2023-B-Jn 1, 6-8.19-28- dimanche de la 3e semaine AVENT- qui est le prochain témoin ?
Année B : dimanche de la 3e semaine
Jn 1, 6-8.19-28 : qui est le prochain témoin ?
Nous venons d’entendre le récit de quelqu’un qui a besoin d’aide. Qui a besoin d’une bonne psychothérapie pour savoir qui il est. Jean-Baptiste se cherche. Il cherche à trouver son identité. Qui suis-je ? Qu’est-ce que je foutre dans la société. Et la foule ne l’aide pas non plus. Es-tu Élie, un prophète, qui es-tu ? Elle veut savoir qui est cet étrange personnage avec ses peaux de bêtes, ce marginal sorti du désert qui n’a aucun pouvoir politique, aucun titre religieux, aucune autorité légale pour parler, qui se tient loin du temple, qui souffrirait d’hallucination en voyant voir des choses dont personne ne voit et qui s’entoure de disciples fascinés par son appel à changer de manière de vivre.
Lucide sur lui-même, Jean-Baptiste a besoin d’être éclairé. Il sait qu’il n’est pas la lumière. Il a seulement le pressentiment de vivre quelque chose d’important qui le dépasse, de quelque chose qui est porteur d’espoir, de quelque chose qui transformera profondément les prochaines générations. Il entend surgir de la profondeur de sa personne une voix qui le pousse à parler. À témoigner d’un plus grand que lui. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui (Jn 1, 7).
Jean-Baptiste soulève de vives inquiétudes parmi les membres de la hiérarchie religieuse. Ce qui dérange les chefs religieux (d’hier et d’aujourd’hui), c’est que Jean-Baptiste est un anticonformiste. Il ressent dans ses tripes que quelque chose doit changer, qu’il ne suffit pas de fréquenter la synagogue sabbat après sabbat, qu’il est inutile de lire routinièrement les textes sacrés, il faut vivre autrement.
Malgré le contexte hostile, le regard de Jean-Baptiste n’était pas que du blablabla et rien de plus[1]. Il fait plus que de parler de Jésus, plus que de le montrer, plus que de le voir, plus que d’inviter à suivre quelqu’un qui est plus grand que lui. Il disparait pour lui donner toute la place. Il n’est pas jaloux de voir ses disciples lui tourner le dos et d’opter pour suivre Jésus.
Celui qui n’est rien, je ne suis pas, est un modèle d’évangélisateur, capable d’être en tout temps, dans la joie, de tressaillir de joie, de rendre grâce en toute circonstance, de ne pas éteindre (son) Esprit en nous. Il est une lettre écrite de la main de Dieu (1 Pi 4,11).
Nous ne le percevons pas, mais Jean-Baptiste est un modèle du chrétien aujourd’hui. Comme pour son époque, la nôtre tourne le dos à tout ce qui est religion officielle. Les réseaux sociaux sont devenus les « preachers » les plus écoutés. Pour montrer Jésus au milieu des célébrations festives, il ne s’agit pas d’avoir un mandat pastoral, un diplôme universitaire, d’être une référence en matière religieuse. Il ne suffit pas de parler haut et fort, de crier notre désolation, d’imposer sa vérité.
Non, il s’agit et c’est la force que dégage Jean-Baptiste et qui est la charte fondamentale de tout évangélisateur, de parler d’un Dieu que nous connaissons et qui nous est familier (EN #76). L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres [...] ou s'il écoute les maîtres, c'est parce qu'ils sont des témoins (EN #41). Une personne est crédible s’il y a harmonie entre ce qu'elle croit et ce qu'elle vit. Tant de chrétiens disent seulement qu'ils croient, mais vivent autre chose, comme s'ils ne croyaient pas [2].
Apprenons à voir au milieu du désert de la vie moderne, des Jean-Baptiste, des personnes qui rayonnent de sagesse et de dignité, qui ne recherchent pas du superflu et dont la vie parle de leur foi. Elles nous invitent à renaître, à nous immerger dans une vie différente, celle d’imiter dans nos vies l’esprit de Jésus. AMEN.