2024-B-Mc 6, 34-44- samedi de la 4ième semaine ORDINAIRE- opter pour un vrai repos
Année B : samedi de la 4e semaine ordinaire (litbo04s.24)
Mc 6, 34-44 – à la recherche d’un vrai repos.
Venez à l’écart et reposez-vous un peu. Devant cet appel, le pape François dans une homélie de la messe chrismale en 2015 précisait : comme il est difficile d’apprendre à se reposer. La clé de la fécondité de tout évangélisateur se trouve dans la manière dont nous nous reposons[1].
Se reposer véritablement n’est jamais simple, parce qu’il y a le faux repos et le vrai repos. Nous sommes anesthésiés par des publicités qui nous font rêver de divertissements, de voyages, d’évasion. Le paradoxe est d’entendre les gens exprimer leur besoin de se reposer à leur retour chez eux. On est bien chez nous, dans nos affaires.
L’écart pour se reposer n’est pas une fuite du monde, de ses brouhahas ni une période pour relaxer. C’est un temps de rencontre, pour être avec Dieu. Pour nous recentrer sur Dieu. Près des eaux limpides, il me mène (Ps 22,(23) v.2). Le défi de l’écart est de faire tomber toute agitation, tout empressement, toute activité, pour garder, comme Marie, la parole de son fils en nous.
Cet appel s’adresse à tous les chrétiens. Au début de son pontificat, dans la joie de l’Évangile, le pape François écrivait : J’invite chaque chrétien, en quelque lieu, ou situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ, ou au moins de prendre la décision de se laisser rencontrer par lui. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui.
Et cet appel s’adresse aussi à vous moniales. Chacune d’entre vous doit trouver SON itinéraire pour rejoindre Jésus de l’autre côté du lac, et s’y astreindre !
Le vrai repos dont parle Jésus est celui de la reconnaissance. Il est un moment de contemplation et de louange, une vraie bénédiction plutôt qu’une fuite de la réalité[2]. Et quand j’observe que Jésus propose à ses disciples, revenant lui raconter ce qu’ils ont fait sur la route, un temps d’élévation, je ne puis qu’admirer sa grande humanité.
Marc est le seul à raconter cet épisode d’appel à l’écart où Jésus met ses disciples en mode arrêt pour qu’il puisse se rassasier, se régaler en autant que possible, de sa présence. Sa priorité n’est pas de voir ses disciples produire un rapport quinquennal, de juger le travail accompli. Sa priorité est de leur faire goûter qu’ils sont participants de la nature divine (2 Pi 1, 4). Humain est ce Jésus dont le regard sur ses disciples est loin du genre je-m’en-foutisme. Il les veut capables d’être comme lui dans le Père.
Dans l’homélie dont je faisais mention tantôt, le pape pose quelques questions. Est-ce que je sais me reposer de moi-même de mon auto-exigence, de mon autosatisfaction, de mon autoréférence ? Est-ce que je me préoccupe et me tourmente excessivement ou, comme Paul, est-ce que je trouve le repos en disant : je sais en qui j’ai mis ma foi (2 Tm 1, 12)? L’Esprit saint est-il vraiment pour moi repos dans la fatigue ou seulement celui qui me fait travailler[3] ?
Avouons-le, confessons-le, le défi le plus difficile est de se reposer de soi-même, d’un perfectionnisme impossible, de notre tendance autoréférentielle, de la mondanité qui prennent beaucoup d’importance dans nos vies. Les soucis du monde, la séduction de la richesse et les autres convoitises étouffent la Parole (Mc 4, 19).
Pascal reconnaissait que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas demeurer en repos à l’écart. Amen.
[1]https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2015/documents/papa-francesco_20150402_omelia-crisma.html
[2]https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2018/documents/papa-francesco_20180905_udienza-generale.html
[3] ibid