2022-C-Lc 11, 1-4 - mercredi de la 27e semaine ORDINAIRE- rêvons.
Année C : mercredi de la 27e semaine ORDINAIRE(litco27me.22)
Lc 11, 1-4 ; Ga 2, 1-2.7-14 : Rêvons
Faire ses exercices de prière ne signifie pas que nous prions. Nous récitons souvent la prière de Jésus. Cela ne signifie pas que nous entrons dans la prière de Jésus. Prier comme Jésus nous l’a enseigné, c’est « rêver » d’un projet de société. Dans sa prière, Jésus nous fait connaître les rêves de son Père. Il soulève aussi des enjeux planétaires qui, subtilement, se retrouvent dans nos propres rêves. Il nous offre de vivre les deux piliers pour bâtir son rêve : la justice et la réconciliation.
En nous donnant sa prière personnalisée avec son Père, Jésus « rêve » de nous voir vivre comme lui, en état d’intimité avec son Père, en état de proximité avec toutes les faims du monde, en état d’empressement à bâtir des liens de paix plutôt que de nous faire la guerre. Jésus rêve de notre communion avec lui dans le Père et entre nous. Il rêve de nous voir bâtir une terre fraternelle (cf. GE # 146).
Le rêve qu’il ramasse dans sa prière est un chemin pour toute l’humanité, pour chaque être humain, quelle que soit sa race, sa culture, son éducation, le lieu où il habite. Un chemin qui nous fait des sentinelles capables de voir la lumière dans nos nuits ; d’être des bâtisseurs au milieu des décombres. Rêver fait avancer, nous révèle l’étonnante force et mystère de sa prière.
Ce rêve de Jésus est universel, sociétal. Le partager, c’est refuser l’inimitié sociale qui détruit. C’est travailler au bien commun. Jésus rêve de nous voir non pas parler de fraternité, mais d’en vivre, non pas se contenter de dénoncer l’exploitation des pauvres, mais de s’impliquer à changer la situation.
Vivre ce rêve, c’est faire circuler la vie de Jésus dans nos veines. C’est s’enrôler dans un vaste mouvement qui fait frissonner nos cœurs chaque fois que nous clamons : Père que ton nom nous sanctifie, ne nous laisse pas nous éloigner de ton rêve, délivre nous de nos egos. Et l’évangéliste Jean atteste cela : tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres (cf. Jn, 13, 34-35).
L’importance de ce rêve de Jésus, de sa prière, est qu’il est « mondial ». On ne rêve jamais seul, mais avec d’autres. Dans son exhortation apostolique, Jésus vit, le pape cite aux jeunes un proverbe si tu veux aller vite, marche seul ; si tu veux aller loin, [faites-le ensemble], fais-toi accompagner.
Sont pauvres aujourd’hui ceux qui perdent la capacité de rêver, perdent la capacité de développer une passion. Ne nous arrêtons pas de rêver que son règne vienne, que son royaume fraternel se dresse entre nous, entre familles, entre peuples, entre nations, entre l’Est et l’Ouest ! Rêver que nous pouvons changer le monde est une petite graine d’espérance enfouie dans chaque cœur.
De nos jours, nous avons de multiples raisons de questionner la faisabilité de ce rêve de Jésus, de nous décourager en observant à quel point les disputes, divergences, les guerres nous divisent. Pourtant, c’est pour ce monde-là dont nous faisons partie que Jésus nous a donné sa prière. Quoi qu’il arrive, ne l’oublions pas, rien n’est à jamais perdu pour Dieu qui ne rejette jamais ceux et celles qui se tournent vers lui. Tu ne rejettes pas un cœur qui se tourne vers toi (Ps 51).
Pour que le rêve de Jésus se réalise, pour que change ce monde, pour que change nos cœurs, osons croire en la puissance de ce rêve et à l’infinie compassion de notre Dieu.
À votre contemplation. Ce rêve de Jésus se trouve dans cette rencontre entre Paul et les responsables de l’Église. Ce ne fut pas facile de réconcilier presque l’irréconciliable. Pour nous, cette prière est notre combat quotidien. Quand nous ne pouvons plus rien, quand nous sommes réduits à rien, c’est alors que surgit de notre ego intérieur (Lytta Basset), de nos souterrains intérieurs, la prière que Jésus continue à nous enseigner. AMEN.