2024-B-Jn 1, 45-51 -samedi de la 20e semaine ORDINAIRE- ouvreur et passeur
Année B : samedi de la 20e semaine ORDINAIRE 24 aout
Jn 1, 45-51 : Barthélemy, un ouvreur et passeur.
Jean nous emmène à la campagne, sous un figuier pour divulguer une information qui va bousculer l’histoire avec un grand H ! Celui dont il est écrit dans la Loi de Moïse et chez les prophètes, nous l’avons trouvé ! Philippe court annoncer cette primeur à son ami Nathanaël qui est en fait Barthélémy.
Nathanaël, un sage d’Israël, érudit, étudiant en permanence la loi sous le figuier de la science, demeure septique. De Nazareth peut-il sortir quelque chose de grand ? Malgré ses études poussées, il doutait que Nazareth soit le lieu d’où viendrait le Messie attendu. Décontenancé, sans mot devant la froide réception de son ami, Philippe n’a plus qu’un argument : viens et vois ! Et Nathanaël découvre l’inattendu : Jésus dont il attendait la venue lui fait une déclaration à perdre souffle : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme.
Il est facile d’entrevoir la joie de ce savant, de cet érudit d'avoir été remarqué et félicité par ce Maître, d’être un chercheur de sens et de s’entendre dire : je te connais. Ravi d’avoir trouvé, il proclame : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d'Israël.
En ouverture de son évangile, Jean nous indique que c’est dans une rencontre personnelle avec Jésus que la foi prend forme et grandit en nous. La connaissance de Jésus ne suffit pas. La foi ne repose pas sur une réputation de « savant », des choses de Dieu. Elle nécessite des ouvreurs de chemin, des passeurs qui nous font expérimenter, rencontrer Jésus. Souvenons-nous de cet éthiopien (Ac 8, 27) qui lisait l’écriture sans ne rien comprendre. Quelqu’un, Philippe, lui a expliqué ce qu’il lisait. Quelqu’un lui a fait rencontrer Jésus. Paul, au milieu de l’aréopage, louange le peuple pour ce Dieu inconnu (Aa 17,23) qu’il vénère.
La foi en Jésus nait de passeurs, d’ouvreurs de chemin. Hier, c’était Philippe. Aujourd’hui, c’est chacun de nous. Il faut des Philippe pour transmettre la foi. Il faut des Philippe pour organiser notre rencontre avec Jésus, pour faire résonner sa voix en nous. Si nous sommes croyants, en marche dans le chemin de la foi, dans notre montée vers le Christ, c’est grâce à des ouvreurs, des passeurs, puis d’autres ouvreurs/passeurs, et d’autres encore.
Philippe n’a pas perdu son temps à convaincre son ami sur cet homme, fils de Joseph. Il ne lui a pas enseigné une idéologie ou doctrine sur Jésus. Il lui a transmis son émerveillement et sa foi d’avoir trouvé Jésus. Notre monde a besoin d'évangélisateurs qui lui parlent d'un Dieu qu'ils connaissent et qui leur est familier (EN #76) parce que les hommes d'aujourd'hui ont plus besoin de témoins que de maîtres. Et lorsqu'ils suivent des maîtres, c'est parce que leurs maîtres sont devenus des témoins ((EN #71)
Tout au long de son évangile, Jean fera retentir un message à deux faces : rester avec Jésus et aller vers les autres. On ne peut avoir trouvé Jésus sans le transmettre. On ne peut transmettre Jésus sans d’abord l’avoir trouvé. La foi en Jésus ne sera jamais une foi intimiste, quelque chose à vivre en vase clos. C’est annoncer Jésus qui fait grandir en nous notre relation avec lui. Notre manière de vivre est déjà une prédication de l’évangile, dit François d’Assise. Je suis toujours étonné d’observer que dans les évangiles Jésus envoie sur la route des disciples sans les avoir préparés. C’est d’avoir rencontré Jésus qui nous pousse vers les autres. L’expérience de Philippe est la nôtre.
Ce matin, rendons grâce à Dieu pour tous ces ouvreurs de chemin, tous ces passeurs qui redisent, nous redisent viens et tu verras.