivaient pas comme tout le monde. Le théologien américain Harvey Cox écrit que les chrétiens ne peuvent pas être expliqués dans les termes du monde, parce qu’ils ne vivent pas simplement en fonction de leur classe ou de leur race […]. Ils représentent pour le monde une énigme inexplicable[1].
La célébration de la chaire de saint Pierre appelle à vivre sur deux horizons, celui vivifiant (d’être) centré sur Jésus et cette vivifiance peut influencer la vie des autres (Maurice Zundel). Le chrétien, qui reconnaît en Jésus le fils de Dieu féconde la vie ordinaire d’un nouvel horizon, engendre un dynamisme nouveau.
Dans son prochain message pour la journée de communication sociale 2025[2], le pape rejoint l’esprit de la question de Jésus quand il écrit que les chrétiens ne sont pas d’abord ceux qui parlent de Dieu, mais ceux qui reflètent la beauté de son amour, une nouvelle façon de vivre toute chose. C’est l’amour vécu qui suscite la question, pourquoi vivez-vous ainsi ? Cela s’appelle de l’attraction (Benoit XV1).
Allusion sans doute à cette question de Jésus, le pape François exprimait que nous avons eu des idéologies révolutionnaires suivies d’idéologies restaurationistes. Dans tous les cas, ce qui les caractérise, c’est la rigidité. La rigidité est le signe du mauvais esprit qui cache quelque chose. Ce qui est caché peut ne pas être révélé pendant longtemps, jusqu’à ce qu’un scandale éclate[3]. La réponse de Pierre n’ouvre pas sur la rigidité. Elle surgit d’une profonde expérience de sa rencontre avec Jésus.
A chacun sa réponse personnalisée. Mais à chacun de se demander suis-je un chrétien attrayant, un chrétien dont la vie montre quelqu’un d’autre ? AMEN.
[1] https://www.osservatoreromano.va/fr/news/2025-02/fra-002/appeles-a-susciter-emerveillement-et-interrogations.html
[2] 59e Journée mondiale des Communications Sociales, 2025 - Partagez avec douceur l’espérance qui est dans vos cœurs (cf. 1P 3, 15-16) | François.
[3] Pape FRANCOIS : Un temps pour changer. Conversations avec Austen Ivereigh, éditions Flammarion, 2020, pages 84-85 cité dans https://www.garriguesetsentiers.org/2025/01/apprendre-a-assumer-fraternellement-nos-complexites.html