2022-C-Lc 9, 57-62 -mercredi de la 26e semaine ORDINAIRE- trois impasses
Année C : mercredi de la 26e semaine ORDINAIRE(litco26me.22)
Lc 9, 57-62 : trois impasses.
Il faudrait se demander ce matin : avons-nous bien entendu et écouté ce que veut dire Jésus ? Jésus s’est-il mal exprimé ou avons-nous mal compris ? Avons-nous assez d’humilité pour dire que nous ne comprenons pas grand-chose de ces trois affirmations : ne pas avoir d’endroit où reposer la tête (v.58), de laisser les mots s’enterrer eux-mêmes (60) ou que celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume des cieux (v.62). Ces affirmations sont tellement hors du gros bon sens, que nous nous rebiffons. C’est insensé de penser comme ça. Ça ne fait pas sens.
Qui peut vivre sans endroit où reposer la tête ? Les sans-abris ont la rue. Qui peut vivre sans regarder en arrière ? Le passé est indéracinable de nos vies. Qui peut demander à des morts de s’enterrer eux-mêmes ? Ça ne tient tout simplement pas la route du raisonnable. Ces trois affirmations sont trois dangers se glissent subtilement dans nos vies et affectent notre vie de foi.
Il faut se l’avouer, notre enthousiasme de suivre Jésus risque de se refroidir tant le chemin est aride. L’Esprit est ardent, la chair est faible (cf. Mt 26,41). Le coup de foudre ne suffit pas pour suivre Jésus. Notre adhésion exige de cesser de tergiverser, genre permets moi d’aller enterrer mon père.
Pour comprendre ce qu’a voulu dire Jésus, il faut s’arrêter sur ce qui précède ces trois exigences à première vue désincarnées. Luc vient d’affirmer qu’avec un visage déterminé, Jésus est en route vers Jérusalem. Tout est dit. Voilà que ces trois dangers font alors sens.
Pas facile et pas nécessairement spontané de préférer l’Évangile avant toute autre chose ; de vivre l’Évangile avec plaisir, avec joie, sans hésiter. Pas simple d’envisager ces trois dangers comme des trésors inestimables que Jésus place sur notre chemin (Cf. Mt 13, 44-46) ! Pourtant, ils le sont.
Chacune de ces trois affirmations dessine un chemin pour devenir disciple de Jésus. Chemin d’itinérance (1re affirmation), chemin à contre-courant (2e affirmation), chemin priorisant les dépourvus de tout (3e affirmation) et non ses proches. Difficile d’avoir des exigences plus grandes que celles-là !
Ces trois affirmations ou dangers ne visent qu’une chose : laisser agir Dieu plutôt que d’agir pour Dieu. Laisser-faire Dieu et non pas faire pour Dieu. Il y a une grande différence entre que ta volonté soit faite et que la volonté de Dieu se fasse en nous (St Thomas d’Aquin). Il y a de la résistance à s’effacer devant la volonté de Dieu plutôt que de nous occuper que Dieu seul prenne soin de nous.
Ils sont rares aujourd’hui ceux et celles qui acceptent de mourir totalement, de mourir à fond à eux-mêmes. Renoncer totalement à soi-même pour se donner totalement à Dieu exige une vie mystique d’une profondeur abyssale. Il n’y a rien de confortable à marcher ensemble avec Jésus. Soyons vrai. Nous recherchons plus le minimun d’oubli de soi que le maximun.
Nous sommes fascinés par des attractions pour d’autres que Dieu. Par nos veines gloire. Jean de la Croix reconnaît que nos appétits nous attachent vers le bas. Nous voulons Jésus, nous désirons aussi la possession, les biens. Nous agissons comme s’il y avait un autre trésor à rechercher que d’être fils de Dieu, que de vivre comme Jésus qui a pleinement vécu ces trois petites affirmations dont parle Luc.
À votre contemplation. Comment sortir de ces trois impasses ? Saint Paul nous en donne l’unique clé : mettez-vous à plein au service des autres (cf. Ga 5, 13). AMEN.